«Le meilleur latéral droit du championnat suisse, Keigo...», «le numéro 5, le général, Gaël...» Les supporters du Servette FC ont eu droit à une présentation des joueurs d'une sincérité et d'une force tout simplement exceptionnelles dimanche. Les plus attentifs ont reconnu tout de suite la voix de l'homme en cabine: Fantin Moreno, le fameux journaliste et animateur de Couleur 3. Énorme fan du Servette FC, ce «gamin des Charmilles» a réalisé un grand rêve de gosse: enflammer le Wankdorf le jour d'une finale de Coupe de Suisse. À peine remis de ses émotions, trois jours plus tard, il revient, pour Blick, sur ce grand moment de sa vie.
J’ai un ami qui est allé au match. La première chose qu’il m’a dite: «Le speaker était simplement génial. Il a littéralement mis le feu aux tribunes.»
Ça fait super plaisir. Je n’avais qu’une chose en tête – que les fans genevois se sentent à la maison. Ce qui est drôle, j’avais Fabio Degli Antoni juste à côté de moi, le speaker de Lugano. On est les deux tout aussi passionnés. Il tremblait comme je tremblais. C’est un collègue de la RSI, donc vraiment, aucun combat de coqs. Grosse rivalité sur le terrain et en tribunes, mais elle s’arrêtait au pas de la cabine.
Pourtant, si l’on s’adresse au fan, l’ambiance de cette partie était spéciale, celle d’une finale de Coupe de Suisse…
J’avais déjà été emporté par certains gros matches. Des barrages, des matches de promotions contre le LS, Bellinzone aussi. L’ambiance était folle. La différence principale, c’est que nous étions ici pour gagner un titre. Et pas chez nous.
Et comment tu l’as géré?
J'étais complètement mort de stress. Pas de parler dans un micro ou de mon travail de speaker. Juste stressé que Servette perde. Je ne pensais qu’à ça tout le temps. En boucle. Mais quand j’ai vu et entendu la tribune me répondre, des familles entières reprendre mes lancements... C’était sûrement une des émotions les plus fortes que j’ai vécues.
Aussi parce que tu es un grand fan de football?
Hyper passionné. Chaque week-end, je suis les grands championnats européens. Je me retrouve même à regarder des matchs de Challenge League. Ce qui peut paraître bizarre pour une personne saine (rires). Mais pour Servette, il y a une dimension particulière. Je vais au stade depuis que je suis tout petit, ça fait des années que je suis abonné…
Petit, tu suivais déjà le SFC?
La première fois que je suis allé au match, j’avais 8 ans. Je m’en souviens: un vieux 0-0 contre Grasshopper au Stade des Charmilles (Servette y a joué jusqu’en 2002). Je vois encore un poteau d’Hakan Yakin. Un mois plus tard, ils terminaient champions de Ligue nationale A. C’était en 1999. Trois ans plus tard, en 2002, je jouais du tambour avec les Cadets de Genève pour l’inauguration du nouveau stade. J’y ai vécu des trucs sombres. Les faillites, avec en 1re ligue des déplacements à Naters ou Köniz. Des affiches impossibles. Tous ces moments, ils sont sortis au micro dimanche après-midi.
Ça s’est traduit comment?
Tout de suite après les annonces officielles, quand il a fallu parler à nos supporters, j’ai commencé à hurler dans la cabine. Toute l’équipe technique d’YB se marrait.
Les tirs aux buts devaient être mémorables…
Cinquième tireur de Lugano. Balle de match. J’étais à l’extérieur de la cabine à ce moment-là. J’y suis retourné pour préparer mon intervention de défaite… Et là, Sabbatini s’avance et envoie la balle sur Pluton! Une balle à côté de celle de Sergio Ramos (Real Madrid – Bayern Munich. demi-finale de la Champions League 2012). Depuis là, j’ai refait le même procédé à chaque balle de match. Je regarde le tir debout depuis la tribune, balle de match, je m’assois et prépare l'annonce de la défaite.
En tant que fan de sport à Genève, tu es plutôt épargné par les défaites ces dernières années: La National League, La Champions Hockey League et maintenant la Coupe de Suisse…
C’est vrai (rires). Je commence à saouler mes potes non-genevois. Je suis contraint de m'excuser de notre succès. C’est une situation que je n’aurais jamais imaginée. Je suis de la génération qui a connu les présidents mégalos, les descentes et les galères administratives. J'ai vraiment ce feeling de réapprendre la sensation d’un Servette FC qui gagne. Ça fait du bien, il y a un vrai switch qui s'est fait dans la population. Il y a 20 ans ce n'était pas la mode de suivre Servette. C'était un peu un truc de vieux con. Aujourd’hui, tu croises plein de jeunes qui portent le maillot de Servette.
Maintenant que tu as l’expérience d’un champion, quel conseil pourrais-tu donner à tes collègues Blaise Bersinger, Thomas Wiesel aux autres fans du LS…
On se tire la bourre depuis des années sur Servette et Lausanne. Plutôt que leur conseiller que faire, j’aimerais juste leur dire: «Tenez le coup les gars. C’est pas évident d’être fan du LS ces derniers temps.»
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |