100e match de Ludo Magnin au LS
«La promotion, personne ne peut me l'enlever»

Ce dimanche face à Zurich, Ludovic Magnin va vivre son 100e match à la tête du Lausanne-Sport. L'entraîneur vaudois se confie sur l'importance de cette marque et partage aussi quelques souvenirs depuis son arrivée à la Tuilière. Interview.
Publié: 07.12.2024 à 09:39 heures
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Dernière mise à jour: 07.12.2024 à 10:42 heures
Ludovic Magnin va vivre son 100e match avec Lausanne ce dimanche.
Photo: keystone-sda.ch
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Matthias DavetJournaliste Blick

Parler à Ludovic Magnin est toujours une bouffée d'air frais. Et ce, même si l'entraîneur du Lausanne-Sport est arrivé à 2h30 du matin la veille depuis Winterthour, là où son équipe vient de se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe de Suisse.

Quand bien même l'horloge de la Tuilière n'a pas encore sonné midi, le coach pétille et s'amuse à faire blagues sur blagues. Tout va bien du côté du LS, qui enchaîne les bons résultats dernièrement. De quoi fêter le 100e match de Ludovic Magnin à sa tête de manière sereine, dimanche face à Zurich. Interview avant cet anniversaire.

Ludo, tu as prévu de sortir le costard ce dimanche?
Non, non. On est encore loin des 11'000 spectateurs (ndlr: le club a promis que son entraîneur en mettrait un si l'affluence atteignait ce nombre face à Zurich).

Même pas pour ton 100e match?
Ah! Non plus. Le costard-cravate, je le mets uniquement lorsqu'on joue une Coupe d'Europe. Je faisais déjà comme ça à Zurich. C'est important, car tu représentes ton club au niveau européen. J'ai toujours apprécié voyager en costume, que ce soit avec l'équipe nationale ou les grands clubs dans lesquels j'ai évolué. Ça change un peu l'approche du match. Je le ferai avec plaisir si on atteint la Coupe d'Europe avec Lausanne – mais on ne va pas s'enflammer non plus, le chemin est encore long.

Donc même si vous faites la finale de Coupe, tu n'en enfileras pas un?
Ça ne suffit pas, il faut la gagner. On a des possibilités mais il y a beaucoup de points d'interrogation d'ici la fin de la saison: des éventuelles blessures, suspensions ou départs au mercato hivernal. Savourons ce qu'il se passe actuellement mais ça fait trop longtemps que je suis dans le football pour savoir que tout peut basculer très vite.

Justement, ça fait longtemps que tu es dans le football, mais aussi à Lausanne. Qu'est-ce que cette marque de 100 matches t'inspire?
Si j'arrive à faire 100 matches partout où je vais, c'est très bien (ndlr: il avait atteint 108 rencontres avec Zurich). À Altach, je m'étais arrêté à 13 mais c'est différent car je suis parti de moi-même. De manière globale, cela montre aussi que l'entraîneur ne se résume pas à gagner ou perdre. Il faut aussi gérer les moments difficiles et faire un travail sincère. Les gens qui décident de ton destin doivent voir que tu travailles dur tous les jours. C'est pour cela que j'ai toujours été dans des clubs où la direction est très proche. C'est le plus important.

Mais pas que.
Je ne vais pas le cacher: à Lausanne, je suis à la maison. J'ai grandi ici et je suis revenu à mes racines. Je vois tous les jours quelqu'un ou quelque chose qui me rappelle mon enfance. Je ne pouvais pas rêver mieux pour ces trois dernières années.

C'est à Bellinzone, en juillet 2022, que Ludovic Magnin avait vécu son premier match officiel sur le banc du LS.
Photo: Martin Meienberger/freshfocus

Tu parles des moments difficiles. Est-ce qu'à un moment, il y a eu des doutes au LS?
Non, pas des doutes. La première saison, on a surtout joué les résultats pour monter. Puis, ça a été une évolution du style de jeu mais ça ne suivait pas d'un point de vue comptable. Il faut avoir les épaules larges à certains moments difficiles pour tenir. Il y a quelques mois, les supporters demandaient ma tête après un match face au SLO. Il faut l'accepter et l'encaisser. Heureusement, la direction était professionnelle et je n'ai jamais senti que des gens doutaient de moi à l'intérieur du club. C'est très valorisant et je ne peux que les remercier parce que sans eux, je ne serais plus là.

Ton 100e match sera contre Zurich. Un joli hasard face à un club que tu as également entraîné 100 fois.
C'est la vie. Mon dernier match en tant que joueur, c'était contre Echallens en Coupe de Suisse. J'ai une histoire avec le football qui est particulière. C'est spécial de jouer contre Zurich pour mon 100e. J'ai fait 10 ans de ma vie là-bas, c'est un club qui m'est très cher – mon deuxième après le LS. Revoir Ancillo Canepa – celui qui m'a donné ma chance en Super League comme jeune entraîneur –, c'est chouette. Ce n'est pas une boucle qui se ferme parce que j'espère encore entraîner longtemps mais c'est un clin d'œil du destin sympa.

Sur ces 100 matches, lequel est ton préféré?
Au niveau des émotions, c'est le match de la promotion à Aarau. C'était l'aboutissement du premier objectif. C'est la première fois que j'avais réussi quelque chose au Lausanne-Sport, que j'avais atteint un objectif avec mon club de cœur. Il va rester spécial. Personne ne peut me l'enlever.

«La promotion à Aarau, personne ne peut me l'enlever.»
Photo: Marc Schumacher/freshfocus

Et le pire?
Le 4-0 à Sion. Il n'y avait vraiment rien au niveau du jeu. C'était le pire match de nos trois ans.

Selon toi, quel est le plus beau but que ton équipe a inscrit sous ta direction?
(Il réfléchit) C'est difficile. Je pense qu'on peut en mettre plus mais on a aussi marqué de beaux buts. Rien que jeudi soir à Winterthour – les trois réussites sont super bien jouées. Les buts contre Zurich en Coupe de Suisse ont rendu cet après-midi de septembre 2022 extraordinaire. Il y a aussi des goals qu'on a marqués en partant du gardien. Chaque réussite a un aboutissement différent suivant l'angle que tu prends.

Quel joueur t'a le plus impressionné sur cette période?
Le jour où je n'entraînerai plus Lausanne, je te le dirai (rires). Tant que j'ai un vestiaire à gérer, je ne vais pas le révéler. Mais ce qui fait la force d'une équipe, c'est que les joueurs sont différents.

On sait que ton papa est connu pour ses phrases cultes prononcées en causerie d'avant-match. Est-ce qu'il y a aussi des sorties que tu as pu faire que tes joueurs reprennent aujourd'hui?
Il faut leur demander. Je pense qu'ils m'imitent – car moi aussi j'imitais mon coach quand j'étais joueur. Olivier Custodio et Raoul Giger sont là depuis le début et doivent avoir quelques anecdotes. J'ai fait deux-trois choses dans mes théories… Mais voilà, vous connaissez mon papa et ses théories mythiques. Je les adapte à la Super League avec toujours comme objectif d'être sincère et de toucher les gens. Contrairement à mon père, je n'utilise pas forcément le terme «clown» pour désigner mes joueurs mais je leur fais sentir qu'ils s'en rapprochent (rires).

La victoire face à Zurich en Coupe, alors que Lausanne évoluait en Challenge League, reste l'un des plus beaux coups du LS sous l'ère Magnin.
Photo: keystone-sda.ch

Est-ce qu'il y a une anecdote improbable que tu peux nous raconter sur ces dernières années?
(Il réfléchit, puis sourit). La plus belle, c'est quand on est parti avec le car pour jouer à Saint-Gall. Il y avait un témoin lumineux sur le tableau de bord et j'ai demandé au chauffeur – qui n'était pas celui que nous avions d'habitude – si c'était normal. Il me dit qu'il n'y a pas de problème. Sauf que c'était un problème sur les pneus et le lendemain, on a dû rentrer avec le bus de Saint-Gall car notre bus était à plat et il n'y avait pas de roue de secours. Ça m'a rendu fou sur le coup. Heureusement, depuis, on s'est professionnalisés sur ce genre de choses.

Ça fait 100 matches que tu es à la tête du LS. Te vois-tu devenir le Sir Alex Ferguson de la Tuilière?
Je ne me pose pas trop ce genre de questions. En tout cas, je suis très heureux à Lausanne – et même quand ça marchait moins bien. Il faut accepter quand les supporters veulent me mettre dehors. Pour que je quitte Lausanne, il faudrait que le club me sorte ou qu'il y ait une très grosse offre. Pour le moment, je ne me vois pas du tout ailleurs. De voir que le projet commence à prendre forme, ça donne de l'énergie et de la motivation.

On se revoit dans 100 matches alors?
Volontiers!

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
19
6
32
2
FC Bâle
FC Bâle
19
21
31
3
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
19
9
31
4
FC Lucerne
FC Lucerne
19
3
30
5
Servette FC
Servette FC
19
2
30
6
FC Zurich
FC Zurich
19
0
30
7
FC St-Gall
FC St-Gall
19
6
26
8
FC Sion
FC Sion
19
3
26
9
Young Boys
Young Boys
19
-4
24
10
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
19
-9
18
11
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
19
-13
17
12
FC Winterthour
FC Winterthour
19
-24
14
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