Ce choc entre la France et l’Allemagne (victoire 1-0 des Bleus) n’avait pas besoin de ça pour animer les discussions autour du café matinal. Tous les éléments étaient réunis pour qu’on reparle encore longtemps de ce premier choc de l’Euro: des décisions arbitrales discutables, deux buts annulés par le VAR, un auto-goal, un match d’une intensité folle et un drame évité de peu.
Ce n’était visiblement pas suffisant pour «L’Équipe» qui n’a clairement pas levé le pied au moment de titrer son journal du lendemain. «Comme en 18», la une va mettre le feu à tous les cafés de France et de Navarre.
La première référence qui saute aux yeux est celle de l’année 1918, date de la fin de la première Guerre mondiale. La guerre de 14-18 a fait environ 10 millions de morts, rien que du côté des soldats. La «Der des Ders» avait pris fin avec la victoire de la France et des Alliés sur l’Allemagne et les Empires centraux. Dans le langage commun, l’expression «c’est reparti comme en 14» est utilisée pour signifier «ça recommence».
Le fond mais pas la forme
La deuxième référence du quotidien, sportive cette fois, est à chercher dans le succès des Bleus à la Coupe du monde 2018. Clinique, défensive et solide, l’équipe de France avait remporté la plus belle des compétitions il y a trois ans. Non sans s’attirer les critiques des amateurs du beau jeu.
La comparaison entre cette équipe championne du monde en titre et celle qui a battu les Allemands dans l’Allianz Arena mardi soir tombe sous le sens. Ces Bleus ont gardé les mêmes ingrédients et la recette est toujours aussi indigeste pour leurs adversaires.
C’est le troisième match consécutif où les joueurs de Didier Deschamps affichent moins de 40% de possession de balle, selon «The Analyst». Les deux précédents? On vous le donne dans le mille: la demi-finale du «seum» (contre les Belges) et la finale (contre la Croatie) au Mondial russe.
Le site spécialisé dans les statistiques avancées apporte encore une précision intéressante concernant les «expected goals». Ces «buts attendus» (en français dans le texte) sont quantifiés par la probabilité qu’un tir finisse au fond. Mardi soir, les Français n’ont cumulé que 0,3 «but attendu», contre 1,1 pour des Allemands bien mal payés. Ce chiffre est l’un des plus bas dans cet Euro après la première ronde (22e sur 24 équipes). Seules la Russie et la Hongrie ont fait «pire». L’efficacité des joueurs tricolores est impressionnante.
Comme en 2010
«Et à la fin, c’est la France qui gagne» pourrait devenir la nouvelle réplique des perdants déconfits dans le football. Les Bleus ont remplacé la «Mannschaft» dans l’adage légendaire de Gary Lineker. Un audacieux tacle glissé (et réussi) par Laurent Favre dans les colonnes du Temps avant le match de mardi soir.
Quelques heures et une victoire plus tard, «L’Équipe» s’est lancée dans une intervention nettement plus musclée. A cause de ce titre guère épais, on ne parlera plus que de ça (ou presque) durant la journée. Dommage, y avait tant à dire pourtant sur ce passionnant France – Allemagne.
À la Coupe du monde 2010, le quotidien parisien avait déjà suscité une polémique énorme en affichant en «une» les insultes qu’aurait proférées Nicolas Anelka au sélectionneur de l’époque, Raymond Domenech de l’époque.
«Tout, tout a continué»
La première version de mon article, revu et corrigé après la découverte de cette «une» belliqueuse, était chapeautée par un titre aux échos musicaux. «Non, non, rien a changé», chantaient les Poppys. En effet, «tout a continué» depuis 2018 avec ces Bleus. Mais la trêve, ce n’est visiblement pas pour tout de suite.