L'humour, c'est forcément subjectif. Surtout avec les Anglais. Mais les réactions sur l'annonce de transfert de Zeki Amdouni à Burnley pour cinq ans semblent être assez unanimes: la gêne prédomine. Et pour cause. Afin de communiquer l'arrivée du joyau genevois du FC Bâle, le club du Nord de l'Angleterre a sorti de son chapeau un concept pour le moins surprenant: les TéléTubbies.
Cette émission pour les jeunes a amusé (ou terrorisé, c'est selon), les enfants entre 1997 et janvier 2001. Zeki Amdouni, né en décembre 2000, n'avait qu'un mois lors du dernier épisode de la saga tripée dans un pays imaginaire. L'attaquant de l'équipe de Suisse y apparaît à l'intérieur d'un téléviseur greffé sur le ventre de l'un des personnages (Tinky Winky) et annonce son excitation de rejoindre Burnley. Savait-il ce qui l'attendait à cet instant? Pas sûr.
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Les réactions sur les réseaux n'ont évidemment pas tardé après la publication de cette vidéo. La majorité semble n'être que moyennement convaincue. «Amdouni devrait porter plainte», «On a trouvé la pire annonce de transfert de tous les temps», «Burnley devrait perdre de points pour ça ou carrément être relégué». Certains semblent touefois apprécier la créativité de l'équipe en charge des réseaux sociaux. Mais une question revient fréquemment? Le club anglais a-t-il manqué de respect à son futur joueur?
«Je n'ai pas compris ce choix»
Ludovic Chenaux est fondateur de l'agence de communication «Up To You». Son entreprise gère notamment les canaux de diffusion de Fribourg Gottéron. Le retentissement est forcément moindre dans le marché suisse, mais les réflexions sur les annonces de joueurs ont aussi lieu dans les bureaux de la structure romande. «Le sport suisse suit la même évolution, constate-t-il. Même si les moyens sont différents, il y a une vraie volonté de proposer des contenus cools pour les supporters.»
Confronté à la vidéo de Burnley, il rigole. «J'ai commencé par me dire qu'il y avait un concept derrière. Un TéléTubbies s'appelle-t-il Zeki? Ont-ils un thème sur les dessins animés cet été? Et finalement, je n'ai juste pas compris ce qu'ils ont voulu faire. Et le pauvre Amdouni est très mal à l'aise. C'est gênant du début à la fin.»
L'entrepreneur n'est pas contre l'humour dans les vidéos d'annonce. Bien au contraire. «Mais il faut que le gars joue le jeu. Avec Fribourg Gottéron, si tu as un bon client comme Killian Mottet, c'est plus facile de faire quelque chose de décalé. Nous partageons toujours les concepts et en général ils trouvent cool. Pour Amdouni, c'est difficile. Il débarque en Angleterre et ne parle pas bien la langue. J'imagine qu'il n'a pas vraiment dû avoir son mot à dire. Des joueurs plus anciens auraient probablement refusé que ça sorte.»
«Tout le monde en parle»
Et malgré toutes les remarques négatives et les questions que cela suscite, Ludovic Chenaux donne tout de même un bon point à Burnley: «Cela fait causer. Depuis hier, énormément de monde a dû regarder cette vidéo alors que personne ne connaît vraiment ce club néo-promu en Premier League. J'attends de voir si le concept de dessins animés sera reconduit lors d'une prochaine annonce. Cela pourrait au moins faire sens.»
Le spécialiste en communication est d'ailleurs friand de ces thématiques au long cours. «L'OM joue la carte de la Grèce antique, par exemple. Et durant toute la saison, les contenus ont un graphisme reconnaissable. Cela marche en général très bien. Plus proche de chez nous, j'aime bien le travail de Genève-Servette en hockey sur glace. Durant une saison, ils ont joué sur les affiches de film pour chaque match. C'était super. En foot, le club genevois vient de sortir une vidéo très propre. On voit que les fans du club apprécient.»
Pas sûr que les fans de Burnley ont eu le même enthousiasme. «Ce n'est pas forcément le cas, tempère Ludovic Chenaux. Le sport est un milieu très émotionnel. Les partisans vont généralement aimer ce que fait leur club et détester ce que font les autres clubs. C'est parfois frustrant, d'ailleurs. Je peux même imaginer que certains supporters de Burnley ont trouvé ça cool, car c'est leur club.»