Les contacts entre le FC Sion et Pablo Iglesias remontent à plusieurs mois. Le club valaisan a officialisé ce samedi la venue du Vaudois en tant que «directeur du football», «un poste fraîchement créé». Bien connu du public romand, celui qui est aussi consultant pour la RTS est déjà à pied d’œuvre. Il aura pour mission «de poser des bases saines pour la nouvelle saison» renforçant le lien entre la relève et la première équipe.
Pablo Iglesias a été directeur sportif du Lausanne-Sport entre 2018 et 2020, aidant à l’éclosion de plusieurs talents vaudois comme Andi Zeqiri, Dan Ndoye, Cameron Puertas, Gabriel Bares ou encore Isaac Schmidt. «Cette faculté à repérer les jeunes joueurs à fort potentiel sera un énorme atout pour l’ensemble du football valaisan», s’est réjoui le FC Sion dans un communiqué.
Le nouveau directeur du football a expliqué à Blick les raisons qui l’ont poussé à rejoindre Christian Constantin à la Porte d’Octodure. Un contexte animé ne lui fait pas peur. Au contraire.
Généralement les employés ne restent pas longtemps en place au FC Sion. Pourquoi avoir malgré tout signé en Valais?
Je ne serai pas entraîneur (rires). D’abord, il y a le poste en lui-même et la liberté qui m’est accordée. Ensuite, je dois avouer que j’étais curieux. Tout le monde à son avis sur Sion de l’extérieur. Je voulais découvrir le club de l’intérieur. Jusqu’à maintenant, j’ai œuvré dans l’institutionnel, avec l’ASF ou l’Association vaudois, et des propriétaires étrangers, comme Ineos ou Waldemar Kita à Lausanne. Ce sera la première fois que je pourrai travailler avec une présidence locale. À Sion, le management est patriarcal, vertical. C’est Christian Constantin qui prend la décision finale. Ce qui est logique parce que c’est lui qui prend le risque économique et il l’assume. Je me réjouis d’apporter mon expérience, dans un rôle nouveau. Mon travail va commencer par les fondations, c’est-à-dire par la formation.
Vous n’appréhendez pas la gestion impulsive de Christian Constantin?
La première fois que j’ai été licencié en tant qu’entraîneur de Super League (ndlr: à Lausanne, en 2003), le premier appel que j’ai reçu, c’était CC. 15 ans plus tard, quand j’ai été remis en question à la direction sportive du LS, c’est encore Christian qui m’a téléphoné en premier. Cette année, j’étais en contacts avec plusieurs clubs de Super League. En février, Christian a passé la vitesse supérieure. On s’est rencontré deux ou trois fois et on avait l’impression qu’on travaillait déjà ensemble. J’apporte un regard nouveau, alors que d’autres ont déjà un vécu avec lui. J’aimerais qu’il puisse se rendre à Tourbillon sans stress, simplement pour vivre les matches et partager des émotions positives. Depuis plusieurs saisons, trop souvent, il n’a pas pu bénéficier de tout ce qu’il a investi.
On annonçait une nouvelle ère avec Gelson Fernandes et Massimo Cosentino l’été dernier. Cela n’aura duré qu’une année. Ça ne vous inquiète pas?
Non, tout d’abord parce que Barthélémy Constantin a beaucoup travaillé pour la saison suivante et qu’il continue de le faire. Si cela n’a pas fonctionné pour eux à Sion, il doit y avoir de nombreuses raisons que je ne maîtrise pas. C’est comme dans un mariage: si on divorce, ce n’est jamais la faute d’une seule personne. En ce qui me concerne, je suis concentré sur l’avenir. J’ai pu consolider ce qui se fait déjà de bien en Valais pour encadrer la relève. J’ai rencontré des gens fantastiques, passionnés par leur club. Ils vivent pour le FC Sion.
Directeur du football, ça veut dire quoi?
C’est une fonction qui lie, de manière significative et concrète, l’équipe professionnelle au secteur de formation. En définissant notamment une politique sportive et une méthodologie de travail commune. Mais attention! Je n’arrive pas avec une baguette magique et ce rôle nécessite du temps. J’aurai besoin de la complicité sans faille de Christian Constantin, en termes d’objectivité et de sérénité. Ce qui passera par une réorganisation du domaine sportif, de manière à ce que chaque collaborateur sache exactement à qui s’adresser selon son besoin et surtout ce qu’il a à faire pour le bien de l’institution. Le Valais a de vrais atouts à faire valoir en termes de jeunes mais aussi d’entraîneurs, il suffit de croire en leur potentiel et compétences.
Les jeunes valaisans sont encore rares en première équipe à Sion.
Introduire des joueurs issus de la relève valaisanne et suisse, ce sera justement l’un de mes objectifs. À terme, on veut constituer un effectif plus équilibré en termes de profils. Aujourd’hui, il y a de très bons éléments mais qui ne sont pas forcément complémentaires. On ne veut plus avoir cette image extérieure d’Eldorado pour certains agents et mercenaires.
Est-ce que vous avez des exemples à suivre en Europe?
Je viens de rentrer d’un stage à Villarreal où j’ai été très bien accueilli. J’ai pu mesurer comment un club et une petite ville de 50’0000 habitants ont pu se qualifier en demi-finales de la Ligue des champions. Ce succès, ce n’est pas le fruit du hasard. Le terreau à Vila-Real a quelques similitudes avec le Valais et le FC Sion. Le club est aussi dirigé par un président et son fils, avec un petit bassin de population et une vraie passion pour le football.