«Avec le projet FC Sion 2030, j'en reprends encore pour dix ans», annonce, sourire en coin, Christian Constantin. Il faut dire que le dirigeant sédunois a de quoi être heureux: son FC Sion disposera d'infrastructures neuves d'ici à 2029 pour autant que le processus aille à son terme.
De quoi voir l'avenir avec sérénité. Même s'il reste tout de même à savoir si le nouveau stade de Tourbillon arrivera sous une forme rénovée ou flambant neuve. Chose qui sera décidée d'ici à la fin de l'année 2024, selon le calendrier politique.
Constantin veut un stade neuf
Mais pour «CC», la seule solution viable serait la construction d'une nouvelle enceinte. «Notre contrat actuel avec la ville prend fin en juin prochain, mais l'ancien président de la ville, Marcel Maurer, me disait déjà avant de partir qu'en 2026, il faudrait être en route avec un projet de nouveau stade, explique-t-il. Notre enceinte aura 60 ans dans cinq ans, ce qui est la durée de vie de ces infrastructures.»
«Le stade actuel permet de recevoir des compétitions, mais il a une obsolescence économique, ajoute Philippe Varone, président de la ville de Sion. Il ne permet pas de dégager suffisamment de revenus pour un club et le maintien de l'infrastructure. Tous nos intérêts sont communs et nous pouvons faire quelque chose d'intéressant avec une vision novatrice.»
Frédéric Favre n'est pas du même avis
Très habile avec les chiffres, Constantin a expliqué pour quelle raison le scénario du neuf, plutôt que celui de la modernisation, est plus viable financièrement. «Si la rénovation est meilleure, on serait cons de payer 150 millions pour du neuf plutôt que 30 pour une modernisation, mais je n'y crois pas. À Lugano, ils ont dû mettre huit millions pour payer la période transitoire en attendant le nouveau stade du Cornaredo. À Berne et à Bâle, cela leur avait couté une quinzaine de millions pour le stade transitoire, plus dix à douze à la ville pour leur soutien au club. Cela veut dire que sur trois ans, ils ont pratiquement mis 40 millions dans le vide,» explique CC.
Vision que ne partage toutefois pas Frédéric Favre, chef du Département de la sécurité, des institutions et du sport. «Je ne suis pas d'accord avec Christian, mais nous amèneront les informations au Grand Conseil sans doute l'année prochaine et nous verrons. Quoi qu'il en soit, je ne suis ni pour, ni contre. Il ne faut pas penser que nous allons créer une «Loi Constantin», c'est la même chose pour tous les sports. Cela s'est passé de la même manière avec le HC Viège et sa Lonza Arena par exemple. Nous soutiendrons Crans Montana, avec son aire d'arrivée, et le FC Sion sans différenciation.»
«Je vais mettre entre 120 et 130 millions»
Ce projet représente également l'aboutissement de longues années de réflexions et d'essais pour le président du FC Sion, mais aussi le dernier du dirigeant. «Je ne suis pas éternel, sourit-il. J'ai toujours rêvé d'un nouveau stade et en 1997, avec l'arrivée de la Ligue des champions, je voulais le faire avant Bâle et Berne, mais je n'ai pas pu. Il a ensuite fallu douze ans pour avoir un match de Coupe d'Europe à Sion. Avec Marcel Maurer et Philippe Varone, nous avons ensuite pu ramener les équipes nationales aussi, même si c'est limite.»
Pour voir son nouveau stade sortir de terre, le président du FC Sion est prêt à mettre la main au portefeuille. «Il faut mettre en place un patrimoine immobilier, qui est estimé à 300 millions, qui puisse soutenir l'activité sportive, car le mécénat disparait petit à petit, explique-t-il. Je vais mettre entre 120 et 130 millions, sans compter les 30 nécessaires au maintien de l'activité durant cette période. Et ce n'est pas une affaire dans laquelle tu gagnes de l'argent. Une fois cet argent mis, tu l'oublies ensuite.»
Un stade multifonctionnel très moderne
Sa nouvelle enceinte, Constantin l'imagine très en avance sur son temps et pas uniquement réservée à l'activité sportive. «Les nouveaux stades construits sont déjà trop vieux, lance-t-il. Le Real Madrid a dépensé une fortune pour leur système de plancher amovible. J'ai une autre idée, qui coûte bien moins cher, et qui n'a jamais vu le jour auparavant. Avec la technologie disponible, il y a des choses à faire. Je suis beaucoup plus loin avec cette idée et c'est normal, cela fait des années que j'y réfléchis. J'ai beaucoup discuté avec les responsables du Madison Square Garden et de Sion sous les étoiles, par exemple, pour savoir ce qui est bien à faire pour avoir une utilisation plus complète.»
Chose qui ravit Frédéric Favre. «Si on peut trouver des synergies avec le culturel et l'événementiel, je pense que nous sommes sur le bon chemin, estime ce dernier. Je ne suis ni pour et ni contre un stade neuf, j'ai besoin d'avoir les éléments nécessaires pour politiquement expliciter l'investissement. Nous devons arriver devant les commissions avec des éléments factuels.»
Mais l'important n'est pas là pour l'architecte de formation, qui voit en ce projet une façon d'apporter à la collectivité. «J'arrive à terminer ma carrière en laissant une académie à la jeunesse, un stade adapté à ce siècle et des soutiens pour pouvoir exploiter l'activité du football qui est une école de vie pour moi, se félicite-t-il. J'ai dû développer des choses par le passé qui m'ont permis d'être ici maintenant.»