Match amical contre Bulle
Un ultra lausannois défie «son» LS sur le terrain

Arthur Ndebele est latéral au FC Bulle, qui vient d'accéder à la Promotion League. Formé au Lausanne-Sport, il est aussi un membre actif du kop de la Tuilière. Ce mercredi, ses deux équipes s'affrontent en match de préparation. Blick l'a rencontré.
Publié: 05.07.2022 à 11:59 heures
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Dernière mise à jour: 05.07.2022 à 12:17 heures
Arthur Ndebele (à gauche, ici face à Frank Feltscher du FC Tuggen) a évolué au Lausanne-Sport jusqu'en M21.
Photo: Alain Schmitz
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Arthur Ndebele mène une double vie. Le jeune Vaudois joue pour le FC Bulle, au poste de latéral. Le défenseur vient de fêter une montée en Promotion League, troisième division du pays, avec son équipe.

Pourtant, son cœur bat aussi pour un autre club. Cet étudiant de 23 ans a été formé au Lausanne-Sport. Il en est surtout devenu un supporter ultra et membre engagé du kop.

Ancien coéquipier de Zeqiri et Puertas

Ce mercredi, le LS reçoit justement Bulle à la Tuilière en match de préparation (coup d’envoi à 19h30). On l’a rencontré à quelques jours de ce match particulier. «Quand l’affiche a été connue, j’ai reçu plein de messages de mes amis, s’amuse le joueur. Je me suis fait bien chambrer!»

Arrivé en M16 au Lausanne-Sport, Arthur Ndebele a été entraîné, entre autres, par Ilija Borenovic. Il a aussi eu comme coéquipiers des joueurs comme Andi Zeqiri, Isaac Schmidt, Cameron Puertas ou Dan Ndoye.

Pas de selfie avec les joueurs du LS

Alors, ça fait quoi d’affronter les joueurs qu’on supporte, et parfois invective, le week-end? «Ce qui va être spécial pour moi, c’est surtout de jouer sur le terrain de la Tuilière. J’avais déjà affronté le LS en amical avec Bavois en 2019. Je ne suis pas fasciné par l’équipe en elle-même. Je ne vais pas commencer à faire des selfies avec les joueurs. C’est le club, l’institution, que je défends.»

La saison dernière, les ultras et le Lausanne-Sport ont souvent été en opposition. «Sur ce point, je m’exprime à titre personnel, et pas au nom d’autres fans, précise Arthur Ndebele en préambule. C’était important de faire entendre sa voix. La lutte a abouti à des résultats. Les joueurs, les dirigeants et les propriétaires passent, le club et ses supporters restent. Les ultras en sont l’âme, et plus particulièrement lorsque les investisseurs sont étrangers. Les défenseurs de valeurs et d’une histoire commune qui se transmet de génération en génération. Peu importent les résultats et les événements autour du club, ils seront toujours là, à défendre l’institution.»

Combats pour de nobles causes

Les ultras n’ont habituellement pas bonne presse. Si leur présence transfigure les stades et fait vibrer le public, ils sont aussi associés à des débordements et des dégâts matériels.

«Les ultras ne sont associés qu’à la violence mais le mouvement, c’est beaucoup plus que ça, poursuit Arthur Ndebele. Personne n’en parle de ces bonnes actions, accomplies dans l’ombre. La violence, c’est probablement plus vendeur pour les médias. Pendant la pandémie, nombreuses ont été les tribunes du pays qui ont bénévolement aidé des personnes âgées ou qui ont mené en permanence des actions caritatives. Cela n’est pas mis en avant.»

À l’heure du football business et des structures multi-clubs, les ultras se placent aussi en garants d’un football populaire. Un exemple? Le prix des billets. «Il y a quelques années, le kop bâlois avait manifesté contre des tickets à 50 balles derrière les buts en finale de Coupe de Suisse, poursuit le joueur-ultra. De tels tarifs aussi sont violents et laissent certaines classes sociales en dehors des stades. Selon moi, le rôle des ultras, c’est aussi parfois la rébellion populaire, une manière de se faire entendre, lorsque le dialogue n’apporte rien et que nous n’avons pas voix au chapitre autrement. Le football doit rester accessible pour toutes et tous.»

De la concurrence au FC Bulle

Arthur Ndebele est posé. Ses mots sont choisis avec soin. Ses examens derrière lui, il n’a pas vraiment le temps de se reposer et doit déjà préparer la nouvelle saison avec le FC Bulle: «Avec le mercato, l’équipe s’est bien renforcée. Je vais devoir bosser et me battre pour avoir du temps de jeu mais je me réjouis d’évoluer en Promotion League.»

Arthur Ndebele (à gauche) fête la montée du FC Bulle en Promotion League avec ses coéquipiers.
Photo: Alain Schmitz

Le Vaudois en est persuadé: son activité d’ultra l’aide sur le terrain, comme en dehors. «Le monde du football est rempli d’egos surdimensionnés. En étant dans le mouvement, j’ai été sensibilisé à l’importance du groupe, plus précisément du collectif et de la solidarité que celui-ci implique. Je sais que si je ne suis pas titulaire, je dois transmettre de la force et des bonnes ondes à mes coéquipiers, pour qu’ils donnent le meilleur et poussent l’équipe vers l’avant.»

Ce mercredi, l’ancien joueur de l’équipe M21 du Lausanne-Sport défiera son club formateur. Il retrouvera même Thomas Castella et Olivier Custodio, avec qui il a évolué sous le maillot bleu et blanc. Et tous les autres joueurs qu’il a l’habitude de suivre depuis sa tribune.

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