De drôles de scènes ont lieu dans les stades helvétiques depuis bientôt une semaine. En effet, les supporters ultras, en réaction aux sanctions appliquées par les autorités pour endiguer les violences autour des stades, montrent leur mécontentement de façon inédite et coordonnée.
Il a tout d'abord été possible de voir la Ostkurve de Young Boys, pourtant interdite de stade face à Grasshopper, se trouver, en grand nombre, au-dessus d'un poteau de corner, à un emplacement inhabituel pour elle. Puis, les groupes de supporters ultras ont décidé d'agir de manière organisée cette semaine. Privés, eux aussi, de leur tribune habituelle mercredi, les membres de la Südkurve de Zurich se sont positionnés à l'opposé de celle-ci.
À quelques mètres seulement des fans du Lausanne-Sport ayant entrepris le déplacement. L'occasion pour tout ce petit monde de partager quelques bières avant la rencontre, mais aussi de manifester ensemble, à l'aide de banderoles. «Une réponse commune à vos sanctions collectives» est le message désormais visible dans tous les stades suisses.
Le FC Zurich montre aussi son mécontentement
Le FC Zurich est justement le premier club helvétique à ouvertement critiquer les sanctions collectives dites «en cascade». Et pour justifier sa prise de position, le club de la Limmat se base sur le droit suisse. «La fermeture du secteur D en tant que sanction collective n'est pas prévue par la loi, affirme la direction zurichoise dans un communiqué. Elle n'a pas de base légale.»
Et pour les dirigeants du FCZ, au-delà de la forme juridique, ces punitions sont contreproductives et pourraient mener vers une escalade de la violence. «Le blocage n'empêche pas que des personnes violentes puissent se réunir à l'extérieur du stade et commettre des débordements, rappellent-ils. Du point de vue du FC Zurich, l'interdiction pourrait même avoir l'effet inverse, en ce sens que des personnes se sentiraient provoquées par la sanction ou que des supporters jusque-là bienveillants pourraient se solidariser avec des personnes prêtes à recourir à la violence en raison de la sentence.»
Actions en justice prévues
C'est pourquoi le club et plusieurs des milliers de supporters, injustement punis, détenteurs d'abonnements de saison dans le secteur visé, vont faire recours auprès de la justice. «Si nous obtenons gain de cause, cela aura valeur de signal et les autorités devront revoir leur pratique», explique Ancillo Canepa, président du FC Zurich.
Tous les plaignants auront le soutien de Daniel Wipf et Manuela Schiller, célèbre avocate de fans. «Les sanctions collectives sont totalement disproportionnées», déclare-t-elle à Blick. De son côté, le Zurichois dénonce le caractère «punitif» des sanctions.
Le club demande en outre aux autorités «que les individus violents et enclins à la violence soient systématiquement identifiés et punis par les autorités compétentes dans le cadre de la poursuite des délinquants individuels». Le FC Zurich considère également «qu'il est contraire à la loi de se décharger de cette responsabilité sur les clubs».
«Je soutiens les supporters»
Ce vendredi soir, le FC Sion accueillait le FC Aarau à Toubillon (2-0). Et là encore, les supporters ultras des deux clubs ont montré leur mécontentement et prouvé que ces mesures sont absurdes et inutiles. «Ils ont raison de manifester, ils montrent leur mécontentement, réagit Barthélémy Constantin, directeur sportif du club sédunois. Pour nous, c'est important qu'ils soient là, dans le stade, et à la place où ils veulent être. Je ne suis pas d'accord avec les sanctions qui sont appliquées.»
Là encore, aucun souci dans les tribunes durant la partie. «Nous avons des discussions avec eux, nous sommes en très bons termes et il n'y a pas de problème, continue le dirigeant valaisan. Ils respectent les gens autour d'eux et tout se passe bien.» Le FC Sion était-il au courant de cette action en tribune? «Les choses sont anticipées, il y a souvent des réunions organisées, répond-il. Je soutiens les supporters.»