Samedi, le derby zurichois était animé, passionnant et divertissant. Cette 276e édition du «Classique» tenait toutes ses promesses. Une rencontre qui s’est terminée sur un match nul. Les deux équipes se sont quittées bonnes amies sur la pelouse.
Mais samedi, il n’y a rien eu de fraternel dans les tribunes. Avant même le coup d’envoi, les «fans» du FCZ et du GC se sont affrontés. Mais c’est surtout au terme de la rencontre que les choses ont dégénéré, lorsque des dizaines de personnes masquées – nous éviterons dorénavant le terme «fan» - se sont dirigées vers la piste en tartan puis vers le bloc des fans de Grasshopper sans être inquiétées le moins du monde.
Depuis la piste d’athlétisme, ces fauteurs de trouble ont lancé des fumigènes en direction du secteur adverse. Certains suiveurs de Grasshopper sont revenus à la charge. Au moment de l’arrivée des forces de sécurité, les hooligans du FCZ ont pu retourner dans leur secteur sans pouvoir être appréhendés.
Des abrutis
Des images qui n’ont rien à faire autour d’une manifestation sportive. Comme les ultras de GC ne sont souvent pas présents aux matchs à domicile, il y a aussi des familles avec des enfants dans le bloc attaqué. Les spectateurs des secteurs voisins ont également dû fuir à mesure que les fumigènes volaient. Inadmissible.
Ces scènes sont intolérables. Des gens paniquent à cause d’abrutis. Y a-t-il eu des blessés? On ne le sait pas encore. En tout cas, la communication est très prudente à ce sujet. Il va sans dire que toutes les personnes concernées condamnent ces incidents sans toutefois faire usage de la plus grande fermeté.
FCZ, GC et la Ligue s’expriment
Grasshopper, club qui était principalement responsable de la sécurité, a simplement écrit: «Nous attendons toujours les différents rapports afin de comprendre le déroulement exact des événements. […] Le danger pour les spectateurs, le personnel du stade et les joueurs est inacceptable.»
Le FCZ, qui est responsable de ses supporters, écrit en outre seulement: «Le club de la ville soutient la police pour identifier les malfaiteurs et les traduire en justice.» Ce qui, entre parenthèses, n’est rien d’autre qu’une évidence. Il aurait été ironique que le FCZ dise ne pas aider le travail de la police dans pareilles circonstances…
Déclaration du président du FCZ, Ancillo Canepa: «Il est décevant qu’un derby équitable et passionnant ait dû se terminer de cette manière. Ces soi-disant fans se font du tort à eux-mêmes, aux groupes de supporters et au FC Zurich». Oui, vous avez bien lu: «Décevant». Pour la fermeté, on repassera.
Seule la ligue est vraiment claire et manifeste un vrai mécontentement: «La SFL condamne avec la plus grande fermeté les incidents survenus après le derby de samedi soir entre le Grasshopper Club Zurich et le FC Zurich et regrette qu’un excellent match de football ait été assombri par le comportement irréfléchi et répréhensible d’un petit nombre d’individus qui, sous couvert d’un soi-disant mouvement de supporters, nuit ainsi au football suisse dans son ensemble. La SFL va ouvrir une procédure et s’attend à ce que les auteurs soient identifiés et interdit de stades.»
Virages fermés huis clos?
La ligue considère que le jet de fumigènes est particulièrement répréhensible, ce d’autant plus que le fait d’allumer ces feux d’artifice illégaux, dont la température dépasse les 1000 degrés et qui ne peuvent être éteints, constitue en soi une infraction pénale.
Les patrons de la ligue devraient s’attendre à ce que leur système judiciaire impose des fermetures de virages ou même des rencontres à huis clos. Et pourquoi pas des déductions de points? En France, Lille, Lens et Marseille ont été sanctionnés de la sorte – avec sursis pour le moment – après les récentes émeutes.
Billets personnalisés introduits?
Les incidents de samedi ont certainement donné un nouvel élan à la discussion sur les billets personnalisés. C’est un sujet récurrent au sein de la Taskforce pour la sécurité autour des matches de football. Ils existent déjà en Angleterre, en Italie et en Belgique. L’Italie était il y a quelques années le pire foyer d’émeutes dans les stades. Depuis, le calme est dans une certaine mesure revenu. Les fans ont été contraints d’accepter ces billets nominatifs. Ceux qui ne vont pas voir du football avec de mauvaises intentions s’y prêtent de bonne grâce. Et les autres ne mettent plus les pieds aux matches.
Et où y a-t-il eu des émeutes cette saison? En France, comme mentionné, et dans la 2e Bundesliga. Dans les deux pays, il n’existe pas de billets personnalisés. En parlant de la France, ils utilisent un moyen simple mais efficace pour empêcher les fans de quitter les secteurs de fans: des clôtures enroulables et pliables qui sont difficiles à escalader. En cas de panique générale, cependant, elles peuvent être retirées très facilement. Cette simple mesure aurait évité le chaos de samedi à Zurich.
Mais peut-être que cette débâcle fera enfin ouvrir les yeux aux dirigeants pour que des mesures fortes soient prises?