Dominique Blanc, tout d’abord, félicitations pour ce parcours historique. Vous avez été sur la route avec l’équipe nationale suisse pendant près de quatre semaines et avez parcouru environ 17’000 kilomètres pendant l’Euro, soit presque la moitié du tour du monde. Comment avez-vous vécu cette expérience?
C’était très exigeant pour nous tous, tant physiquement que mentalement. Mais notre équipe était déjà habituée après les championnats du monde au Brésil et en Russie, et s’était préparée en conséquence. Nous savions qu’il fallait constamment faire et défaire les valises.
Quel est votre meilleur souvenir?
Cette victoire sensationnelle contre la France. Les émotions, le déroulement du match avec tous ses espoirs, ses peines, ses hauts et ses bas. C’était inoubliable. C’était le match le plus beau et le plus fou que j’aie jamais vécu. Et puis la satisfaction d’être entré dans l’histoire: nous nous sommes qualifiés pour notre premier quart de finale depuis 1954.
Avec qui avez-vous fêté ça?
J’étais à côté du secrétaire général Robert Breiter et du président de la fédération française. Il était très fair-play: il nous a félicités en déclarant que notre victoire était bien méritée.
Mais tout n’a pas toujours été rose. Parcourons le tournoi dans l’ordre chronologique. Après les grosses cylindrées des joueurs, on a ensuite parlé du capitaine Granit Xhaka, qui s’est rendu chez le tatoueur malgré les avertissements de l’entraîneur. Qu’avez-vous pensé de cela à l’époque?
Granit a déjà expliqué qu’il avait fait une erreur. Il n’y a rien de plus à dire.
S’en est suivie la polémique sur le coiffeur qui a pris l’avion…
Toutes les équipes engagent des coiffeurs, c’est quelque chose de classique dans le monde du football. Après tout, nous avons vu un défilé de coiffures très différentes lors de cet Euro. Cette histoire et a été jugée sous des prismes différents selon les régions et les tranches d’âge.
La polémique portait plutôt sur le fait de prendre l’avion.
Il faut relativiser. Un ami de l’un des joueurs est venu à Rome pour couper les cheveux de quelques coéquipiers. Les règles liées au Covid ont été strictement respectées.
La Nati s’est ensuite inclinée 3-0 face à l’Italie. L’inquiétude était alors palpable pendant quelques jours, n’est-ce pas?
Il y avait trois types de critiques. Celles liées aux résultats, au manque d’engagement sur le terrain et à l’appartenance. Mais nous savions qu’il fallait garder la tête froide, vivre avec les critiques, changer certaines choses, mais pas non plus tout chambouler à cause d’elles. Toute la délégation avait le regard tourné vers le match décisif contre la Turquie.
La Suisse a battu les Turcs 3-1. Quelle a été la réaction des joueurs?
Les joueurs se sont assis ensemble après le match et ont discuté entre eux. Ils ont pris leurs responsabilités de manière exemplaire.
Quel a été l’impact des critiques sur les performances contre la Turquie, la France et l’Espagne?
Je suis sûr que la réaction de l’équipe et du staff après la mauvaise performance contre l’Italie aurait eu lieu même sans critique.
Qu’a fait Vladimir Petkovic dans cette situation?
Il est resté très professionnel, comme toujours. Concentré sur le football. Il a su éliminer toute perturbation possible pour que l’équipe puisse se concentrer.
Vous avez dit que Petkovic resterait, quoi qu’il en soit, l’entraîneur de la Nati. Qu’est-ce qui vous rend si sûr de vous?
Nous avons un contrat avec lui jusqu’à fin 2021 ou jusqu’après la Coupe du monde 2022 au Qatar si nous nous qualifions. Nous en sommes très heureux de l’avoir. Son cas ne suscite aucune discussion à l’interne.
Ça, c’est du côté de l’ASF. Et si lui désire partir?
Rien ne laisse entendre cela.
Lui-même a toujours esquivé les rumeurs concernant le Zenit Saint-Pétersbourg. Maintenant, il y a aussi des rumeurs qui le lient avec la Fédération russe.
Oui, il s’agissait et il s’agit toujours de simples rumeurs.
Lui en avez-vous déjà parlé?
Oui, de manière informelle. Nous avons bien ri.
Une offre réelle a-t-elle déjà été faite à son intention?
Non.
Vous attendez-vous à un afflux d’enfants qui commenceront à jouer au football?
Nous avons une augmentation des inscriptions après chaque grand tournoi. Cette année, ce serait particulièrement bienvenu. Car l’année dernière, à l’image des autres disciplines sportives, certains enfants ont abandonné à cause de la pandémie.
Qu’espérez-vous en termes de chiffres?
Une augmentation de 3 à 7%, ce qui signifierait autour de 10’000 enfants. Nous avons environ 150’000 joueurs de moins de 18 ans licenciés.
Il y a aussi le projet d’un centre d’entraînement pour l’équipe nationale. Quel est votre avis sur ce dossier?
C’est dans les tuyaux, mais l’étude de faisabilité a été ralentie en raison des mesures de réduction des coûts liées à la pandémie. Nous avons sept projets différents à l’étude dans différentes régions de Suisse. Nous espérons pouvoir approuver un choix en octobre 2022.
À l’automne, la Nati retrouvera l’Italie, potentielle championne d’Europe, lors des qualifications pour la Coupe du monde. Seule la première équipe du groupe sera directement qualifiée pour le Qatar.
L’objectif, comme l’a dit le directeur de notre équipe nationale Pierluigi Tami, est de se qualifier directement et de laisser l’Italie derrière nous.