À l’extérieur de la salle de presse, les supporters tapent sur les vitres pour fêter Murat Yakin. Derrière son pupitre, le sélectionneur prend peu à peu conscience du moment durant cette conférence de presse. Sa voix se serre par moments. Nommé cet été, le Bâlois a réussi une mission qui pouvait paraître impossible. La Suisse est qualifiée pour la Coupe du monde 2022.
Murat, qu’est-ce que cette qualification représente pour vous?
C’est un grand moment à titre personnel. Mais je le partage avec mon équipe. Nous nous sommes trouvés dès le premier jour. Le 1er août dernier, j’ai reçu cet appel de Pierluigi Tami (ndlr: responsable des équipes nationales). Dès le début, nous avons été en harmonie. J’en profite donc pour remercier la fédération pour leur confiance. J'ai la chance d'être à la tête d'une équipe fantastique. Je suis très heureux de pouvoir partager cette joie avec toute la Suisse.
C’est le plus grand moment de votre carrière?
Je dois encore réaliser. Quand on a appris que le match était fini à Belfast, l’équipe a célébré sur le banc. Je suis encore resté concentré sur la fin de notre rencontre. En arrivant dans le vestiaire, la fête avait déjà commencé. C’est génial de pouvoir vivre des moments pareils.
La première mi-temps était vraiment tendue, avec ce 0-0. Comment vous avez vécu ce moment?
Nous étions dans le coup, avons su nous procurer de nombreuses occasions. Il ne manquait que les buts. Cela nous aurait permis d’être un peu plus libérés. On suivait aussi le déroulé du match en Irlande du Nord. A 0-0, les jeunes nous demandaient souvent quel était le score. Je leur demandais de rester concentrés sur notre match. Ils l’ont fait. Nous avons laissé l’Italie derrière nous, personne n’y aurait cru il y a trois mois.
La Coupe du monde commencera dans à peine plus d’un an. Qu’est-ce que la Suisse peut espérer au Qatar?
Oui, on doit être patient. Il y a encore beaucoup de temps. Quand j’étais entraîneur de club, je devais penser au match qui suivait, trois jours après. Avec la sélection, je dois déjà me projeter à la fin 2022. Tout cela me paraît très, très loin.
La Suisse a réussi à se qualifier alors qu’il manquait de nombreux cadres. Qu’est-ce que le retour de Xhaka, Seferovic et les autres va changer?
Je veux avancer étape par étape. Je connais la force et le potentiel de mon équipe. Xhaka, Seferovic, et les autres joueurs absents sont des composantes importantes. En tant qu’équipe, nous avons beaucoup appris cet automne. Chaque défi doit nous permettre de franchir une étape. Cela a été le cas contre l’Italie par exemple. Je ne crois pas à la chance dans le sport, mais nous avons fait en sorte de provoquer cette réussite. Elle a été de notre côté notamment sur les deux penaltys de l’Italie.
Quelle est votre part dans cette réussite?
Il y a plusieurs éléments importants. Il ne faut pas oublier l’euphorie de l’Euro. Il faut respecter cela et le travail qui a été accompli [par Vladimir Petkovic]. Dans mon cœur, j’ai été habité par une profonde confiance dès le début, un bon sentiment. Nous avons su nous rapprocher les uns des autres. Nous avons réussi ensemble. Je ne suis qu’une pièce du puzzle. Sans le staff et les joueurs, cela n’aurait pas fonctionné. Les supporters, aussi, ont toujours été derrière nous. Ils ont été fantastiques. Je tiens à les remercier.
Votre premier contrat était lié à la qualification pour la Coupe du monde. C’est fait. Vous allez désormais prolonger et pouvoir ajouter un «0» à votre salaire?
(rires) Les détails de mon contrat, cela n’a jamais été la priorité. Mon salaire n’avait pas d’importance. J’étais surtout heureux de pouvoir prendre la tête de l’équipe. Pour le reste, on verra.