Jean-Kevin Augustin, ce monstre de muscles débordant de force, devient pensif lorsqu’il parle de la période la plus difficile de sa vie lors du camp d’entraînement du FC Bâle, au Tegernsee (ALL). Le Covid long est entré dans sa vie. Sa carrière semblait alors être terminée avant d’avoir réellement commencé.
«J’ai souffert pendant plus d’un an et demi. Je ne pouvais pas courir correctement. J’étais vite fatigué, même en marchant. J’ai suivi un traitement médical pendant longtemps. Je ne voulais plus jouer au football parce que je n’en étais plus capable. J’en avais fini», se souvient le nouvel attaquant du FC Bâle. Ses souffrances ont commencé il y a deux ans. Et ce n’est que grâce à sa famille et à ses amis que Jean-Kévin Augustin est parvenu à s’en sortir.
Besoin de confiance
Aujourd’hui, le jeune homme de 25 ans se sent à nouveau en forme. Et il est prêt à tenter à nouveau sa chance dans le monde du football. Il avait d’autres offres plus lucratives sur la table, mais à Bâle, il a eu un bon sentiment dès le début. «J’ai interrompu mes vacances pour rencontrer Alex Frei et David Degen. C’est important à mon avis. Le fait de se regarder dans les yeux, c’est une autre énergie que de se parler au téléphone.»
«Il a très faim. Il veut prouver à tout le monde qu’il en a encore les moyens», estime Alex Frei. Le fait que Jean-Kévin Augustin n’ait pratiquement pas joué ces deux dernières années et qu’il attend depuis plus de 30 mois de marquer un but n'inquiète pas outre mesure l’entraîneur du FCB: «Ce serait plus dramatique s’il avait déjà 30 ans, mais il n’en a que 25.» Selon Alex Frei, il y a beaucoup de joueurs qui ont pris une mauvaise sortie dans leur carrière. «Ce qui est important, c’est de l’aider à se remettre en route. Mais c’est à lui que revient cette décision». Il estime que son attaquant n’est actuellement qu’à 30% de ses capacités.
«J’ai faim et je veux jouer», souligne toutefois le principal intéressé. Avant d’ajouter que la confiance en soi est la chose la plus importante pour lui en ce moment.
Débuts avec Ibrahimovic
Chaque fois qu’il a eu un entraîneur qui a misé sur lui, tout s’est déroulé comme sur des roulettes. Ce fut le cas avec Laurent Blanc au Paris Saint-Germain (PSG). Jean-Kévin Augustin a fait ses débuts en équipe première à 17 ans. «C’était la demi-finale de la Coupe contre Saint-Etienne au Parc des Princes et j’étais assis sur le banc quand Blanc m’a demandé si ça me tentait de jouer au foot. Je n’ai presque pas osé dire oui, tellement j’étais timide.» Le Français est entré en jeu et a immédiatement offert un but à un certain Zlatan Ibrahimovic. «Au début, je voulais tirer directement. Mais Ibra a crié tellement fort en me disant de faire la passe…»
Après 31 matches officiels avec le PSG, Jean-Kévin Augustin est transféré pour seize millions au RB Leipzig, où il réalise une bonne première saison sous la direction de Ralph Hasenhüttl. Avant de rencontrer des problèmes sous la houlette du nouvel entraîneur Ralf Rangnick. Ce dernier accordait une grande importance à la discipline, explique l’attaquant français. Et parfois trop. Après une défaite contre le RB Salzbourg, Jean-Kévin Augustin s’est fait taper sur les doigts par le club et les médias pour avoir joué sur son téléphone portable avant le match. Aujourd’hui encore, il ne comprend pas que l’information ait été diffusée dans les médias et qu’il ait ensuite été exclu de l’équipe.
Coup d’éclat en équipe nationale
L’attaquant fait également les gros titres dans l’Hexagone parce qu’il n’a pas honoré une convocation avec l’équipe nationale des moins de 21 ans. «C’était une longue saison, j’étais fatigué, touché et mon club, le RB Leipzig, ne voulait pas que j’aille en équipe nationale.» Jean-Kévin Augustin s’est exécuté et s’est ensuite attiré des ennuis avec l’entraîneur des moins de 21 ans. Le joueur aurait dû se rendre en France pour y subir un contrôle médical au lieu de rester à Leipzig. «Tout cela n’était qu’un gros malentendu», martèle Jean-Kévin Augustin. Certains journalistes ont écrit qu’il avait refusé de jouer pour la France, alors que l’équipe était une affaire de cœur. «Porter ce maillot me remplit de fierté. La France est mon pays, ma patrie.»
Jean-Kévin Augustin a grandi à Paris, dans le 16e arrondissement, sur la rive droite de la capitale avec ses deux sœurs et son frère. Ses parents n’ont pas vraiment de liens avec avec le monde du football, ce qui rend d’autant plus remarquable le parcours du benjamin de la famille. À 7 ans, il rejoint le FO Plaisir, deux ans plus tard l’AC Boulogne-Billancourt et à 12 ans, le grand PSG.
À l’adolescence, il doit prendre une décision. Va-t-il abandonner l’école et tout miser sur la carte du football? «Bien sûr, au début, ça n’a pas plu à mes parents. C’était difficile, compliqué, mais à la fin, ils m’ont dit de suivre mon rêve.»
C'est bien ce rêve qui le mène jusqu’à la Ligue des champions. Mais le joueur de 25 ans en est actuellement aussi éloigné que son club rhénan. L’ancienne star se montre donc humble après sa longue absence: «Je ne suis pas venu au FC Bâle en tant que sauveur. Mais pour aider l’équipe.» Les qualités nécessaires pour remplir cette mission, Jean-Kévin Augustin les possède indéniablement.