Cet article a été publié en décembre 2021. Depuis, Mattia Bottani a remporté la Coupe de Suisse avec Lugano et a été appelé par Murat Yakin en équipe de Suisse. Dans cette optique, Blick a décidé de republier sa rencontre avec le Tessinois dans son bar à chicha.
Mattia Bottani tire sans cesse sur une pipe à eau, soufflant la fumée dans toutes les directions souhaitées pour le photographe. Il est patient, ne se plait pas et n’est aucunement arrogant. Le milieu de Lugano n’a qu’une seule préoccupation: ne pas donner la fausse impression qu’il tire régulièrement sur une chicha. «Je ne fume que très rarement. Pour la photo, je fais une exception…»
Bottani n’est pas client du bar à chicha, il l’a ouvert il y a cinq ans et en est le propriétaire. «Quand j’ai vu un bar à chicha à Zurich qui était plein de monde, l’idée m’a plu», développe-t-il. Mattia Bottani et un de ses amis sont propriétaires du bar, tandis que son frère aîné Alessio, ancien joueur des Bianconeri, le gère.
«Un footballeur avec un bar à chicha? Ça peut paraître étrange»
Un footballeur professionnel avec son propre bar à chicha! «Cela peut paraître étrange, avoue Mattia Bottani. Mais nous avons eu l’occasion d’investir – et nous l’avons saisie». Jusqu’à présent, aucune critique n’a été entendue, ni par les fans, ni par les médias. «Même lorsque j’ai mal joué.»
Comment pourrait-il? Mattia Bottani représente l’identité du club. Ayant grandi à 500 mètres du Cornaredo, il a porté les couleurs de Lugano dès son plus jeune âge.
Dans la cité tessinoise, on l’aime beaucoup. Mattia Bottani a déjà 30 ans et est lui-même père de trois enfants. Même si pour les Luganais, il est resté leur enfant. Ils appellent leur numéro 10 «Figlio della città», littéralement «Fils de la ville». Que ce soit après une victoire ou une défaite, Mattia Bottani est toujours là pour bavarder à chaque coin de rue. «Si on gagne, les gens veulent me féliciter. Si on perd, ils me remontent le moral et me tapent sur l’épaule.»
Un départ à Wil
Mais en 2016, l’amour entre la ville et son «figlio» est mis à l’épreuve. Mattia Bottani cède à l’attrait de l’argent et quitte la Super League pour rejoindre le FC Wil en Challenge League. Après seulement un an, les investisseurs turcs sont déjà partis du club saint-gallois et Mattia Bottani revient au FC Lugano. Tout le monde n’accueille pas le fils prodigue à bras ouverts. Mais même le dernier des Luganais lui a pardonné depuis longtemps.
Car sans Mattia Bottani, Lugano est un peu plus ennuyeux. Il assure le spectacle, il est créatif, insolent, rapide, rusé et joueur. Parfois trop joueur. Lorsqu’il est en forme, il peut décider de l’issue des matches à lui seul. Tout le Tessin le réclame en équipe nationale et s’énerve parce qu’il n’a pas été convoqué. Mattia Bottani ne pense pas qu’il est mis de côté car il joue au Tessin. «Je dois regarder la vérité en face: j’ai manqué de constance par le passé, je n’ai pas vécu comme un professionnel pendant longtemps, je ne mangeais pas bien, je me couchais tard. De plus, la Suisse a beaucoup de bons footballeurs, beaucoup jouent dans de grands championnats à l’étranger.»
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«Bottani ne sait pas à quel point il est bon»
Lui-même n’a jamais osé faire le grand saut. Bien que chacun de ses entraîneurs lui ait attesté des capacités très particulières – de Zdenek Zeman à Fabio Celestini. Ce dernier a dit un jour: «Bottani ne sait pas à quel point il est bon.» Mattia Bottani pense que cela aurait peut-être été bénéfique pour son développement s’il avait quitté une fois sa zone de confort au début de sa carrière. Mais il ne regrette pas d’être resté. «J’ai pu vivre des moments forts en émotions avec mon club de mon cœur: des matches d’Europa Ligue ou la finale de la Coupe Suisse. J’ai fait mes expériences à Wil. Depuis, je sais ce que j’ai à Lugano.»
Il est probable que le milieu de terrain – sous contrat jusqu’à l’été 2024 – finisse sa carrière à Lugano. «Je me sens vraiment bien ici – j’ai du mal à m’imaginer ailleurs. De plus, j’ai déjà 30 ans et je suis père de trois enfants. C’est plus difficile d’oser quelque chose de nouveau.»
«Un trophée avec Lugano, c’est mon rêve d’enfant»
Les Luganais n’aimeraient pas non plus le voir partir une nouvelle fois. Le «figlio della città» doit leur permettre de réaliser un rêve de longue date et de conduire Lugano à son premier titre depuis la victoire de la Coupe en 1993. A l’époque, il n’avait que deux ans. Ce n’est pas impossible. «Nous avons une grande équipe, nous participons à la Coupe, nous jouons le haut du tableau en Super League. Un trophée avec Lugano, c’est mon grand rêve d’enfant», s’exclame-t-il.
L’équipe pourrait alors faire la fête dans le bar de Mattia Bottani. Et fumer une chicha, pas seulement pour la photo.