Si j’étais patron d’une entreprise de déménagement, je serais arrivé très tôt au bureau ce lundi matin. Pourquoi? Pour me dépêcher d’envoyer un devis au Lausanne-Sport. Ça va pas mal bouger dans les bureaux du club ces prochains jours, et l’aide de professionnels sera vite nécessaire au stade de la Tuilière.
Jugez plutôt: trois pontes du LS vont devoir faire leurs cartons. Comme je vous l’annonçais hier, le directeur sportif, Souleymane Cissé, le président, Bob Ratcliffe, et l’entraîneur, Alain Casanova, appartiendront (bientôt) au passé du Lausanne-Sport.
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Une semaine historique
Un tel ménage, c’est historique et cette première semaine de mai 2022 va rester dans les mémoires au pays de Vaud. Sur le plan sportif, l’équipe devrait être officiellement reléguée en Challenge League ce dimanche. Mais ça va aussi être animé en coulisses.
Ineos a donc tiré les leçons de cet échec retentissant et de cette chute en deuxième division. Les responsables passent par-dessus bord. Même Bob Ratcliffe, le frère du grand patron de l’entreprise britannique, n’est pas épargné. Franchement, je n’y aurais pas cru il y a encore un mois.
Joie de courte durée
À première vue, c’est un changement courageux. Si le Lausanne-Sport parvient à donner les clés du chantier à Mauro Lustrinelli, la saison prochaine s’annonce même enthousiasmante. Le Tessinois séduit à la tête de la Nati M21 avec des préceptes tactiques sublimés par la relève du football suisse.
Mais la joie populaire pourrait être de courte durée. Dimanche soir, les supporters vaudois ont affiché leur soulagement sur les réseaux sociaux en apprenant les trois départs de leurs dirigeants. Mais une fois l’effet d’annonce passé, on réalise qu’Ineos s’obstine dans la même voie.
Du goudron et des plumes
Le nouveau président? Un financier de l’entreprise qui parle mal français, ne connaît pas le foot suisse et continuera de travailler à côté. Le directeur sportif? Pris en grippe par le kop lausannois, Souleymane Cissé risque de ne même pas être remplacé. C’est donc le mystérieux Julien Fournier qui continuera de tirer les ficelles depuis son bureau niçois.
Le bilan sportif intermédiaire d’Ineos est catastrophique, avec deux relégations en l’espace de quatre ans. Les repreneurs britanniques s’étaient positionnés en mécènes providentiels qui devaient redonner ses lettres de noblesse au football vaudois. L’opération «sportwashing» tourne au fiasco. Si le LS ne retrouve pas sa place dans l’élite dès le mois de mai 2023, l’ère d’Ineos pourrait même toucher à sa fin. Les Anglais quitteraient alors le nord de la ville, recouverts de goudron et de plumes. Un comble pour une entreprise spécialisée dans la pétrochimie.