«Ils ont ciblé les femmes»
Des fans torse nu obligés de se rhabiller au stade de Lausanne

Le Stade de la Tuilière a accueilli lundi la finale du championnat féminin de football. Le service de sécurité est intervenu parce que plusieurs spectateurs, tous genres confondus, avaient retiré leur maillot en tribunes.
Publié: 07.06.2022 à 16:18 heures
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Dernière mise à jour: 07.06.2022 à 16:29 heures
La joueuse du FC Zurich, Lesley Ramseier, présente le trophée aux supporters qui avaient fait le déplacement à Lausanne.
Photo: Keystone
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Couvrez ces seins que les stadiers lausannois ne sauraient voir. Lundi, le Stade de la Tuilière a accueilli la finale du championnat féminin de football. Le FC Zurich a remporté le titre dans une finale passionnante, à l’issue cruelle pour les Genevoises. Les plus de 2600 personnes présentes dans l’enceinte n’ont pas regretté leur après-midi. Pourtant, la tenue vestimentaire d’une poignée d’entre elles a donné du fil à retordre à la sécurité vaudoise.

Les explications du Lausanne-Sport

Le FC Zurich a été soutenu par un kop, fort d’une centaine de membres. Comme cela se fait souvent dans les stades du pays, une petite vingtaine de supporters – dont plusieurs femmes – ont retiré leur maillot tout en continuant de chanter et d’encourager leur équipe. Une action réprimandée quelques minutes plus tard par le service d’ordre de la tribune concernée.

«La sécurité a demandé aux supporters, aussi bien du côté genevois que zurichois, hommes et femmes confondus, de se rhabiller pour respecter la bienséance, explique Benoît Jeanmonod, porte-parole du Lausanne-Sport, co-organisateur de la finale avec l’Association suisse de football. Certaines personnes ont poursuivi leur action, mais aucune mesure supplémentaire n’a été prise à leur encontre.»

Est-ce que les agents auraient agi de la même manière si seulement des hommes avaient retiré leur maillot? «Bien sûr, la question ne se pose pas», affirme-t-on du côté de l’organisation.

«C’est un scandale»

«C’est complètement faux, nous répondent deux Zurichoises à qui la sécurité a demandé de se rhabiller. Les agents nous ont ciblées. Les autres supporters ont aussi remis leur maillot par solidarité.»

Après une discussion avec des représentants du groupe de supporters zurichois, ces deux femmes ont accepté de s’exprimer, à condition de garantir leur anonymat. «Tout le monde devrait pouvoir être libre dans un stade, expliquent-elles. Nos collègues masculins peuvent retirer leur t-shirt sans problème. Mes tétons n’ont rien de sexuel. On nous a dit qu’on dérangeait parce qu’il y avait des enfants. C’est un scandale.»

La discrimination de genre, c’est justement ce que plaiderait l’avocate genevoise, Roxane Sheybani si elle était saisie de ce dossier. «Il est incompréhensible que les personnes assignées femmes soient encore aujourd’hui entravées dans leur liberté de disposer de leur corps.»

Féministes jugées à Lausanne

Il y a trois semaines, six femmes ont eu gain de cause devant le Tribunal d’arrondissement de Lausanne. Après avoir manifesté torse nu en mars 2012, elles étaient jugées pour avoir troublé la tranquillité publique et pour habillement contraire à la décence. Roxane Sheybani était l’une des avocates de la défense.

Sur le plan politique, la conseillère nationale Tamara Funiciello (PS/BE) milite aussi pour que les femmes puissent se baigner topless dans les piscines du pays. Au stade, dans la rue ou dans les bassins, le sujet n’a pas fini de faire parler.


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