Kevin Martin a passé huit années de sa vie au Lausanne-Sport. Arrivé adolescent au centre de formation, le gardien a gravi tous les échelons jusqu’à la première équipe. Ce gamin de la campagne vaudoise a même défendu à quatorze reprises les buts du LS. «Enfant, j’avais deux rêves: joueur au niveau professionnel et porter les couleurs de l’équipe de ma ville, se souvient le portier, aujourd’hui âgé de 26 ans. J’ai vécu des moments incroyables, qui resteront gravés à jamais. Ce n’est pas donné à tout le monde d’être sur le terrain à Bâle devant 27’000 personnes.»
Des débuts en Super League qui lui ont aussi valu des critiques. L’entraîneur d’alors, un certain Fabio Celestini, l’avait remis sur le banc après huit matches (et aucune victoire) dans l’élite. «C’était dur à vivre, reconnaît-il plus de cinq ans après. J’étais jeune et pas préparé pour cela. Cette période a surtout été pénible pour ma famille, qui venait au match et entendait certains propos tribunes ou lisait des articles dans la presse. Mais j’ai surtout appris de mes erreurs.»
«Je n'ai plus de haine»
Joli clin d’œil du destin, Kevin Martin va retrouver «son» Lausanne-Sport ce mardi soir pour un quart de finale de Coupe de Suisse qui promet. Il aura sur les épaules le maillot d’Yverdon Sport, son club depuis l’été 2018. «Sortir le LS, l’histoire serait très belle, reconnaît le gardien avec ambition. D’abord pour Yverdon, qui mérite de gagner un tel derby, pour nos supporters et, bien sûr, pour moi aussi. Ce match c’est la récompense de tout le travail que j’ai accompli. Mais je n’ai plus aucun sentiment de revanche ou de haine envers le Lausanne-Sport.»
Le gardien vaudois n’a pas gardé de contacts dans l’équipe d’en face. Mardi soir, il devrait aussi retrouver Thomas Castella, le rival qui lui avait pris sa place en 2017.
Dans le Nord vaudois, Kevin Martin a connu une nouvelle promotion, en atteignant la Challenge League avec YS. Le portier a pourtant été relégué à un rôle de doublure depuis l’arrivée de Mirko Salvi. Un titulaire qui s’est blessé durant la préparation: nouveau signe du destin.
Le compte est bon
Gardien de football le soir, Kevin Martin est comptable le jour, dans une fondation qui travaille pour les personnes âgées à Yverdon. À la machine à café, les discussions tournent forcément autour de ce fameux match contre Lausanne. «Certains de mes collègues seront présents au stade et j’ai dû m’arranger pour leur trouver des billets», s’amuse-t-il.
Même s’il ne bouderait pas une carrière 100% professionnelle, le Vaudois apprécie de pouvoir se changer la tête, sortir du football en allant travailler: «C’est un bon équilibre pour moi. Cela m’aide à garder les pieds sur terre. Comme tout le monde, je me lève le matin pour aller au bureau.»
Ce mardi, Kevin Martin a pris congé pour être prêt pour son rendez-vous. Même s’il refuse ce terme, il y aura de la revanche dans l’air au Municipal.