La première page du Diario Do Minho parle de plages ce jeudi matin, avec une grande photo de gens se baignant dans le Cavado, le fleuve local, situé tout au nord de Braga, cette très charmante ville de 200'000 habitants, située à 40 minutes en bus de Porto. Le match du Sporting face à Servette en Europa League? Une couverture polie, factuelle, sans grandes fioritures.
Le football ne semble pas vraiment être la priorité du moment, ni dans les journaux, ni en ville, tant il fait chaud cette semaine, et le stade municipal ne sera très vraisemblablement pas plein à 20h30, heure du coup d'envoi (21h30 en Suisse). Dans les rues de la ville, à quelques heures du match, quelques maillots du club local, mais surtout énormément de touristes, dont une bonne partie parle français. Zé, porte les couleurs du Sporting, et confie qu'il sera au stade. Mais sans grand enthousiasme. «Oui, je vais venir. J'ai un billet. Je suis Cap-verdien et j'adore le foot. J'aime Benfica, mais aussi le Sporting Braga. Mon joueur préféré? Roger, c'est un phénomène, vous verrez. Mais ne vous attendez pas à une grande ambiance en tribunes», prévient-il.
Braga et son architecture très intéressante, avec ces mosaïques bleues qui font la fierté du Portugal, est une ville tranquille, où le café avec un pasteis de nata coûte 1,50 euro, et qui, plutôt que de craquer des fumigènes par 36 degrés, donne envie d'enlever le t-shirt pour profiter de la vie en buvant une Super Bock ou un Sumol à l'orange, tout simplement. En une phrase comme en mille: ça sent les vacances. Seul coup dur pour les gourmets: le festival local des francesinhas est fini depuis quatre jours.
A Braga, on fait tomber le t-shirt dès 9h du matin
Si Jérémy Frick et ses coéquipiers ont fait un tour en ville ce matin pour se dégourdir les pattes, on espère bien qu'ils ne se sont pas laissés endormir par la langueur de ce très chaud jour d'été, où même les chiens cherchent l'ombre et un peu d'eau, sans même parler des travailleurs, lesquels ne se sont pas posés de questions, eux, quant au port du t-shirt. Ainsi, ce livreur de boissons ne fait même pas semblant de l'avoir pris avec lui.
«Je l'ai laissé au dépôt», rigole-t-il en déchargeant ses caisses de vin et de bière. Son collègue l'a lui noué sur la tête. Une mami rigole en observant la scène, sans s'apercevoir que son petit chien blanc est en train d'uriner contre le mur. A côté de là, tout près de l'une des nombreuses églises de la ville, un touriste apostrophe son gamin, lui demandant d'aller un peu plus vite et de ne pas traîner les pieds. «J'y peux rien, il fait trop chaud», contre l'insolent enfant, en profitant pour réclamer une glace qu'il n'obtiendra pas.
Les supporters du Servette FC, eux, ont rendez-vous en milieu d'après-midi à deux kilomètres de ce stade si particulier, taillé dans la roche, vers lequel ils se dirigeront en cortège. On leur conseillera de bien s'hydrater, et on ne se fait pas trop de souci pour eux de ce côté-là, et de bien se protéger le crâne des coups de soleil. Les joueurs du SFC, eux, devront à tout prix se sortir de cette torpeur estivale, tant il faudra être bien éveillé en début de soirée alors que déferleront sur eux les talents bruts du SC Braga, ce club si bien géré qu'on pourrait presque se demander s'il a un seul défaut ou point faible structurel, en dehors de sa puissance financière limitée par rapport aux grands d'Europe.
Depuis des années, Braga s'affirme en effet comme l'un des clubs travaillant le mieux en fonction de ses moyens et, ironie du tirage au sort, Servette pourrait affronter à une semaine d'intervalle les deux clubs européens les plus extrêmes dans ce classement inofficiel, puisque Chelsea est l'exact inverse du SC Braga. Le club londonien peut jeter un milliard, littéralement, par la fenêtre, et sous-performer à un point qui frise l'indécence, là où Braga sait sublimer chaque franc investi. C'est aussi cela, l'Europe: passer d'une semaine d'une extrême géographique à l'autre, mais aussi affronter des philosophies et des visions du football différentes. De l'AS Rome au Sheriff Tiraspol, en passant par les Rangers et le Slavia Prague, Servette a vu de tout la saison dernière.
Le tirage au sort, ce mauvais camarade
Cette année, pour voir de tout encore une fois, il faudra donc éliminer soit Braga, ce qui assurera une phase de groupes quoi qu'il arrive, soit Chelsea. Les boules ont été rudes du côté de Nyon pour les Grenat, mais il n'y a pas le choix, il est l'heure d'arrêter de parler (ce que René Weiler a toujours très bien fait la saison dernière, d'ailleurs) et de montrer sur le terrain que Servette peut être plus fort qu'un tirage au sort, même le plus compliqué d'Europe.
La bonne nouvelle est que les Genevois abordent ce match fort de trois succès en quatre matches de Super League, avec un effectif au complet, et une équipe-type qui pourra être alignée ce jeudi, si Thomas Häberli le décide, et on espère vraiment qu'il le fera. Oui, le match face à Bâle dimanche est important, personne ne dit le contraire, mais l'Europe l'est encore plus. Et un déplacement aussi prestigieux et important ne se brade pas. Le faire serait une erreur impensable, et les premiers signaux entendus en conférence de presse mercredi semblent heureusement aller dans le bon sens.
Braga a un souci en défense
Alors, Servette peut-il le faire et ramener un résultat positif du Portugal ce soir? L'idéal, sans oser parler de victoire, serait un match nul ou une défaite d'un but, qui laisserait tout ouvert en vue du retour, tout en poussant les sceptiques, les frileux et les supporters occasionnels (on n'a pas dit «touristes») à acheter leur billet pour jeudi prochain. Mais, au fond, pourquoi ne. pas gagner ce jeudi? La saison dernière, en Europe, le Real Madrid et Napoli sont venus s'imposer ici, ce qui n'est pas un argument pour Servette, mais Qarabag l'a également fait, il y a quatre mois à peine, ce qui ressemble tout de même à un encouragement. Car oui, Braga est fort, surtout offensivement, mais il n'est pas invincible et il y a des raisons objectives de croire que Dereck Kutesa et Miroslav Stevanovic, tous deux en grande forme en ce début de saison, peuvent faire très mal à l'arrière-garde portugaise.
Quoiqu'il arrive ce jeudi, et même si Servette se fait déborder par la bravoure des Guerriers du Minho, il devra se servir de cette rencontre pour progresser encore, et en tirer des enseignements pour grandir toujours plus. René Weiler l'avait répété à plusieurs reprises la saison dernière, alors que Servette redécouvrait l'Europe: l'expérience à ce niveau ne s'achète pas et aucun club ne peut arriver et performer immédiatement. L'Europe a ses codes, que ce soit en Champions League, en Europa League et en Conference League. Et aucun club, même le plus fortuné, ne peut imaginer arriver et gagner d'emblée.
Prendre un autre chemin que Sion, quoi qu'il arrive
A ce titre, même si le SFC devait être éliminé de l'Europa League jeudi prochain, ce qui n'est encore pas fait, et que Chelsea devait être un obstacle trop grand, il faudra absolument se rappeler que les tirages au sort auront été vaches, vraiment, et tout faire pour revenir à ce niveau le plus vite possible, en ne s'inspirant pas du parcours du meilleur ennemi du Servette FC, le FC Sion, lequel, au sortir de son épatant parcours 2015-16 (sorti d'un groupe avec Liverpool, Bordeaux et le Rubin Kazan!} avait bien failli éliminer Braga au printemps.
Si le tir de Vincent Rüfli (tiens, un Genevois) avait terminé sa course un centimètre plus bas, Sion aurait battu Braga. Mais les Valaisans ont perdu. Et depuis, ils n'ont plus disputé qu'une double confrontation européenne, celle qui est peut-être la plus grande humiliation de l'histoire du football suisse de club, cette élimination face à Suduva Marijampole. Ce n'est pas exactement l'idée pour ce Servette FC du renouveau, lequel doit avoir pour ambition de faire voyager ses supporters dans toute l'Europe chaque année., ou en tout cas de ne pas devoir attendre huit ans pour y retourner.
Une aventure qui a débuté en octobre 1955 à Madrid
Ce jeudi soir, c'est à Braga que ça se passe, et il s'agit d'une belle adresse pour écrire un bout de son histoire, celle de ce maillot grenat qui a traversé les décennies et qui a été porté glorieusement à travers le continent depuis ce tout premier match à Madrid face au plus prestigieux de tous les clubs, le Real. Oui, Servette est un club européen depuis le 12 octobre 1955 précisément et jusqu'au 29 août 2024 au minimum. L'idée serait tout de même qu'il le soit aussi en septembre et les mois suivants, mais pour cela, il faudra se sublimer, soit face à Braga, soit face à Chelsea. L'aventure commence ce jeudi soir, elle est belle, elle est excitante. C'est l'Europe!
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Lazio Rome | 6 | 11 | 16 | |
2 | Athletic Bilbao | 6 | 9 | 16 | |
3 | RSC Anderlecht | 6 | 5 | 14 | |
4 | Olympique Lyonnais | 6 | 8 | 13 | |
5 | Eintracht Francfort | 6 | 4 | 13 | |
6 | Galatasaray SK | 6 | 4 | 12 | |
7 | Manchester United FC | 6 | 4 | 12 | |
8 | Glasgow Rangers | 6 | 6 | 11 | |
9 | Tottenham Hotspur FC | 6 | 4 | 11 | |
10 | Fotbal Club FCSB | 6 | 2 | 11 | |
11 | Ajax Amsterdam | 6 | 8 | 10 | |
12 | Real Sociedad | 6 | 4 | 10 | |
13 | Bodo/Glimt | 6 | 1 | 10 | |
14 | AS Rome | 6 | 3 | 9 | |
15 | Olympiakos | 6 | 2 | 9 | |
16 | Ferencvaros | 6 | 1 | 9 | |
17 | Viktoria Plzen | 6 | 1 | 9 | |
18 | FC Porto | 6 | 2 | 8 | |
19 | AZ Alkmaar | 6 | 0 | 8 | |
20 | Union Saint-Gilloise | 6 | 0 | 8 | |
21 | Fenerbahce | 6 | -2 | 8 | |
22 | PAOK Salonique | 6 | 2 | 7 | |
23 | FC Midtjylland | 6 | -2 | 7 | |
24 | IF Elfsborg | 6 | -3 | 7 | |
25 | SC Braga | 6 | -3 | 7 | |
26 | TSG Hoffenheim | 6 | -3 | 6 | |
27 | Maccabi Tel Aviv | 6 | -6 | 6 | |
28 | Besiktas | 6 | -7 | 6 | |
29 | Slavia Prague | 6 | -2 | 4 | |
30 | FC Twente | 6 | -3 | 4 | |
31 | Malmö FF | 6 | -6 | 4 | |
32 | Ludogorets Razgrad | 6 | -5 | 3 | |
33 | Qarabag FK | 6 | -10 | 3 | |
34 | Rigas Futbola Skola | 6 | -7 | 2 | |
35 | OGC Nice | 6 | -8 | 2 | |
36 | FC Dynamo Kiev | 6 | -14 | 0 |