Mais ce but et cette séquence incroyable, alors synonymes d'une qualification pour les 8e de finale, ont été douchés par l'égalisation italienne au bout de la huitième et dernière minute du temps additionnel.
Sa réaction en avait dit long. A terre, en larmes sous ses coéquipiers qui le célébraient, Luka Modric a semblé submergé par ses émotions. Lui qui venait de rater, quelques secondes plus tôt, le penalty ô combien crucial à ne pas rater, venait presque en se relevant de se rattraper comme un géant, un immortel refusant de mourir et devenant de surcroit le buteur le plus âgé de l'histoire des championnats d'Europe, à 38 ans et 289 jours, devançant l'Autrichien Ivica Vastic en 2008, à l'âge de 38 ans et 257 jours.
Eternel, donc, avec ce but, où il s'est arraché pour tromper Gianluigi Donnarumma, le Ballon d'or 2018 vole pour l'instant la vedette aux Portugais Cristiano Ronaldo, 39 ans, et Pepe, 41 ans, qui n'ont pas encore marqué en Allemagne.
«Cela ne veut rien dire pour moi, quand cela n'a pas aidé l'équipe», a-t-il réagi après le match, forcément abattu par le scénario.
Un concentré d'émotions
Car celui qui vit potentiellement sa dernière compétition majeure avec sa sélection sait qu'il sera très compliqué pour les Croates (2 pts) de terminer parmi les meilleurs troisièmes.
Jusqu'ici, Modric, élu meilleur joueur du match lundi, était passé à côté de ses deux premières rencontres. Contre l'Espagne (3-0), le milieu du Real Madrid qui a prolongé encore une saison, a fait son âge. Très discret, l'incontournable meneur de jeu n'a pas rayonné comme à son habitude dans l'entre-jeu, trop lent et pas assez percutant. Contre l'Albanie (2-2), cela n'a pas été plus glorieux, tant il est apparu tout aussi emprunté.
Face à l'Italie, il a été également peu en vue en première période, jusqu'au penalty sifflé en faveur de l'équipe à damiers rouges et blancs (54e). Mais c'est Gianluigi Donnarumma, impérial, qui s'est illustré face au capitaine croate, dont la frappe du pied droit a été bien peu appuyée.
Ce fut donc un concentré d'émotions quand moins d'une minute plus tard, il s'est arraché pour se venger et ouvrir le score (55e). Parfaitement placé dans la surface, il a mis en fusion le stade de Leipzig, en grande majorité rempli de supporters croates. Dans son pays, le joueur jouit d'une popularité immense, depuis ses débuts en équipe nationale.
«Je ne sais pas combien de temps»
Modric a disputé sa première grande compétition avec la sélection croate lors de la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, avant de tutoyer les sommets (finaliste du Mondial-2018, 3e du Mondial-2022, finaliste de la Ligue des nations 2023)
«C'était il y a presque 20 ans. Je me suis amélioré dans tous les secteurs du jeu et je suis plus expérimenté. La plus grande différence, ce sont les années qui sont passées», a dit le capitaine en début de tournoi, qui en est à 26 buts en 178 sélections.
A sa sortie du terrain, à dix minutes de la fin du match, la légende croate, qui aura bientôt 39 ans, a évidemment été ovationnée. Reste à savoir si ce sera sa dernière apparition dans une grande compétition avec les Vatreni, qui vont attendre fébrilement de savoir s'ils font partie des quatre meilleurs troisièmes pour espérer poursuivre leur route.
«J'aimerais continuer à jouer pour toujours, mais il viendra un moment où je devrai raccrocher mes crampons», a déclaré Modric après la rencontre, le visage fermé. «Je vais continuer à jouer, je ne sais pas combien de temps encore».