Les journaux espagnols n'ont pas manqué d'allumer Adrien Rabiot, directement après la qualification de la Roja, mardi à Munich. «Lamine Yamal fait taire Rabiot», ont titré plusieurs sites internet dès le coup de sifflet final, en référence aux propos du milieu de terrain français. Celui-ci, avant le match, avait assuré que son jeune adversaire allait devoir élever le niveau s'il entendait éliminer l'équipe de France et que les Bleus allaient lui mettre la pression, en gros. Le gamin, qui aura 17 ans samedi, à la veille de la finale, a répondu à sa façon en envoyant une frappe merveilleuse dans le but de Mike Maignan pour égaliser à la 21e.
Il fêtera son anniversaire la veille de la finale!
«J'ai visé la lucarne et c'est là que le ballon est allé. Le sentiment à ce moment-là, pfff... Vous savez, mon but en arrivant ici, c'était de gagner tous les matches pour être encore là pour pouvoir célébrer mon anniversaire avec mes coéquipiers le 13 juillet!», a-t-il souri. Il aura donc droit à quelques cadeaux à vingt-quatre heures de la grande finale face à l'Angleterre ou aux Pays-Bas.
Il avait trois ans en 2010...
Un journaliste espagnol a d'ailleurs fait rire toute l'assemblée en conférence de presse, après minuit à Munich, lorsqu'il a demandé à Lamine Yamal son sentiment sur un éventuel remake de la finale de 2010 face aux Pays-Bas, avant de se rendre compte, tout en posant sa question, que le garçon auquel il adressait sa question avait... 3 ans à peine cette année-là! Le «pequeño» a dégagé la question en corner, indiquant simplement qu'il était «très excité d'être en finale», tout en rappelant que le plus dur arrivait. «Nous n'avons pas encore réussi la chose la plus importante: gagner la compétition. Et ce ne fut pas simple lors de cette demi-finale. Personne ne s'attendait à ce qu'on concède l'ouverture du score aussi tôt.»
«Je veux juste prendre du plaisir»
Lamine Yamal, né d'un père marocain et d'une mère équato-guinéenne, a cependant réussi à égaliser et à maintenir son équipe dans le match. Quel est son secret, à 16 ans? «J'essaie de ne pas trop penser à tout ça, de ne pas me prendre la tête. Je veux juste prendre du plaisir et aider mon équipe.» Aussi simple que ça.
Son sélectionneur Luis de la Fuente, en tout cas, n'hésite pas à le titulariser et le prodige le lui rend bien, lui qui en est désormais à trois passes décisives et un but dans cet Euro. «Il joue comme un joueur bien plus expérimenté. Je suis heureux qu'il soit dans notre équipe et que nous puissions profiter de lui pendant toutes les années à venir», l'a complimenté son sélectionneur.
«Peut-être que l'Espagne a un génie»
Le voit-il déjà comme un crack? «Lamine fait des choses qui nous laissent supposer qu'il peut devenir un très grand dans ce sport. Mais nous devons rester prudents.» Son coéquipier Nacho, lui, prend moins de précautions. «Si on parle de génie, alors peut-être que l'Espagne en a un. Le but de Lamine, à 16 ans... Incroyable!»
Didier Deschamps aussi a apprécié et, fair-play, l'a complimenté. «Sa frappe est magnifique. Il a eu un peu de réussite, mais il ne faut lui enlever aucun mérite. On était peut-être un peu trop loin... Les Espagnols ont cette qualité d'avoir beaucoup de bons frappeurs de loin. On le savait et on aurait dû le gêner au maximum. On lui a laissé trop de liberté. Mais son geste était parfait», l'a félicité le sélectionneur français.
Avec les compliments de Johan Vonlanthen
En marquant son premier but dans un Euro, l'Espagnol a effacé le record de Johan Vonlanthen, lequel était jusqu'à ce mardi le plus jeune joueur à avoir marqué un but dans un Euro. L'attaquant suisse l'avait fait face à la France, déjà, en 2004. Et, pour Blick, il a accepté de commenter cette réussite historique. «Je félicite Lamine Yamal pour son but. C'est un talent exceptionnel et c'était prévisible qu'il marque lors de cet Euro. Le fait que mon record ait tenu vingt ans est déjà très bien et me rend fier», a déclaré l'ancien prodige du football suisse, visiblement pas rancunier.
Alors, l'Espagne va-t-elle aller au bout maintenant? «Nous sommes heureux, mais c'est une joie contrôlée, mesurée. Nous n'avons accompli que la moitié de ce que nous voulons faire. Nous n'avions rien gagné encore. Nous sommes fatigués, on doit bien se reposer, récupérer, célébrer un peu et, surtout, nous vous donnons rendez-vous à Berlin», a répondu à cette question le défenseur central Nacho.