L'argent est très souvent un sujet tabou en Suisse, y compris dans le football de haut niveau. Ainsi, il a été rendu public en Allemagne que la première place du groupe avait rapporté très exactement 50'000 euros à chaque joueur de l'effectif. Et les joueurs de la Nati, alors, combien ont-ils touché pour avoir atteint leur premier objectif de l'Euro, à savoir jouer les 8es de finale? Silence radio.
«Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'ils ont touché quelque chose. C'est normal: l'UEFA nous verse une prime par point gagné et une partie est redistribuée aux joueurs», répond Pierluigi Tami, le directeur des équipes nationales suisses. «Mais ils n'auraient rien touché si on n'avait pas atteint les 8es», enchaîne Adrian Arnold, responsable de la communication de la Nati.
3,5 millions d'euros dans les caisses en trois matches
Pour l'heure, l'ASF a touché un million d'euros pour la victoire face à la Hongrie, et deux fois 500'000 euros pour les deux matches nuls. Et, en plus, un bonus d'1,5 million pour la qualification. Un joli pactole de 3,5 millions d'euros vient donc de tomber dans les caisses de la Fédération, et une partie non dévoilée de ce montant ira donc dans la poche des joueurs.
Assez parlé d'argent, retour au football et à ce beau match nul contre l'Allemagne, qui a réjoui Pierluigi Tami. «Encore plus que le résultat, il y a de quoi être satisfait de la manière. Nous avons vraiment réussi une très belle performance. Nous avons joué en équipe, nous avons présenté un visage solide, uni et collectif», s'est réjoui le Tessinois, lequel, comme Murat Yakin, n'éprouve aucun regret à la suite de l'égalisation de Niclas Füllkrug à la 92e.
Pierluigi Tami a aimé le courage de la Nati
«Nous ressentons de la joie ce matin. Nous avons vraiment produit une belle performance, nous avons joué de façon très courageuse, pressé haut. Et, si l'on élargit le constat aux trois premiers matches, nous avons atteint notre premier objectif», a ajouté Pierluigi Tami, lequel estime que ces trois matches invaincus trouvent leur origine dans le camp de préparation à La Manga, en mars, mais aussi au pré-stage de Saint-Gall, entamé le 27 mai.
«Cela fait près d'un moins que nous sommes ensemble et je sens une belle énergie dans le staff et ce depuis le premier jour. A Saint-Gall déjà, nous avons constaté que l'ambiance était bonne, que l'intensité aux entraînements était là», a ainsi expliqué le technicien, lequel souligne ici en creux la pertinence du choix effectué par Murat Yakin de convoquer 38 joueurs dans sa liste élargie. Cette décision avait été énormément critiquée, mais, avec le recul, elle était la bonne. Ce pré-camp a notamment permis de découvrir Kwadwo Duah d'un peu plus près et aussi de construire l'avenir avec des jeunes qui ne demandent qu'à être revus. Surtout, la Nati a pu bien se préparer, avec un plan clair.
La Manga a changé beaucoup de choses
«Pour le dire clairement, cela fait longtemps que je n'avais pas vu une telle harmonie. Ce n'est pas un hasard si nous avons ces bons résultats en Allemagne cette semaine, ils sont nés là», assure Pierluigi Tami, lequel a également souhaité remonter jusqu'à La Manga, en mars.
«Ce stage était le premier rassemblement après notre campagne de qualification compliquée. Nous avons beaucoup parlé avec Murat Yakin, les discussions ont été intenses. On avait dit, et souligné plusieurs fois, que nous n'étions pas contents du parcours effectué dans la phase de qualification. On était alors en difficulté, et nous étions soulagés de nous être qualifiés, c'est le terme que j'avais employé à l'époque. Murat a fait des corrections et l'atmosphère est complètement différente aujourd'hui. Je vois plus d'application. Cette phase de groupes réussie est à mettre au crédit de Murat, il a eu un énorme impact dans ce processus. Il a suivi son plan et il en est récompensé», explique le Tessinois, lequel souligne que la priorité, en mars, avait été mise sur l'aspect défensif avec notamment le passage à trois défenseurs centraux.
«Et tout de suite on a vu la différence. Au Danemark et en Irlande, nous n'avons pas pris un but. Et après, contre l'Estonie et contre l'Autriche, en juin, nous avons encore vu les progrès sur le plan tactique. Le match contre l'Allemagne dimanche a été la mise en pratique de tout ce plan. Mais ce n'est pas un point final. On doit continuer.»
L'heure n'est cependant pas encore à une prolongation du contrat de Murat Yakin, lequel arrive à échéance à la fin de l'Euro. Si Fabian Rieder a eu le droit de discuter des contours de son prêt à Stuttgart pendant la compétition (la proximité a également aidé, la Nati y ayant son camp de base), Pierluigi Tami assure que Murat Yakin est laissé complètement tranquille sur cet aspect. «Nous avons toujours dit que nous en parlerions après le tournoi. Mon plan A est, et reste, Murat Yakin. Nous parlerons une fois le tournoi terminé. Il faudra que toutes les parties soient d'accord.»
Pierluigi Tami a également souhaité complimenter Giorgio Contini, lequel joue un rôle essentiel au sein du staff de Murat Yakin depuis son entrée en fonction en mars à La Manga. «Murat lui laisse de l'espace, que ce soit en coulisses ou de manière visible sur le terrain pendant l'entraînement. Giorgoi a une grande part de mérite dans nos succès récents. Ce sont deux entraîneurs. Murat est l'entraîneur principal et Giorgio l'assistant, mais Giorgio connaît le rôle de numéro 1, il l'a prouvé en Super League.» Lui aussi est en fin de contrat après cet Euro.
Les joueurs qui restent sur le banc, un problème à gérer
Parmi les points compliqués, la gestion de la frustration de plusieurs éléments en manque de temps de jeu est primordiale. Noah Okafor, par exemple, ne s'attendait pas forcément à ne jouer aucune minute dans ce tournoi.... «Il n'est pas content et c'est normal. Murat a parlé avec lui, et c'est le plus important. Les choses sont claires. Ne pas être content pour un joueur qui n'est pas sur le terrain, c'est normal. Mais tu dois gérer la frustration et être prêt quand l'entraîneur fait appel à toi. C'est sûr qu'avec 26 joueurs sélectionnés, tu en auras 4 ou 5 qui ne joueront pas du tout. Je vais prendre l'exemple d'Admir Mehmedi lors du dernier Euro. Il n'était pas satisfait de son temps de jeu. Nous, le staff, on lui répétait de se tenir prêt, qu'il pourrait faire la différence sur un seul tir. Et c'est ce qui s'est passé: il a marqué son penalty contre la France.»
Lundi soir en famille, puis retour au boulot
Pour offrir du temps de jeu à ce qui en ont moins, voire pas du tout, un match de préparation sera organisé mardi contre une équipe de juniors du VFB Stuttgart. Mais, ce lundi soir, l'heure est encore à la fête et aux retrouvailles avec les familles. «Mais dès mardi matin, c'est retour au travail pour préparer au mieux ce 8es de finale», assure Pierluigi Tami. Contre l'Albanie, l'Italie ou la Croatie? Réponse ce lundi soir!