Gabor Kiraly, ses arrêts incroyables, son charisme exceptionnel et son pantalon de training gris. L'emblématique gardien hongrois a accueilli Blick, alors que la Suisse défie la Hongrie ce samedi à Cologne.
Gabor Kiraly, vous avez eu 48 ans le 1er avril, vous sentez-vous vieux?
Pas vraiment, j'ai terminé ma carrière professionnelle il y a seulement cinq ans. Mais lorsque des amis d'enfance m'invitent pour leur 50e ou 55e anniversaire, je me rends compte que le temps passe vite.
Le vieillissement vous fait-il peur?
Non, il y a tant de défis qui permettent de rester jeune. Si l'on est prêt à apprendre, à prendre sa vie en main et à bouger, on ne vieillit pas. C'est pourquoi je ne vais pas me reposer!
Quels sont les défis auxquels vous pensez?
La compréhension et la communication avec les jeunes générations, par exemple. Comment pouvons-nous vivre ensemble, nous compléter, apprendre les uns des autres?
Vous avez créé une académie de football dans votre ville natale de Szombathely, pour donner des perspectives aux jeunes. Quand avez-vous eu cette idée?
Cela a commencé en 2003, donc en plein milieu de ma carrière professionnelle. Au début, il n'y avait ici que des forêts et des prairies. Mon père y jouait déjà au football quand il était enfant. A l'époque, ils avaient tondu un rectangle dans l'herbe haute, c'était leur stade. Cette idée est donc née d'un lien familial et émotionnel.
A 27 ans, rares sont les footballeurs professionnels qui pensent déjà à l'après-carrière.
J'ai toujours voulu faire quelque chose en plus de mon travail quotidien de footballeur, c'était important pour moi, cela a élargi mes perspectives et renforcé mon caractère.
Il y a beaucoup d'argent dans cette installation impressionnante. Qui paie tout cela?
J'ai mis tout mon argent dans ce projet. Pendant les 15 premières années, sans aucune aide extérieure. Ensuite, nous avons reçu une aide unique de l'État pour la modernisation de l'infrastructure. Notre première équipe joue en quatrième division, il n'y a donc pas non plus de donateurs potentiels. C'est pourquoi il est important que nous créions constamment de nouvelles idées pour générer des revenus.
Lesquelles?
Nous avons construit un hôtel avec spa, un centre de rééducation, une salle de musculation. Nous proposons des salles pour des événements d'entreprise, pour des mariages, nous faisons du merchandising et de la gastronomie, nous organisons des camps de football, nous conseillons des clubs et des entreprises, nous louons nos terrains pour des matches, des tournois, des camps d'entraînement.. Nous ne devons jamais être à court d'idées.
Vous avez vécu à Berlin, Londres, Manchester et Munich, mais vous êtes revenu en Hongrie. Qu'est-ce qui vous a motivé à le faire?
Je me suis senti bien partout, mais ma maison est ici. A Szombathely, je suis une personne tout à fait normale. On me respecte et je respecte les gens. Quand je suis dans la rue, il n'y a pas d'histoires parce que je suis Gabor Kiraly. Je veux mener une vie tout à fait normale.
Pas facile quand on s'appelle Kiraly, ce qui signifie «roi» en français...
Je ne suis pas un roi. C'est juste mon nom!
En tant que gardien de but de classe mondiale, vous avez été au centre de l'attention pendant 26 ans. Est-ce que c'était fatigant?
Du moins, ce n'était pas facile de satisfaire tout le monde: les médias, les fans, la famille, moi-même. Toujours regarder l'heure, car tout est minuté. Lorsque j'ai mis fin à ma carrière en 2019, j'ai d'abord pris une grande respiration.
Le centre sportif Kiraly s'étend sur environ sept hectares. On y trouve sept terrains de football (4 en gazon naturel, 3 en gazon synthétique). Un hôtel quatre étoiles avec 16 chambres et un spa. Un centre de rééducation avec des physios et sept médecins. Des salles de réunion pour les événements d'entreprise, les mariages, les expositions, un service de restauration. Les vastes infrastructures sont destinées aux 250 joueurs de l'académie ainsi qu'aux équipes extérieures. Les salles et les services peuvent être loués pour des réunions, des matchs, des camps d'entraînement et des tournois. L'ensemble des installations est de la plus haute qualité.
Le centre sportif Kiraly s'étend sur environ sept hectares. On y trouve sept terrains de football (4 en gazon naturel, 3 en gazon synthétique). Un hôtel quatre étoiles avec 16 chambres et un spa. Un centre de rééducation avec des physios et sept médecins. Des salles de réunion pour les événements d'entreprise, les mariages, les expositions, un service de restauration. Les vastes infrastructures sont destinées aux 250 joueurs de l'académie ainsi qu'aux équipes extérieures. Les salles et les services peuvent être loués pour des réunions, des matchs, des camps d'entraînement et des tournois. L'ensemble des installations est de la plus haute qualité.
De l'extérieur, on avait l'impression que vous étiez toujours de bonne humeur sur la pelouse, un boute-en-train, un showman, quelqu'un que la pression ne dérange pas.
Le football est un spectacle, comparable au théâtre. Les joueurs doivent divertir les spectateurs. Comme les acteurs, ils doivent apporter du plaisir pendant le spectacle, même si, à l'intérieur, il en va parfois tout autrement.
A la fin de votre période au Hertha, vous avez connu une crise mentale. Comment en êtes-vous arrivé là?
Nous nous sommes beaucoup entraînés et avons beaucoup travaillé, mais les résultats n'étaient pas au rendez-vous, alors nous avons travaillé encore plus. À un moment donné, nous avons commencé à douter de nous et à faire des erreurs dans les matches. C'était un cercle vicieux. J'étais vide, je ne voulais plus sortir dans la rue, je me demandais pourquoi je faisais tout cela.
Comment êtes-vous sorti de cette crise?
Pendant les vacances de Noël, j'ai rencontré par hasard Gyula Grosics, le gardien de but du onze d'or de Hongrie, il avait 82 ans. Il a vu dans mes yeux que quelque chose n'allait pas et m'a donné un conseil important.
Lequel?
Je devais me retirer de la vie publique, ne plus donner d'interviews, me concentrer pleinement sur l'entraînement et la récupération. Quand je suis rentré à Berlin, j'ai donné une conférence de presse et j'ai demandé le silence, expliqué pourquoi je ne donnerais plus d'interviews jusqu'à l'été. Les médias l'ont compris et c'était exactement ce qu'il fallait faire. J'ai repris le dessus.
Ce père de famille de 48 ans est marié et a deux enfants: sa fille Viktoria (23 ans) et son fils Matyas (19 ans), qui est également gardien de but et a signé son premier contrat professionnel avec le club de deuxième division Kazincbarcikai. Gabor Kiraly a joué 108 matchs pour l'équipe nationale hongroise, ainsi qu'en Allemagne pour le Hertha, Leverkusen et Munich 1860, et en Angleterre pour Crystal Palace, West Ham, Aston Villa, Fulham et Burnley. Il a commencé et terminé sa carrière dans son club d'origine, Haladas. Après l'Euro 2016 (élimination en huitièmes de finale), il a mis fin à sa carrière en équipe nationale et, en 2019, à 43 ans, il a raccroché ses gants de gardien de but et ses chaussures de football. Il dirige désormais avec sa femme le centre sportif Kiraly à Szombathely, qu'il n'a jamais cessé de développer depuis 2003.
Ce père de famille de 48 ans est marié et a deux enfants: sa fille Viktoria (23 ans) et son fils Matyas (19 ans), qui est également gardien de but et a signé son premier contrat professionnel avec le club de deuxième division Kazincbarcikai. Gabor Kiraly a joué 108 matchs pour l'équipe nationale hongroise, ainsi qu'en Allemagne pour le Hertha, Leverkusen et Munich 1860, et en Angleterre pour Crystal Palace, West Ham, Aston Villa, Fulham et Burnley. Il a commencé et terminé sa carrière dans son club d'origine, Haladas. Après l'Euro 2016 (élimination en huitièmes de finale), il a mis fin à sa carrière en équipe nationale et, en 2019, à 43 ans, il a raccroché ses gants de gardien de but et ses chaussures de football. Il dirige désormais avec sa femme le centre sportif Kiraly à Szombathely, qu'il n'a jamais cessé de développer depuis 2003.
Aujourd'hui, vous donnez des leçons de motivation à des cadres de grandes entreprises. Que leur dites-vous?
C'est un besoin. Beaucoup d'entreprises ont fait le maximum, mais les propriétaires en veulent toujours plus. Comment y parvenir? Je ne dis pas aux gens ce qu'il faut faire, mais je leur parle de ma carrière, des difficultés et des succès, de la manière dont j'ai toujours réussi à me motiver. J'ouvre des portes sous des angles inhabituels pour eux. Cela donne des impulsions fraîches.
Pourquoi êtes-vous devenu gardien de but?
Lorsque j'étais junior à Haladas, le club de cette ville, il y avait un gardien de but qui s'appelait Peter Hegedüsch. C'était un spectacle à lui tout seul, il faisait des piqués pendant les matches, il faisait des passes vers ses coéquipiers via sa propre barre transversale. Tout le monde voulait lui ressembler. J'ai appris toutes les astuces de lui.
Plus tard, vous avez aussi fait des passes spectaculaires, par exemple une entre les jambes à l'Euro 2016. Vous n'avez jamais osé le faire avec la latte, n'est-ce pas?
A l'entraînement, oui, mais pas en matches. Je me souviens d'un match à domicile avec le Hertha contre le HSV, c'était le dernier match de la saison, il n'y avait aucun enjeu. Les spectateurs me criaient de le faire! J'ai pris le ballon, je me suis retourné, j'ai fait semblant de le lancer sur mon propre but. Un silence de mort s'est installé dans le stade. Mais notre entraîneur, Jürgen Röber, a failli avoir une crise cardiaque. Nous en sommes restés à la feinte.
Quel a été le plus grand défi de votre carrière?
Le jeu de gardien de but a évolué si rapidement qu'il fallait rester dans le coup. La règle selon laquelle on ne pouvait plus prendre la passe en retrait avec les mains a changé beaucoup de choses. A 26 ans, j'ai fait ma première passe du pied gauche, alors qu'avant je n'étais pas obligé de le faire. Les gardiens devaient devenir de plus en plus flexibles, plus forts techniquement, capables de jouer des deux pieds, plus mûrs mentalement, plus rapides dans leur réflexion. Il fallait suivre cette évolution, sinon on disparaissait.
Quel a été le moment le plus émouvant de votre carrière?
Il y en a eu tellement. Je n'oublierai jamais mon premier match international en 1998. Notre football était à terre. La Hongrie venait de perdre contre la Yougoslavie 1-7 et 0-5. Il fallait faire quelque chose, un changement a été initié, tout a été remis à plat. A la surprise de beaucoup, je suis devenu le nouveau numéro 1.
Pourquoi de manière surprenante?
Lorsque j'ai rejoint le Hertha Berlin six mois plus tôt, peu de gens pensaient que j'allais percer. J'étais très critiqué dans mon pays. Et d'un coup, je me suis retrouvé dans les buts de l'équipe nationale. Les fans sont venus à Vienne avec 48 bus pour assister en direct à notre nouveau départ.
Comment s'est déroulé le match?
A peine avait-il commencé qu'il y avait déjà un penalty pour l'Autriche. Toni Polster a tiré, je l'ai arrêté. C'était mon premier contact avec le ballon. Nos supporters ont scandé mon nom, nous avons gagné 3-2, et après le match, j'ai pleuré pendant l'interview. À l'époque, j'ai demandé aux supporters hongrois d'être patients avec nous. Lorsque j'ai accordé une nouvelle interview à l'âge de 40 ans, lors de l'Euro, après mon dernier match international, j'ai remercié les fans pour leur patience. C'est ainsi que ma carrière s'est achevée.
Un pantalon de jogging gris, large et élimé, dans le style des années huitante, avec un laçage à la taille: cette tenue a rendu Gabor Kiraly culte. C'était pourtant un pur hasard. A ses débuts au Haladas Szombathely, il manquait un short et il n'y avait que ce pantalon gris de disponible. Ce hasard a marqué le début d'une série de victoires. Et Gabor Kiraly a fait de la nécessité une vertu, jouant dès lors chaque match avec le pantalon porte-bonheur, qui est ensuite devenu un véritable article de merchandising.
Un pantalon de jogging gris, large et élimé, dans le style des années huitante, avec un laçage à la taille: cette tenue a rendu Gabor Kiraly culte. C'était pourtant un pur hasard. A ses débuts au Haladas Szombathely, il manquait un short et il n'y avait que ce pantalon gris de disponible. Ce hasard a marqué le début d'une série de victoires. Et Gabor Kiraly a fait de la nécessité une vertu, jouant dès lors chaque match avec le pantalon porte-bonheur, qui est ensuite devenu un véritable article de merchandising.
L'Euro 2016 a été très important pour le football hongrois.
Nous avons enfin pu nous qualifier à nouveau pour une phase finale. Avant cela, nous n'avions pas participé à un championnat d'Europe depuis 1972 et à une Coupe du monde depuis 1986. Il y a donc eu de nombreuses années sans joie. Maintenant, nous nous sommes qualifiés pour l'Euro pour la troisième fois consécutive, ce qui montre l'évolution du football hongrois.
Quelle est la force de l'équipe hongroise actuelle selon vous?
Elle séduit par son esprit d'équipe et sa compacité. Ici, tout le monde est prêt à aider l'autre. Marco Rossi y est pour beaucoup. C'est un grand entraîneur qui sait comment composer l'équipe pour qu'elle fonctionne humainement.
En Hongrie, est-on satisfait d'atteindre la phase finale ou espère-t-on atteindre la suite de la compétition?
Passer la phase de groupes serait très important pour franchir une nouvelle étape. Les attentes sont par conséquent très élevées.
Comment évalue-t-on la Suisse?
Avec l'Allemagne et les Écossais, nous savons à peu près à quoi nous attendre. Avec les Suisses, c'est différent. Il est difficile de les évaluer, car ils sont très forts dans un match et étonnamment faibles dans un autre. Je pense que ce groupe est très équilibré et que chaque équipe peut espérer aller plus loin.
La Hongrie débute l'Euro contre la Suisse - votre pronostic?
Un match très important, les chances sont de 50% pour les deux.
Quelle est l'importance de l'équipe nationale pour la Hongrie?
La vie en Hongrie est un défi, comme dans les autres pays. Le monde est en train de changer. Mais mon opinion est qu'il ne faut pas se plaindre, mais oser et faire quelque chose, prendre des initiatives, contribuer à ce que les choses s'améliorent. C'est ce que nous voulons faire ici avec cette académie, où nous transmettons des valeurs telles que la tolérance, la cohésion et le respect. La vie doit être un plaisir et avoir un sens. Avec de bonnes performances et une bonne présentation, l'équipe nationale peut motiver et faire plaisir, donner aux gens un bon sentiment. C'est déjà beaucoup.