22h53. Au coup de sifflet final, une énorme clameur s'élève devant l'écran géant installé sur la plaza de Colon, dans le centre de Madrid. Drapeau espagnol en main, des supporters sautent de joie, s'embrassent, chantent à tue-tête. La scène se reproduit également sur les bords du Léman, à Ouchy, ou de nombreux fan de la Roja se sont réunis pour suivre la finale à la fan-zone.
«Quelle joie collective, je ne m'y attendais pas!», s'enflamme Dolores Martinez, Sévillane de 45 ans séduite par le tempérament des joueurs espagnols. «Ils sont tous sympas, ils sont jeunes et insolents, c'est un vrai bonheur!»
«Avant la compétition, évidemment, je ne pensais pas qu'ils allaient gagner», complète César Gallegos, 57 ans, surpris par la dimension prise par plusieurs joueurs durant le tournoi. «Mais en voyant l'évolution de l'équipe, j'y ai cru.»
Rodri, «meilleur du monde à son poste»
Dans les rues de la capitale, où des milliers d'habitants sont descendus fêter la victoire, les coups de klaxons le disputent aux concerts de sifflets. A Barcelone, Pampelune ou Bilbao, les mêmes scènes de liesses se répètent.
L'Espagne veut «marquer l'histoire», avait assuré le technicien espagnol, Luis de la Fuente, avant la rencontre. Mission accomplie avec cette victoire 2-1 sur l'Angleterre, obtenue au terme d'un match à rebondissements.
«Nous avions un bon groupe, les joueurs étaient motivés», savoure Iker Garcia, Andalou de 26 ans, séduit notamment par la prestation du milieu de terrain Rodri au cours du tournoi. C'est «le meilleur au monde à ce poste», juge-t-il.
Cette couronne européenne est la quatrième obtenue par l'Espagne après les titres européens de 1964, 2008 et 2012. Un exploit qu'aucune autre équipe européenne n'a réalisé.
La force des jeunes
Tout au long de la compétition, les hommes de Luis de la Fuente ont déjoué les embûches, en se défaisant de plusieurs grosses équipes, dont l'Allemagne en quarts de finale et la France en demie. Avant l'Angleterre dimanche soir.
«Ce que j'ai le plus aimé dans cette sélection, ce sont les jeunes», s'enthousiasme Rafael Pineda, 24 ans, qui ne s'attendait pas à voir l'Espagne aller si loin dans la compétition. Arriver là, «c'est émouvant», lâche-t-il.
Adeptes comme à leur habitude de la possession de balle, les Espagnols ont su ajouter à leur style de jeu une force de percussion, grâce à leurs deux jeunes pépites, Lamine Yamal, 17 ans depuis samedi, et Nico Williams, 22 ans.
Oublier les tensions quelques instants
Avec à la clé une touche de magie qui a séduit un pays tout entier, rassemblé derrière son équipe, au-delà des divisions entre régions et des tensions politiques qui agitent le pays depuis des mois.
«Au début, je pensais que nous n'allions pas passer la phase de poule parce que nous avions avec nous la Croatie et l'Italie», deux équipes réputées «fortes», confie Cora Barciela, Majorquine d'une vingtaine d'années.
«Être ici aujourd'hui signifie beaucoup pour moi, car je pense qu'ils ont rassemblé le pays à nouveau, et c'est très beau», ajoute cette supportrice de Barcelone, qui se réjouit de la ferveur nationale suscitée par la Roja.
Fan du Barça? Supporter du Real Madrid? «Aujourd'hui, c'est le dernier jour où, quelle que soit l'équipe à laquelle vous appartenez, vous aimerez Lamine, vous aimerez Carvajal», arrière latéral madrilène, conclut-elle.
Un esprit de communion salué par le Premier ministre Pedro Sanchez. «Fierté des joueurs. Fierté de l'équipe. Fierté du pays. Vous avez fait vibrer toute l'Espagne avec votre jeu», a-t-il salué sur X.