Le contraste est saisissant entre l'humeur majoritaire en Suisse, celle d'une population réticente à soutenir son équipe nationale dans la foulée de qualifications décevantes, et celle régnant à Cologne en ce samedi matin.
Dans ce qui était le groupe le plus faible depuis fort longtemps (Roumanie, Biélorussie, Israël et Kosovo), la Nati s'en est tirée de justesse et des critiques, fort justifiées, se sont élevées partout dans le pays. Comment cette équipe, qui a fait sortir des millions de personnes dans la rue à l'été 2021, a-t-elle pu se montrer aussi poussive à peine deux ans plus tard? La rue y voit le travail de sape de Murat Yakin, un sélectionneur contesté, mais le fait est que la Nati est encore extrêmement soutenue lors de cet Euro allemand.
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Il suffit de se promener dans les rues de Cologne en ce samedi matin pour n'y voir que du rouge, partout. Elles et ils sont 10'000 à avoir un ticket pour le match, mais il semble y avoir bien plus de Suissesses et de Suisses présents autour du mythique dôme et dans les rues du centre-ville. «Murat Yakin ou pas, on est là», rigole un Valaisan croisé devant une boulangerie de Neumarkt. «Franchement, la Nati ne me fait pas rêver. Je suis comme tout le monde, je vois les matches. Mais le déplacement est sympa, l'Allemagne est un vrai pays de foot et cet Euro s'annonce bien. Je suis là pour les deux premiers matches, avec un pote et sa copine», détaille-t-il.
La Nati part de loin
Les supporters de la Nati sont partout et la procession en direction du stade se fera aux alentours de midi, en prenant bien soin de ne pas croiser la Brigade des Carpates, la solide délégation d'ultras hongrois. Mais partout ailleurs, en ville, les maillots hongrois et suisses se saluent et se croisent sans aucune animosité, dans le plus pur esprit de l'Euro.
La Suisse est attendue ce samedi, et elle ne devra pas rater son début d'Euro dans l'optique d'emmener le peuple suisse dans son sillage. Mais il faudra surtout calme et lucide en cas de contre-performance et se rappeler de ce fameux été 2021, où la lumière était venue dans le troisième match, pas avant. Et vu la faiblesse de l'Ecosse ce vendredi en match d'ouverture, même une défaite face à la Hongrie ce samedi ne serait pas rédhibitoire. Ce n'est cependant pas l'idée, bien sûr. Ce samedi, Granit Xhaka et ses coéquipiers veulent allumer le feu de l'espoir dans le cœur des supportrices et supporters suisses. Ils le savent: au vu des derniers mois, ils partent de loin.