L’arbitrage fait parler ces derniers temps en Suisse romande. Beaucoup en Valais, un peu à Neuchâtel tout récemment.
Un débat qui a trouvé un nouvel écho lors du huitième de finale de Coupe de Suisse entre le Lausanne-Sport et Young Boys. Le score final (1-5) laisse peu de place au doute et le leader de Super League n’a logiquement fait qu’une bouchée du quatrième de Challenge League.
Le match a pourtant reflété une réalité bien différente. Durant 70 minutes, le LS a regardé les Bernois droit dans les yeux. Les Vaudois ont même souvent été la meilleure équipe sur le terrain… exception faite d’un premier quart d’heure cauchemardesque qui a permis à YB de mener 2-0. Une confortable avance que les illustres visiteurs n’avaient «qu’à» gérer.
«Tu dois voir le corner de tes propres yeux»
Mais cette entame de match, parlons-en. L’ouverture du score bernoise sur corner était-elle valable? Au stade, comme à la télévision, il semble que non. Le dégagement d’Archie Brown, contré par le pied de Vincent Sierro, débouche sur un corner désigné par l’arbitre de touche.
Le défenseur vaudois a-t-il retouché la balle avant qu’elle ne sorte? «Non, non, non, martèle le principal intéressé. Je ne sais pas ce que dit l’assistant. J’ai discuté avec lui et il m’a dit qu’il avait entendu que la balle avait touché mon pied. Mais je ne sais pas comment c’est possible dans un stade plein. Si tu donnes corner, tu dois le voir de tes propres yeux.»
Un 1-0 plus que discutable qui plombe le LS dès la cinquième minute de jeu.
Le sort n’a pas non plus été en faveur des Vaudois puisque, quelques instants plus tard, une déviation malheureuse de ce même Archie Brown a envoyé le ballon au fond de ses propres filets (11e, 2-0). «Ce sont des choses qui arrivent, relativise le jeune Anglais. Vous avez parfois de la chance et d’autres fois pas.»
Heureusement pour les supporters vaudois, leurs joueurs ont trouvé des ressources. Le LS a réduit la marque grâce à un magnifique goal d’Olivier Custodio (32e, 2-1). L'espoir lausannois a duré jusqu’à la 68e minute et le troisième goal bernois.
Alvyn Sanches trop léger?
La réussite de Christian Fassnacht a plié le match. Sauf qu’encore une fois, le début de l’action est litigieux. Alvyn Sanches est bousculé en plein dribble par le retour du Bernois Meschack Elia. L’arbitre a décidé de ne pas porter son sifflet à la bouche, jugeant que le talent lausannois aurait dû tenir sur ses appuis. A voir la réaction de Ludovic Magnin sur le ralenti, celui-ci n’est pas du même avis que l’officiel.
Au terme d’un tel match, on aurait pu s’attendre à des Lausannois remontés à l’heure de l’interview. Mais pas du tout. Lucide, Archie Brown reconnaît que lui et ses coéquipiers ont été trop «imprécis sur les goals concédés». «Il y a eu des mauvais marquages ou des replis défensifs insuffisants», analyse le défenseur.
Bien évidemment, Archie Brown se dit frustré par les «quelques erreurs d’arbitrage, surtout quand c’est contre Young Boys» mais le Britannique se rend compte que le match ne s’est pas joué que sur cela. «Je ne sais pas si ce fameux corner sur le 1-0 a vraiment eu un impact sur le score final.»
«Deux-trois faits de jeu»
Même son de cloche de la part de son entraîneur et ex-défenseur de la Nati Ludovic Magnin. En zone mixte, le tacticien vaudois était très calme au moment de l’analyse: «On a vu où était la différence dans ce match: deux-trois faits de jeu qui n’ont pas été en notre faveur et la qualité d’une équipe comme Young Boys dans les seize mètres.»
Le coach est revenu sur ces quelques actions sujettes à discussion. «Avec les lunettes du Lausanne-Sport, on voit l’action autrement», développe-t-il. Avant de rajouter, sourire en coin: «Les trois joueurs de Young Boys qui sortent à la pause (ndlr: Aurele Amenda, Sandro Lauper et Donat Rrudhani) doivent prendre jaune-rouge en première mi-temps. C’est du bon coaching… ou alors, on peut voir les choses d’une autre manière.»
Les sous-entendus sont légion, mais Ludovic Magnin ne s’élance pas davantage sur cette pente glissante. «Je crois qu’il y a assez d’autres clubs qui parlent de l’arbitrage», sourit-il une dernière fois avant de s’engouffrer dans le tunnel de la Tuilière. Même à la retraite, «Ludo» continue d’appuyer ses tacles.