Des émotions pour longtemps
La soirée folle de Servette en cinq moments forts

Le succès des Grenat face au Sheriff Tiraspol, le premier de l'histoire du SFC en phase de poules d'une compétition européenne, a provoqué de belles émotions au Stade de Genève. Blick vous propose de le revivre en cinq points.
Publié: 10.11.2023 à 10:25 heures
|
Dernière mise à jour: 10.11.2023 à 10:36 heures
L'ambiance a été belle au Stade de Genève, même si le stade n'était pas plein.
Photo: Getty Images
Tim Guillemin
1

Les «latérales» répondent à la Tribune Nord

Le Stade de Genève n'était pas plein, c'est vrai, et on regrettera toujours l'attitude des «touristes», le terme est adéquat, qui ont acheté leur «pack trois matches» uniquement pour pouvoir prendre des selfies au stade face à la Roma et n'ont même pas pris la peine de se déplacer ce jeudi pour encourager leur équipe (mais est-elle vraiment la leur?) contre le Sheriff.

Assez parlé des absents! Ceux qui étaient là ce jeudi en garderont un souvenir pour longtemps, tant l'atmosphère du stade a petit à petit basculé dans l'euphorie au cours d'une soirée qui a pris une tournure irrationnelle en fin de match avec un scénario exceptionnel et ces deux buts inscrits face à la Tribune Nord, celle où sont regroupés les fans les plus fervents et les plus fidèles. Steve Rouiller et Chris Bedia auraient évidemment également été heureux d'avoir marqué de l'autre côté, face à une tribune vide, mais le fait d'avoir inscrit ces deux buts en face d'une tribune pleine de furieux et d'amoureux du SFC a décuplé les émotions.

Le moment le plus beau, et le plus émouvant sans doute, aura été le «Aux Armes» de la deuxième période, encore plus que celui de la première finalement. Voir et entendre ces dizaines d'enfants dans la tribune principale, maillot de Servette sur la veste pour la plupart, tendre leur bras et répondre au kop «Et nous allons gagner» en hurlant de toutes leurs forces, provoque des frissons plusieurs heures après en écrivant ces lignes.

Ces émotions, que seule l'Europe peut procurer, construisent l'histoire d'un club et sa grandeur, et contribuent à faire perdurer une tradition et grandir une institution. Ces enfants ne connaissent pas l'histoire du SFC, mais ils l'ont ressentie ce jeudi et ont reçu les premières effluves d'un héritage, transmis par les anciens. C'est précisément cela, être un grand club historique. Et cette transmission est particulièrement belle à voir lorsqu'elle se matérialise sous nos yeux, dans un stade suisse.

2

René Weiler et ses changements offensifs, mais équilibrés

Le kop du SFC a été parfait durant toute la rencontre, mais si le match a basculé dans la folie, c'est aussi et surtout au coaching de René Weiler qu'il le doit. L'entraîneur du SFC a bousculé son système dès la 53e en remplaçant un latéral, Théo Magnin, par un attaquant, Enzo Crivelli.

Pas besoin d'attendre la 80e pour tout donner, comme l'ont fait trop d'équipes suisses par le passé en Europe: l'entraîneur du SFC a compris l'urgence et n'a pas hésité. Mais Servette a eu l'intelligence de ne pas se découvrir, même si David Ankeye aurait pu inscrire le 0-2 après s'être amusé avec Yoan Séverin et que la douche aurait été glaciale à ce moment-là.

René Weiler a encore sorti un joueur à caractère défensif, Gaël Ondoua, pour lancer Jérémy Guillemenot, et il a eu raison à 100%. Et, en plus de ces deux changements ultra-offensifs, il n'a pas bridé ses joueurs: Steve Rouiller, défenseur central, s'est retrouvé dans les seize mètres du Sheriff pour égaliser à la 84e... L'audace et le courage ont payé et, comme un symbole, c'est lui, le défenseur de 33 ans, humble serviteur de l'ombre, qui a pu faire exploser de joie tout le stade sur ce 1-1.

Tout réussit à René Weiler depuis un mois environ.
Photo: Urs Lindt/freshfocus
3

Jérémy Frick, héros discret mais décisif

L'emblématique gardien du SFC a eu beaucoup moins de travail que Maksym Koval jeudi, mais il a longtemps cru qu'il serait le seul des deux à avoir encaissé un but ce jeudi, ce centre de Jérôme Mbekeli dévié par Yoan Séverin dans son propre but...

Mais le gardien genevois, s'il a été peu sollicité, a tout de même sauvé son équipe juste après l'égalisation de Steve Rouiller, remportant un face à face qui est passé un peu inaperçu dans l'euphorie générale et la folie complète de cette fin de match, mais qui vaut très cher.

Son attitude à 1-1 a d'ailleurs montré que Servette ne voulait pas se contenter du nul. A une reprise, au moins, on l'a vu demander à René Weiler s'il pouvait monter pour tenter d'apporter le surnombre, ce qu'il n'a finalement pas eu besoin de faire. Un leader, un vrai, décisif quand il le faut.

Jérémy Frick, Anthony Baron et Enzo Crivelli célèbrent après la victoire.
Photo: AFP
4

Jérémy Guillemenot, comme un symbole

S'il est un attaquant qui énerve les défenseurs de Super League, et que les arbitres ont à l'oeil, c'est bien lui, Jérémy Guillemenot. Même s'il plonge moins aujourd'hui, sa réputation est faite et il ne pourra jamais s'en détacher: l'attaquant du SFC cherche les penalties, ce qui lui a valu quelques reproches du côté de Saint-Gall, mais qui a aussi rapporté beaucoup de points à son équipe. Visiblement, sa renommée n'est pas arrivée jusqu'en Lituanie, et heureusement, car l'arbitre n'a hésité aucune seconde au moment de lui accorder un penalty tout à fait justifié à la 90e après un accrochage avec Armel Zohouri, l'ancien latéral du LS!

Au-delà de ce penalty obtenu, son entrée volontaire et déterminée a démontré deux choses.

Premièrement, qu'il respectait à 100% ce maillot grenat, malgré sa frustration de ne pas débuter les parties aussi souvent qu'il l'aimerait. Il avait déclaré avant le match aller à Tiraspol qu'il était particulièrement fier de pouvoir défendre les couleurs de sa ville en Europe et il l'a démontré par des actes, donnant tout durant les quinze minutes passées sur la pelouse.

Et deuxièmement, cela démontre que René Weiler n'a pas perdu son attaquant, même en l'utilisant peu et en l'exilant parfois sur le côté droit. Servette a un effectif très large, qui lui permet de résister aux blessures, et les victoires donnent du crédit à son entraîneur dans la manière, souvent contestée en début de saison, de gérer son effectif.

Jérémy Guillemenot sur les épaules de Chris Bedia, auteur du 2-1 sur penalty.
Photo: Urs Lindt/freshfocus
5

La deuxième place n'est pas un objectif

René Weiler l'a dit, il ne veut pas rêver. Il est vrai que le Slavia ayant battu la Roma jeudi, les Tchèques et les Italiens sont tous deux à neuf points dans ce groupe, Servette en comptant quatre.

Le calcul est simple: le SFC doit gagner deux fois et espérer que la Roma ou le Slavia trébuche contre le Sheriff. Difficile à imaginer, mais cela donne tout de même un enjeu supplémentaire à la venue des Italiens dans vingt jours, le 30 novembre: au coup d'envoi, tout sera encore jouable, ce qui est quelque chose d'important dans la préparation du match.

Avec trois points d'avance (et trois buts) sur le Sheriff, la troisième place, synonyme de Conference League, est elle quasiment assurée. Difficile en effet d'imaginer que les Transnistriens puissent remporter trois points pendant que Servette n'en prend aucun. Les Genevois et leur public devraient donc pouvoir vivre de belles émotions européennes au printemps 2024.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la