La salle de presse de l’Allianz Arena de Turin est bien remplie lorsque le Suisse y pénètre. Dehors, il fait un temps ensoleillé dans la ville italienne: 16,5 degrés pour un 2 février. Et une partie des gens parle en français, comme c’était l’usage dans le Piémont il y a très longtemps.
Ce n’est pas étonnant puisque de nombreux joueurs de l’Hexagone ont laissé leur trace chez la Vieille Dame. Michel Platini, Zinédine Zidane, Didier Deschamps ou encore Paul Pogba. Et Denis Zakaria est déjà comparé à ce dernier. Stéphane Chapuisat, légende de la Nati, a déclaré qu’il voyait du Pogba dans le jeu de Zakaria. «Pogba est un joueur d’exception qui a laissé un énorme héritage ici. J’espère avoir autant de succès que lui, souffle le milieu genevois. Mais j’ai ma propre identité. Les modèles sont bons et importants, mais je veux laisser ma propre empreinte.» De toute façon, son modèle serait plutôt un autre grand milieu de terrain français, Patrick Vieira: «Je l’aimais beaucoup. Mais comme je l’ai dit, je veux être moi, et personne d’autre.»
«Le club préféré de mon père»
En revanche, les deux autres joueurs à croix blanche qui sont parvenus à porter les couleurs de la Juventus ne viennent pas de Suisse romande: Davide Chiumiento (trois apparitions en 2004) est Italo-Appenzellois, tandis que Stephan Lichtsteiner (sept titres de champion entre 2011 et 2018) est Lucernois. Le Vaudois Reto Ziegler, lui, n'avait jamais disputé de rencontre officielle avec la Juve et avait été prêté plusieurs fois à d'autres clubs lorsqu'il était sous contrat avec la Vieille Dame, entre 2011 et 2014.
Denis Zakaria se dit fier d’être le troisième Suisse dans le Piémont et est conscient qu’il est en train d’écrire l’histoire. «Très fier, même! C’est un club dont j’ai toujours rêvé. Et c’est le club préféré de mon père.»
Y a-t-il toutefois eu un contact avec Lichtsteiner avant de signer en Italie? «Tout s’est passé si vite, répond Zakaria. Je n’ai pas eu le temps d’appeler Stephan. Mais je vais certainement le faire.»
«Gentil et modeste»
Denis Zakaria sourit. Encore et toujours. Il est de ceux qui prennent tout avec une dose de légèreté. Toujours sympa, toujours de bonne humeur. Pas étonnant que ses collègues italiens soient séduits par le Genevois: «Il est très gentil. Très modeste, les deux pieds sur terre», nous explique Fabiana Della Valle, journaliste et spécialiste de la Juventus à la «Gazzetta dello Sport».
Avant cela, elle ne savait pas grand-chose de Denis Zakaria. «Bien sûr, il y a eu le match face à l’Italie à l’Euro, explique-t-elle. Bon, il n’a pas pu laisser une impression marquante lors de ce match-là, car il n’a pas joué du tout. Et les deux matches nuls lors des qualifications pour la Coupe du monde ont été effacés de la mémoire collective par les Italiens.» Mais il y a eu aussi les performances du milieu genevois au Borussia Mönchengladbach. «Très honnêtement, nous suivons surtout la Liga et la Premier League en Italie, raconte la journaliste transalpine. Avec la Bundesliga, qui est extrêmement dominée par le Bayern, nous avons du mal.»
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Une domination qui pourrait rappeler une autre, en Italie. Du moins jusqu’à la saison passée. Après neuf titres consécutifs, la Juve a été détrônée par l’Inter Milan. Denis Zakaria lui-même ne met pas en lumière son désormais ex-championnat: «Si je compare avec la Bundesliga, la Juventus est clairement un pas en avant…»
Le joueur parfait pour Massimiliano Allegri
Néanmoins, il ne sera probablement pas possible de prétendre au titre cette saison non plus, compte tenu des onze points de retard sur le leader solide qu’est l’Inter, qui compte qui plus est un match disputé en moins. Mais cela ne doit pas être le problème du joueur, plutôt celui de l’entraîneur, Massimiliano Allegri. «Pour se rapprocher du leader, le 'Mister' cherchait précisément un tel joueur, explique notre consœur transalpine. Un joueur très fort physiquement, qui fait le ménage devant la défense, mais qui fait aussi de bonnes passes et qui lit le jeu.» Denis Zakaria devra néanmoins travailler sur un de ses points faibles: son implication directe sur les buts turinois. «La Juventus est le bon endroit pour atteindre cet objectif et être plus efficace», explique le Genevois.
La Juventus jouera dimanche contre Vérone, à 20h45. Avec ou sans «Zak»? «Je suis en forme, j’ai fait les deux premiers entraînements et je me sens prêt. Si le coach a besoin de moi, je suis plus que disposé à l’aider.» Dans la hiérarchie du milieu de terrain, l’international suisse sera le numéro deux, derrière le patron, Manuel Locatelli. Et ce dernier sera justement suspendu dimanche. De plus, Weston McKennie a disputé mercredi un match de qualification pour la Coupe du monde avec les États-Unis et ne rentrera en Europe que vendredi. Les chances de voir Denis Zakaria faire ses débuts contre Vérone semblent donc grandes.