Dans la plus pure tradition des défenseurs français buteurs en demi-finale de grande compétition – Jean-François Domergue à l'Euro 1984, Lilian Thuram au Mondial 1998 et Samuel Umtiti il y a quatre ans et demi en Russie –, le latéral gauche a qualifié les Bleus pour leur quatrième finale mondiale, au jour de sa douzième sélection.
Bras écartés, tête haute, regard convaincu devant une tribune du stade al-Bayt largement aux couleurs du Maroc, le défenseur de l'AC Milan a peut-être pensé à son frère Lucas, au moment de célébrer son but. Victime d'une rupture d'un ligament croisé du genou droit dès les premières minutes du tournoi contre l'Australie (4-1), l'aîné a dû apprécier, lui qui confiait à l'AFP, avant le Mondial, qu'il éprouverait beaucoup de bonheur à voir son frère lui passer devant dans la hiérarchie. «Si c'est à mon frère de jouer, je serais presque encore plus content !», s'exclamait alors le Munichois.
«Attaquer fort, le plus vite possible»
Devant son écran, Lucas a pu apprécier le geste acrobatique de Théo dès la 5e minute, une reprise compliquée du gauche, après une frappe contrée de Kylian Mbappé. Pour les Bleus, c'était le scénario parfait: qui d'autre qu'un défenseur pour percer la muraille marocaine, jamais prise en défaut dans ce Mondial, à l'exception d'un but contre son camp de Nayef Aguerd ?
En marquant après quatre minutes et 39 secondes, Théo est devenu le buteur le plus rapide en demi-finale de Coupe du monde depuis 1958 et le Brésilien Vavá après deux minutes contre... la France, selon le statisticien Opta.
Le capitaine Hugo Lloris avait demandé à ses troupes «d'attaquer fort» le «plus vite possible», mardi, et Théo a appliqué les consignes. Souhaitait-il se racheter après sa grossière faute commise en quart de finale sur Mason Mount, causant un penalty finalement raté ?
Le joueur de 25 ans a en tout cas cette capacité énorme de faire la différence offensivement, au contraire de son frère, formé comme défenseur central. En douze sélections, Théo est déjà impliqué dans huit buts en équipe de France: deux qu'il a inscrits lui-même, et six passes décisives, dont deux lors de cette Coupe du monde, pour Adrien Rabiot et Mbappé, son compère du flanc gauche bleu, encore plus rapide que lui. Là encore, c'est un record. Jamais un défenseur ne s'était montré aussi efficace lors de ses douze premières sélections sous le maillot tricolore.
Plus timide que son frère
En Chine, sa vitesse lui vaut déjà le surnom de «Super Voiture», et cela l'a fait rire, ces derniers jours en conférence de presse. «Si je suis une Ferrari, c'est mieux !» a-t-il lancé, dans une plaisanterie digne de son grand frère, beaucoup plus chambreur que lui. Déjà auteur de vingt buts et 19 passes décisives au Milan depuis son arrivée en 2019, le cadet des Hernandez s'inspire d'ailleurs de Lucas pour s'améliorer dans le travail défensif, son point faible.
Pour compenser un positionnement souvent imparfait et quelques erreurs, Théo affiche un tempérament très bagarreur, agressif dans tous les duels. Ce n'est pas le dernier, non plus, pour tomber par terre et grimacer lorsqu'il pense subir un accrochage... Lucas tout craché ! Quand il réclame des fautes, des touches ou des cartons, il n'est pas rare non plus de le voir afficher les mêmes sourcils froncés que son grand frère.
Mais Théo Hernandez tranche, dans le vestiaire, par un caractère très posé, presque timide, une force tranquille précieuse pour les Bleus dans leur quête de doublé. «En termes de personnalité, il est très calme par rapport à son frère», confirmait Ousmane Dembélé durant le Mondial. Du calme, il en a fallu aux Bleus pour se sortir du piège marocain. Il leur en faudra toujours plus face à l'Argentine de Lionel Messi.
(AFP)