Le coup d’envoi de la Coupe du monde de football au Qatar sera donné dans un peu moins de deux mois à Doha. Alors que le grand événement approche, l’ambassadeur en Suisse de l’émirat a accordé une interview au «Tages Anzeiger», publiée vendredi. Mohammed Jaham Abdulaziz Al Kuwari y réfute les critiques dont son pays est la cible.
«Chaque pays a sa propre culture»
«Le Qatar est un pays exceptionnellement hospitalier, affirme le diplomate. Tout le monde sera bienvenu. Indépendamment de la couleur de la peau, du sexe, de la nationalité ou de l’orientation sexuelle.»
«Mais que se passerait-il si, en tant qu’homme, j’embrasse un autre homme dans les rues de Doha?», questionne l’un des deux journalistes du quotidien zurichois. «Même ici à Berne, deux hommes qui s’embrassent dans la rue sont regardés, répond le diplomate qatari. Les homosexuels sont les bienvenus à la Coupe du monde. Mais deux hommes qui s’embrassent… Chaque pays a sa propre culture qu’il faut respecter. Je dois aussi m’adapter à vos coutumes culturelles en Suisse.»
«Les homosexuels ne sont pas suivis par la police»
Dans une interview accordée à Blick en novembre dernier, lors de son entrée en fonction à Berne, Mohammed Jaham Abdulaziz Al Kuwari avait déjà déclaré à ce sujet: «Personnellement, je veux voir des hommes embrasser des femmes.»
Au Qatar, les relations sexuelles entre hommes représentent une infraction passible de peines pouvant aller jusqu’à sept ans de prison. «L’homosexualité existe partout, dans tous les pays du monde. C’est aussi le cas au Qatar. Et ces gens ne sont pas suivis par la police, ils ne sont pas condamnés. Ils vivent une vie normale comme tout le monde», relativise l’ambassadeur dans les colonnes du «Tages Anzeiger».
«En quoi les droits des travailleurs ont-ils été violés?»
Le diplomate s'est aussi voulu rassurant sur les cas des travailleurs migrants qui ont construit les stades et les nouvelles infrastructures de l’émirat. Selon un récent sondage d’Amnesty International, 81% des Suisses sont pourtant en faveur du versement de compensation financière pour la violation de leurs droits humains.
«En quoi leurs droits ont-ils été violés?, rétorque Mohammed Jaham Abdulaziz Al Kuwari. Quelle compensation devrait-il y avoir s’ils sont payés dans les temps, comme convenu par contrat, si leurs conditions de travail sont conformes aux normes internationales et s’ils sont bien logés?»
Seulement trois morts sur les stades, selon lui
Plus de 6500 personnes sont décédées sur les chantiers qataris depuis dix ans et l’attribution au pays de la Coupe du monde 2022. C’est ce qu’affirmait une enquête du journal anglais «The Guardian» en février 2021.
Un point à nouveau contesté par l’ambassadeur du Qatar en Suisse. «Malheureusement, cette information est trompeuse», martèle-t-il, avant d'avance des chiffres radicalement différents. Selon lui, seulement 38 travailleurs ont perdu la vie dans son pays et 35 de ces décès n’ont pas eu lieu sur des sites de constructions liés à la Coupe du monde.
«Des ouvriers meurent sur les chantiers. Des accidents se produisent en Suisse, comme partout dans le monde. Nous ne nous cachons pas lorsqu’il y a des problèmes. […] Nous respectons les personnes qui viennent travailler avec nous.»
Ueli Maurer au Qatar: «On se réjouit de sa visite»
Sans surprise, Mohammed Jaham Abdulaziz Al Kuwari est également convaincu que les accusations de corruption qui entourent cette Coupe du monde au Qatar sont le fruit d’un «préjugé». «Je suppose que non seulement nous, mais aussi tous nos concurrents, avons suivi les règles avant l’attribution du tournoi en 2010.»
Le diplomate termine l'entretien avec le «Tages Anzeiger» sur une note politico-commerciale, reconnaissant que des discussions sont en cours avec Ueli Maurer pour l’achat de gaz de la Suisse au Qatar. Mohammed Jaham Abdulaziz Al Kuwari affirme d’ailleurs que le conseiller fédéral UDC sera présent le 28 novembre prochain à Doha pour la rencontre de la Nati contre le Brésil: «On se réjouit de sa visite.»