Bien sûr, il y a l'aspect politique. Le souvenir de 2018, avec les aigles bicéphales formés par les mains de Granit Xhaka, Xherdan Shaqiri et même Stephan Lichtsteiner. L'émotion sera à nouveau à son comble entre les Serbes et les Suisses d'origine albanaise du Kosovo. Mais, jusqu'ici, tout le monde appelle à l'apaisement et à ne penser qu'au football.
Ce qui aide, c'est que les préoccupations sont ailleurs. À l'infirmerie, pour être précis. Toutes les équipes de ce Mondial placé au beau milieu de la saison sont touchées, notamment la France qui semble découvrir un blessé par jour, comme un calendrier de l'Avent avant l'heure.
Mais les Serbes ne sont pas en reste. Alors que la Suisse tremble pour Xherdan Shaqiri et Noah Okafor, la nation des Balkans marche sur des œufs: la moitié de l'effectif a au moins une alerte médicale! Et cela concerne les plus grandes stars de la Serbie. Jugez plutôt:
- Aleksandar Mitrovic a joué son dernier match avec Fulham fin octobre. «Il manque d'air. Après 70 minutes, il est à plat», analyse Alex Krstanovic, de la chaîne YouTube sportskacentrala.com, qui a longtemps vécu à Zurich.
- Sergej Milinkovic-Savic est également blessé et n'a fait que des petits exercices pendant que ses coéquipiers s'entraînaient à fond.
- L'ancien Bâlois Strahinja Pavlovic a dû sortir sur blessure contre le Cameroun. Son départ prématuré a totalement déstabilisé le bloc serbe contre les Africains (3-3).
- Milos Veljkovic, le pilier de Brême né à Bâle, a également dû quitter ses coéquipiers. Deux défections dans une défense à trois, voilà qui ne rassure pas.
- La superstar de la Juventus, Dusan Vlahovic, n'a pas joué une seule seconde contre le Cameroun. Personne ne sait si son aine sera remise à temps pour le match contre la Suisse.
«Seulement des questions sur le foot»
Au-delà de ces inquiétudes, il y a toujours l'autre aspect: la politique. Des journalistes serbes sont venus dès le match de la Suisse contre le Cameroun poser des questions sur l'aigle bicéphale dans la zone mixte. Le chef de la communication de l'Association suisse de football (ASF), Adrian Arnold, est intervenu lorsqu'il en a eu assez. Et le chef de presse de la Serbie, Milan Vukovic, a été clair: «Seulement des questions sur le match et la Coupe du monde.»
En voici une: quatre ans après avoir perdu contre la Suisse, qu'est-ce que la Serbie doit faire différemment? «Nous devons jouer mieux qu'en Russie», a répondu Sergej Milinkovic-Savic. Qu'est-ce qui caractérise la formation de l'entraîneur Dragan Stojkovic? Le capitaine Dusan Tadic insiste sur l'esprit de groupe: «Il y a une bonne ambiance, même après les défaites.»
Un cortège des fans serbes
Dans le chat des supporters serbes pour la Coupe du monde, des messages WhatsApp circulent et assurent que des supporters avec un drapeau albanais ont été vus en ville de Doha. Ils viendront au match juste pour provoquer et il faut s'y préparer, assure-t-on.
L'équipe des Balkans sera tout de même bien accompagnée: un cortège de fans est prévu depuis l'hôtel Rixos, où l'équipe serbe est logée, jusqu'au stade 974.