Un partage des points suffira à la Suisse pour se hisser en huitième de finale du Mondial si l'on considère que le Cameroun — avec un gardien qui ne serait sans doute pas titulaire en Promotion League — ne peut raisonnablement pas battre le Brésil dans le même temps.
Si la Suisse arrive à bon port, elle aura passé le cap de la phase de poules pour la quatrième fois lors des cinq dernières éditions de la Coupe du monde. Le seul échec depuis 2006 fut celui d'Ottmar Hitzfeld en 2010 en Afrique du Sud où la Suisse avait pris la troisième place de son groupe derrière l'Espagne et le Chili.
Malgré les aléas des derniers jours (les forfaits de Xherdan Shaqiri et de Noah Okafor contre le Brésil et l'absence de Yann Sommer et de Nico Elvedi à l'entraînement jeudi en raison d'un refroidissement), les feux sont au vert. Ce relatif optimisme repose sur l'enseignement majeur des dernières rencontres des deux équipes lundi.
Shaqiri est-il encore rapide?
La Suisse peut, en effet, s'appuyer sur une organisation défensive remarquable alors que les Serbes ont témoigné d'une extrême fébrilité dans leurs trente derniers mètres face au Cameroun. Même si Djibril Sow a raison de rappeler que la Suisse «n'a jamais été dans son histoire une grande équipe offensive», on la croit parfaitement capable d'exploiter les failles adverses. Surtout si Xherdan Shaqiri et Noah Okafor reviennent en jeu.
Déjà à Kaliningrad en 2018, Xherdan Shaqiri était parti dans le dos des défenseurs serbes pour inscrire le but de la victoire (2-1) dans le temps additionnel. On ne sait pas si le Bâlois a toujours les jambes, quatre ans plus tard, pour conclure une telle percée.
Mais son intelligence de jeu devrait lui permettre de poser sa griffe sur ce match face à une défense dont le meilleur élément selon les observateurs n'est autre que Strahinja Pavlovic qui a porté cette année les couleurs du FC Bâle pour un prêt de six mois bien infructueux.
Une nouvelle vague serbe
Buteur contre le Cameroun, Srahinja Pavlovic, coéquipier aujourd'hui de Noah Okafor et de Philipp Köhn à Salzbourg, s'est affirmé à 21 ans comme l'un des représentants de la nouvelle vague de la sélection serbe dirigée par Dragan Stojkovic.
L'ancien maître à jouer du Marseille de Bernard Tapie s'est également appuyé sur le sens du but de Dusan Vlahovic (22 ans) pour redonner à la sélection quelques lettres de sa noblesse passée. On rappellera que la Serbie a devancé le Portugal dans le tour préliminaire de cette Coupe du monde avant d'obtenir une promotion en première division de la Ligue des Nations.
Fort heureusement pour la Suisse, Dragan Stojkovic n'est pas parvenu à maintenir cette sorte d'état de grâce dans lequel baignait son équipe depuis des mois. La faute à une cascade de blessures - Pavlovic et Vlahovic justement mais aussi Alksandar Mitrovic, Sergej Milinkovic-Savic et Milos Veljkovic - et à un climat délétère suscité par de folles rumeurs de coucheries avec les compagnes de coéquipiers. On ne peut pas dire que la Serbie s'avance vers cette rencontre avec toute la sérénité voulue.
Le groupe vit bien
Dans le camp suisse, on veut croire que le groupe, selon la formule consacrée, «vit bien». Mais cette rencontre contre la Serbie dira si cette Coupe du monde au Qatar colle bien au discours tenu par une génération soucieuse «d'écrire l'histoire». Une élimination en phase de poules serait ressentie comme un échec cinglant seize mois après le quart de finale de l'Euro. Murat Yakin devra alors s'expliquer sur des choix qui n'ont pas seulement dérouté les observateurs les plus avertis mais également ses propres joueurs.
Mais si la Suisse s'impose ou prend le point qu'il faut, l'aventure avec un grand A continuera. Sans doute mardi soir dans l'écrin magnifique du stade de Lusail face au Portugal de Cristiano Ronaldo. Il serait bêta de ne pas y être, non?
(ATS)