«Face au Portugal, le Maroc est capable de créer la surprise», prédit l'ex-international marocain, principal artisan de la victoire surprise contre le Portugal (3-1) il y a 36 ans. «La mission ne sera pas facile mais j'y crois», assure Khairi, 60 ans, dans un entretien téléphonique avec l'AFP à Rabat, depuis le Qatar, où il officie comme consultant auprès d'une chaîne arabe.
Le 11 juin 1986, il fut élevé au rang de héros après avoir crucifié les Portugais en inscrivant un doublé lors du dernier match de la phase de poules. Un triomphe historique qui avait permis au Maroc de devenir la première équipe africaine et arabe à se hisser en huitièmes de finale d'une Coupe du monde. Si les hommes de Walid Regragui l'emportent samedi, les Lions de l'Atlas deviendront la première équipe africaine à atteindre la demi-finale d'un Mondial.
«Après les deux matches nuls contre la Pologne et l'Angleterre, la pression était à son comble», se remémore Khairi, qui jouait avec le numéro 17.
«Le Portugal était redoutable mais on portait les espoirs d'un peuple, d'un continent et de tout le monde arabe, témoigne l'ex-ailier gauche. Mentalement, ce n'était pas facile mais on voulait tout donner.»
Un joueur en état de grâce
Khairi, en état de grâce, avait ouvert le score à la 19e minute et doublé la marque huit minutes plus tard à peine, avant qu'Abdelkrim Merry, alias «Krimau», ne marque un troisième but à la 62e minute. La Seleçao avait sauvé l'honneur à la 80e par Diamantino Miranda.
Cet exploit, toujours vivace dans la légende du football marocain, est aujourd'hui évoqué par les fans qui rêvent d'une nouvelle victoire samedi, après avoir vu les Lions éliminer l'Espagne aux tirs au but en huitièmes de finale mardi.
«Quand j'ai marqué les deux buts, ma joie était indescriptible. Ces mêmes joueurs qu'on regardait à la télé, on a réussi à les battre», se souvient encore l'ancienne icône des FAR de Rabat, le club de l'armée marocaine dont il était devenu entraineur.
«Quand j'en parle, je suis instinctivement submergé d'un formidable flot d'émotions. Les souvenirs sont intacts, c'est comme si c'était hier», souffle-t-il. Après la prouesse face aux Portugais, tout le Maroc avait jubilé comme il l'a fait après la victoire de mardi contre la Roja.
«Personne ne croyait en nous, mais on l'a fait!», exulte fièrement Khairi, tant d'années plus tard. Le Maroc, dirigé alors par le Brésilien José Faria, s'inclinera ensuite face à l'Allemagne au deuxième tour au Mexique, sur un coup franc de Lothar Matthäus à la 88e minute.
«L'amour du public»
Malgré la défaite, les Lions sont sortis de la compétition la tête haute. «On a gagné l'amour du public et on a surtout ouvert la voie à une plus importante représentation des nations africaines en Coupe du monde», se félicite Abderrazak Khairi.
Au Mondial suivant, en Italie, le Cameroun est entré à son tour dans l'histoire en devenant la première équipe africaine à atteindre les quarts, avant le Sénégal en 2002. En 2010, le Ghana a échoué à la porte des demi-finales lors d'un match épique, et controversé, contre l'Uruguay.
«Il n'y a pas d'impossible dans le football, c'est ça la magie de ce sport. Aujourd'hui, la sélection marocaine le prouve», avertit l'ex-attaquant marocain.
«Certes, cette équipe marocaine est différente (de la nôtre) car le football a beaucoup évolué en 36 ans, mais sa constante est la détermination et l'envie de représenter au mieux son pays», analyse-t-il, «et les joueurs le font à merveille».
Dernier facteur déterminant, les supporters: «Jouer dans un pays arabe avec une présence soutenue du public marocain est une bénédiction, reconnaît-il. J'espère qu'ils iront le plus loin possible!»
(AFP)