Commentaire de Tim Guillemin
Le latéral droit, symbole d’un manque d’anticipation

L’expulsion d’Edimilson Fernandes va contraindre Murat Yakin à bricoler au poste de latéral droit face au Kosovo samedi. La faute à un manque d’anticipation coupable du sélectionneur, estime notre journaliste Tim Guillemin
Publié: 16.11.2023 à 12:22 heures
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Dernière mise à jour: 16.11.2023 à 12:39 heures
Edimilson Fernandes a été expulsé face à Israël mercredi soir.
Photo: keystone-sda.ch
Tim Guillemin

Murat Yakin n’a pas manqué de le souligner après le match nul face à Israël mercredi: Edimilson Fernandes a réussi un centre magnifique pour offrir l’ouverture du score à Ruben Vargas. Pourquoi le sélectionneur a-t-il tenu à souligner ce geste décisif? Parce qu’il se sait en difficulté sur le poste de latéral droit, ce que l’expulsion du Valaisan en fin de match est venu cruellement souligner.

Murat Yakin a décidé de partir dans ce rassemblement le plus important de l’année sans aucun latéral droit de métier, Edimilson Fernandes n’en étant déjà pas un... et le voilà en immense difficulté pour les matches face au Kosovo et en Roumanie, contraint d’improviser et de trouver une solution. La faute à pas de chance? Au carton rouge du Valaisan? Non. La faute à un manque cruel d’anticipation et de vision de la part du sélectionneur.

Murat Yakin n’est pas en poste depuis trois mois, il l’est depuis deux ans et a hérité d’une situation idéale. La Suisse se qualifie pour tous les grands tournois depuis 2014, un exploit que l’on ne soulignera jamais assez, et compte plusieurs joueurs évoluant dans de grands clubs européens. Mais aujourd’hui, comme lors de la Coupe du monde, ce qui s’est révélé être une erreur tragique, le sélectionneur a décidé de ne convoquer aucun latéral droit. Une phrase qui semble irréelle, mais qui n’étonne plus grand monde, tant Murat Yakin a fait entrer cette aberration dans l’imaginaire collectif comme étant au fond assez logique. S’il s’agissait d’une décision isolée, elle serait compréhensible, mais il a déjà commis cette erreur au Qatar et n’en a tiré aucune leçon, semble-t-il. Mercredi, après le nul face à Israël, il a admis qu’il «manquait quelqu’un à droite», vu qu’Edimilson Fernandes allait être suspendu. Mais qui est le fautif, sinon lui?

Il est tout simplement trop tard

Aujourd’hui, entre les matches face à Israël et le Kosovo, il n’existe aucune solution acceptable à actionner en quelques heures, Silvan Widmer étant blessé et Kevin Mbabu n’étant pas en situation de jouer. Rappeler Jordan Lotomba? Murat Yakin a dit mercredi soir que «selon ses informations», le Niçois n’était pas prêt à jouer, sans qu’il soit réellement au courant de son état de santé.

Il apparaît de plus complètement illusoire d’offrir une première sélection à Lewin Blum ce samedi, de même que faire traverser l’Atlantique à Lucas Blondel. Propulser ces deux véritables spécialistes du poste sur le terrain pour un match aussi intense sans aucun vécu avec le groupe serait contre-productif, mais, justement, il aurait fallu anticiper, les convoquer plus tôt, leur faire découvrir le groupe, pouvoir les tester en situation… Maintenant, il est tout simplement trop tard et si Jordan Lotomba n’est pas apte à disputer un match de haut niveau (qui le sait?), alors il faudra bricoler.

Anticiper, tout simplement

Le poste de latéral droit est sinistré aujourd’hui en équipe de Suisse, mais il appartient à un sélectionneur, justement, de préparer l’avenir afin de ne pas se retrouver démuni quand arrive un coup dur comme l’expulsion d’Edimilson Fernandes. Car aujourd’hui, quelles options se présentent à Murat Yakin? Déplacer Manuel Akanji à droite en est une, jouer avec trois défenseurs centraux aussi, mais tout ceci sera du bricolage, rien de plus, alors que se profile un match décisif face au Kosovo… et que l’équipe de Suisse n’a remporté qu’une seule de ses cinq dernières rencontres, face à Andorre!

Murat Yakin parle énormément de flexibilité, adore trouver des solutions et surprendre, en faisant des paris. Ceux-ci peuvent être payants, sur le court terme, et il n’est pas impossible que celui qui sera amené à dépanner à droite samedi fasse un bon match, voire même réussisse un centre décisif. Mais sur le long terme, le manque de stratégie et de vision à ce poste est un immense problème, et est de la responsabilité du sélectionneur. Pour, justement, ne pas être dépendant des cartons rouges, des blessures et des méformes. Anticiper, tout simplement.

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