A la pause, le décor était triste à Colovray, les visages sombres. Wil menait 1-0 sur le terrain du Stade Nyonnais grâce à un but de Marwane Hajij et la septième défaite nyonnaise consécutive en championnat se dessinait sous les yeux de spectateurs désabusés et pessimistes.
«Franchement là, ça sent mauvais...», a-t-on pu entendre dans les tribunes, où même les saucisses de veau grillées à côté de la buvette n'arrivaient pas à remonter le moral des partisans du Stade Nyonnais, qui se demandaient comment leur équipe allait pouvoir se relever. Et surtout si elle allait pouvoir le faire. «Un point, ce serait déjà bien. Mais comment on va faire pour marquer?», se demandait un jeune supporter.
Sept points en quatre matches et... plus rien!
Wil n'était pas flamboyant, loin de là, mais Nyon, volontaire, se montrait peu inspiré offensivement et surtout en manque légitime de confiance, au coeur d'une série noire. Non, les Nyonnais ne jouaient pas mal depuis le 10 août, date de leur dernière victoire (à Wil justement), mais la réalité est qu'ils n'arrivaient plus à prendre un point. Les hommes de Christophe Caschili avaient débuté avec 7 unités en 4 rencontres, avant de sombrer complètement, pas dans le jeu, mais dans les résultats. Six revers consécutifs face à Thoune, SLO, Xamax, Aarau et deux fois Carouge!
Un discours de la mi-temps qui change tout?
Alors, à 0-1 ce vendredi à Colovray, le scénario semblait amené à se répéter. Sauf que dans le secret du vestiaire, Christophe Caschili a trouvé les mots justes. Et que Nyon a renversé la table. «Le coach nous a dit que quelque chose de spécial allait se passer, qu'il l'avait senti. Il avait raison», révèle Elias Pasche, désormais meilleur buteur du championnat avec six réalisations.
«Ce groupe travaille bien, il ne lâche pas. C'est vrai que je leur ai dit ça. Même menés au score, on pouvait réagir, parce que c'est notre état d'esprit, qu'on est soudés, qu'on ne lâche pas. Evidemment que quand on perd, on est critiqués, que tout le monde au tour du club dit qu'il faut changer l'entraîneur, que les joueurs ne sont pas au niveau. C'est le monde du football. Mais nous, on a fait abstraction de tout ça. On s'est mis dans notre bulle, on a continué à travailler. Et aujourd'hui, on a gagné», détaille tout simplement Christophe Caschili, l'entraîneur de cette épatante petite troupe nyonnaise. Les défaites successives n'ont pas fait perdre la foi à ce groupe et leur entraîneur a eu l'intelligence de ne pas tout chambouler et de ne pas paniquer.
«Cela ne veut pas dire qu'on est sauvés. Mais cette victoire fait du bien», assure Christophe Caschili, dont l'équipe a trois jolis défis à relever jusqu'à la prochaine trêve: Aarau au Brügglifeld, Thoune à la maison, SLO à la Pontaise. Pas un calendrier facile, mais aucun match ne l'est dans cette Challenge League de toute façon.
Travail, humilité et résilience
Oui, ce Stade Nyonnais mérite d'être aimé, parce qu'il dégage de belles valeurs de travail, d'humilité et de résilience, des qualités impulsées par son entraîneur, un homme qui ne dévie pas de ce chemin. Dos au mur, mené au score, Nyon est donc revenu patiemment dans la partie et a bousculé ce FC Wil après la pause.
Elias Pasche nerveux au moment de tirer le penalty du 1-1? Un peu
Il a cependant fallu attendre la 71e pour assister à l'égalisation avec ce penalty obtenu par Luca Gazzetta et transformé impeccablement par Elias Pasche. «J'avais l'air calme au moment de le tirer, vous êtes sûr? La vérité c'était que j'étais tendu», sourit l'attaquant de 26 ans, qui savait pertinemment, au moment de se présenter face à Abdullah Laidani que le tournant du match était là, au bout de son pied.
«En fait, oui et non, corrige-t-il immédiatement de lui-même. Comme je l'ai dit, le coach nous avait dit qu'on allait tourner le match et on avait confiance. Donc oui, bien sûr, je voulais marquer. Mais dans le même temps, je me disais que même si je ratais, il restait du temps derrière et qu'on allait le faire de toute façon.» Un mélange de détermination, de tension et de relâchement qui a permis au Stade Nyonnais d'égaliser à vingt minutes de la fin.
Mais Nyon, admirable, ne s'est pas arrêté là et un coup-franc de Tiago Escorza, joué en deux temps, a trouvé le défenseur central Jules Sylvestre-Brac pour le 2-1 (77e). Auteur d'une entrée en jeu très dynamique, le très explosif Momodou Jaiteh est lui allé inscrire le 3-1 en contre en toute fin de rencontre pour asseoir le premier succès nyonnais depuis plus de deux mois. Une vraie délivrance.
Des défaites qui n'entament pas la confiance
«Bien sûr qu'on l'attendait fort! A la pause, on était un peu dans le dur, mais le discours du coach nous a permis de rester dedans et d'y croire. On a toujours cru en nous, même après six défaites, parce qu'on n'était pas loin de nos adversaires à chaque fois, mais c'est sûr que mentalement c'était dur de toujours repartir battus. Mais je peux vous assurer que le lundi on arrivait motivés à chaque fois à l'entraînement. Ce groupe est positif, a envie de bien faire. On a toujours travaillé dur pour justement retrouver le chemin de la victoire», explique Elias Pasche, lequel est heureux que ses buts servent à l'équipe.
«J'en suis à six en championnat, soit autant que mon total de l'année dernière. Ce que font ceux des autres équipes ne m'intéresse pas, je ne me bats pas pour être meilleur buteur de Challenge League, mais pour mon équipe», assure l'attaquant.
Cette soirée parfaite a également été marquée par un beau geste, celui des supporters nyonnais, qui ont déployé une banderole de soutien pour Badara Diomandé, leur milieu de terrain ivoirien de 27 ans arrivé cet été de Thonon Evian. L'Eléphant s'est en effet déchiré les ligaments croisés du genou droit en amical face à Yverdon Sport durant la trêve internationale et sera indisponible jusqu'à la fin de la saison, sans doute. Très bon depuis son arrivée, «Bada» manquera à son équipe et entame un long processus de rééducation. Afin de tenter de compenser son absence, Nyon a obtenu le prêt de Souleymane NDiaye (19 ans) en provenance du Lausanne-Sport. Ce milieu de terrain suisso-sénégalais était à disposition de Christophe Caschili ce vendredi, mais n'est pas entré en jeu.
Nyon est toujours dernier, mais l'espoir est revenu
Après onze journées et malgré cette belle victoire, le Stade Nyonnais est dernier du classement et le restera quels que soient les autres résultats du week-end, mais cette victoire face à Wil, essentielle, vient briser une série négative et ramener l'espoir à Colovray. Peut-elle faire office de tournant positif de la saison? L'avenir le dira. Mais avec cet état d'esprit-là et cette volonté de ne rien lâcher, cette équipe donne envie d'être aimée. Et se donne les armes pour sauver sa place en Challenge League.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Thoune | 18 | 13 | 33 | |
2 | Etoile Carouge FC | 18 | 5 | 30 | |
3 | FC Aarau | 18 | 8 | 29 | |
4 | FC Vaduz | 18 | 0 | 28 | |
5 | FC Wil | 18 | 5 | 25 | |
6 | Neuchatel Xamax FCS | 18 | -6 | 25 | |
7 | AC Bellinzone | 18 | -6 | 21 | |
8 | FC Stade Nyonnais | 18 | -16 | 18 | |
9 | FC Stade-Lausanne-Ouchy | 17 | 4 | 17 | |
10 | FC Schaffhouse | 17 | -7 | 16 |