C'est un exploit retentissant qu'a réalisé Timothé Mumenthaler lundi soir à Rome. Le sprinteur genevois s'est imposé lors du 200 m des Championnats d'Europe d'athlétisme. Il s'agit du premier titre romand lors de cette compétition depuis de Philippe Clerc en 1969… également sur le demi-tour de stade. Mais Timothé Mumenthaler, c'est un nom qui ne disait pas grand-chose au grand public avant ces Européens de Rome.
Le sprinteur est né au bout du Léman le 12 décembre 2002. Au moment où il a levé les bras dans le ciel romain et réalisé la plus belle performance de sa carrière, il n'a donc pas encore 22 ans. «Un titre de champion d'Europe élite, à 21 ans, je précise», en rigole-t-il au micro de la RTS après sa course.
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Très tôt dans sa carrière, on remarque que Timothé Mumenthaler a du potentiel. À 15 ans, il est déjà double médaillé lors des Championnats suisses… U18. Cette année 2018 est excellente pour le Genevois qui participe aux demi-finales des Championnats d'Europe de la même tranche d'âge et qui, grâce à ses bonnes performances, se qualifie même pour les Jeux olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires. Et dire qu'un an auparavant, il avait dû freiner son avancée à cause de problèmes de croissance. «Il lui a fallu ronger son frein, passer l’été à faire du gainage et à courir sur l’herbe», expliquait son entraîneur de l'époque Walter Zecca à la «Tribune de Genève». Mais déjà, il sentait le potentiel de son protégé: «Dès qu’il se met en piste, c’est un autre garçon, un vrai sprinter. Il a le bon engagement, un placement naturel et une vélocité innée», soulignait le coach au quotidien genevois.
Un corps fragile
En septembre 2018, on lit en tout cas les ambitions de Timothé Mumenthaler. «La sensation de victoire, il n'y a rien de meilleur», disait-il. Le nouveau champion d'Europe expliquait aussi à l'époque à la «Tribune de Genève» que «tout petit, je courrais déjà vite. C’est un sport individuel qui me va bien. On n’a de compte à rendre qu’à soi-même.» Au niveau scolaire, à cette époque, ce fan d'Usain Bolt est au collège. Son but: devenir astrophysicien.
Quatre ans plus tard, il a obtenu sa maturité bilingue et s'apprête à étudier la microtechnique à l'EPFL. Sauf que sur le tartan, ce n'est pas aussi réjouissant. Timothé Mumenthaler a vécu trois étés blancs à la suite de blessures. «Mon corps est fragile, il assume mal les grosses charges d’entraînement», expliquait-il, toujours à la «Tribune de Genève», à l'été 2022, juste après son titre de vice-champion suisse de 100 m. Tout ne se passe pas au mieux pour celui qui devait être une pépite du sprint suisse.
Deux médailles européennes
Une année plus tard, c'est enfin un premier gros résultat sur la scène internationale. Aux Européens U23 à Espoo, l'athlète du Stade Genève décroche le bronze sur 200 m. En Finlande, il s'est qualifié à pile ou face pour la finale après avoir fini dans le même temps qu'un rival grec. Mais au dernier stade, il n'a pas tremblé pour s'offrir sa première médaille aux Européens.
Et un an plus tard, le voici donc champion d'Europe sur la même distance, mais chez les adultes cette fois. Lui qui ne se laisse pas abattre par les désillusions puisque, cette année, il a manqué la qualification olympique avec le relais 4 x 100 aux Bahamas. Et pour la suite? Pour l'instant, Timothé Mumenthaler veut se concentrer sur ses examens à l'EPFL, comme il en sourit à la RTS après son exploit. Mais si le Genevois est autant talentueux derrière un banc que sur la piste, nul doute que cette échéance dans sa haute école lausannoise ne sera pas être un problème.