Une femme comme Anna Schenk, il y en a qu'une au monde. La Tyrolienne du Sud est psychologue canine. Elle est devenue mère à deux reprises à l'adolescence et élève seule ses enfants, aujourd'hui âgés de 11 et 13 ans. Mais en plus de tout cela, elle est aussi pousseuse de bobsleigh et depuis cette semaine, elle est l'une des rares femmes à avoir participé à la Coupe du monde masculine.
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«C'était en effet une journée particulière», dit Anna Schenk à Blick en riant au téléphone. Pourtant, la journée sur la piste norvégienne de Lillehammer avait commencé de manière tout à fait normale. Le matin, elle se classe 7e de la course féminine en compagnie de la pilote autrichienne Katrin Beierl, malgré une chute lors de la 2e manche.
Sa journée aurait dû s'arrêter là. Mais dans l'équipe d'Autriche masculine, un pousseur a tellement mal au dos qu'il lui est impossible de prendre le départ. L'équipe du pilote Markus Treichl n'a pas de remplaçant. Alors que faire? «C'est là qu'ils m'ont posé la question», explique Anna Schenk, «j'ai dit: bien sûr, je suis partante! Ma seule condition était que je puisse pousser à gauche, car je suis gauchère».
«Les garçons ont été très gentils avec moi»
D'un point de vue réglementaire, une femme est autorisée dans un quatuor masculin. En plus, Anna Schenk avait tout de même une mini-expérience. Avant de concourir pour l'Autriche, elle avait déjà participé à une manche de Coupe d'Europe dans le quatre italien homme.
Ce n'est quand même pas cette expérience qui va beaucoup l'aider à Lillehammer. Monter dans une grande luge à pleine vitesse demande en fait beaucoup d'entraînement et de coordination, ce qui manquait au quatuor d'un jour. L'équipe autrichienne a tout de même pris le départ avec trois hommes et une femme très motivée, d'une tête plus petite que le reste de l'équipage. «Les garçons ont été très gentils avec moi, mais avant la première course, nous étions tous très nerveux», décrit-elle. En accord avec Anna Schenk, les trois hommes n'ont pas tout donné durant la première manche pour être sur de s'engager et descendre en toute sécurité. «Je suis alors partie des blocs comme au départ d'un sprint, avec une fréquence de pas élevée» explique-t-elle. Le temps de départ: 5,17 secondes.
Une prise de confiance
Sachant qu'Anna Schenk arrive à suivre le rythme, le quatuor accélère lors de la 2e manche. 5,10 secondes! C'est plus que respectable, cela représente le 15e temps de départ sur 19 équipes - même les équipes suisses de Michael Vogt (5,04) et Cédric Follador (5,05) ne partent pas significativement plus vite malgré la force de quatre hommes. Anan Schenk explique qu'elle a bien joué son rôle dans l'impulsion du départ. «J'ai en tout cas ressenti une forte pression lors de la poussée.»
Au final, l'équipage Treichl termine à la 14e place et marque quelques points de Coupe du monde grâce à l'intervention spontanée de Anna Schenk. Sa conclusion: «C'était un plaisir fou!»