Toutes les personnes qui ont déjà fait du sport (même à un niveau amateur) connaissent le sentiment spécial de concourir devant ses proches. Pour monsieur et madame tout le monde, cela se produit généralement à côté du domicile.
Sauf que pour les athlètes professionnels, prendre part à une compétition «à la maison» peut signifier à un autre endroit que Stein (AI) pour Simon Ehammer ou Berne pour les sœurs Kambundji. Quand ils sont sur la piste d'Athletissima, les athlètes alémaniques se sentent aussi chez eux à Lausanne.
«C'est toujours bien d'avoir plus de soutien», avoue Jonas Raess. Le détenteur du record de Suisse du 3000 et du 5000 m en salle parle aussi du stress qui entoure les athlètes. «On a davantage de pression, mais on en a l'habitude.» Avec ces propos, le Zurichois est rejoint par Ditaji, la plus jeune des sœurs Kambundji. «C'est une pression supplémentaire, mais positive. J'en ai besoin pour performer.»
«Plus d'attention en Suisse»
Et qui de mieux que sa grande sœur pour l'appuyer. «Courir devant les supporters suisses est une grande motivation, admet Mujinga. J'adore le faire, surtout à la Pontaise. J'ai plusieurs bonnes expériences ici et le public se réjouit de voir des Suisses.»
Il y a toutefois le revers de la médaille qui existe lors des courses à domicile. Et celui-ci est mis en lumières par Jason Joseph, le hurdleur de Bâle: «Courir devant le public suisse, c'est à la fois un cadeau et une malédiction.» C'est-à-dire? «Si l'on réalise une bonne performance, c'est super, enchaîne le recordman suisse du 110 m haies. Tout le monde est content et fier de vous. Mais si l'on n'a pas été bon, c'est bien pire. On sait que l'on doit performer, car tant de personnes sont venues nous voir.»
Interrogée sur cet aspect négatif, Mujinga Kambundji l'entend. «C'est clair qu'il y a plus d'attention, appuie l'actuelle championne d'Europe du 60 m. A l'étranger, moins de médias vont nous demander de parler après une contre-performance.»
Les applaudissements de la foule
Bronzée en saut en longueur aux championnats du monde, Simon Ehammer concourra pour la première fois à Lausanne – «et ce sera cool car je sais que l'atmosphère ici est fantastique. Je regarde le meeting toutes les années à la télévision.» Sent-il aussi cette pression de la part des spectateurs et des gens devant leur écran? «Oui, mais c'est un boost de motivation, explique-t-il. Il y a tout le stade qui est derrière toi et on le ressent quand on fait applaudir la foule.»
Pour Simon Ehammer, la fébrilité peut être plus importante que lors d'un autre concours «car tu veux montrer au public ce que tu peux réaliser. Tu aimerais gagner.» L'année dernière, lors du meeting de Zurich, il avait ressenti cette motivation. «Mais mes sauts n'étaient pas très bons», admet celui qui est également spécialiste du décathlon.
Mais dans les faits, est-ce qu'on court vraiment plus vite devant son propre public? «Sur la fin de la course, ce soutien peut même faire la différence et être décisif», affirme Jonas Raess. Et Mujinga Kambundji corrobore dans ce sens. «J’ai toujours eu l’impression qu’il y avait un petit plus en Suisse.»