Près de 8000 spectateurs qui envoient toute leur ferveur dans le dos de leur équipe. Du bruit, des tifos, des chants, des torches. Tout cela, le PAOK Salonique y est habitué. Au contraire de la Suisse, ces scènes sont fréquentes dans le basket grec. Ce mercredi, les Hellènes, actuellement cinquièmes de leur championnat, débarquent à Saint-Léonard pour y défier Fribourg Olympic en quart de finale de Coupe d’Europe.
Autre échelle, autre dimension, mais tout de même: les Fribourgeois sont ce qui se fait de mieux dans le basket suisse et ils pourront, eux aussi, compter sur leur public. Depuis l’automne, ils ne cessent de prouver qu’ils ont les armes pour rivaliser sur le continent après une montée en puissance plus que maîtrisée lors des deux premières phases de groupes de cette FIBA Europe Cup.
«C’est comme si on jouait un match de play-off»
En championnat de Suisse aussi, Olympic continue de jouer les premiers rôles, après une nette victoire 95-58 dimanche contre ses poursuivants des Lions de Genève. Des allers-retours entre différentes catégories de jeu qui n’effraient en rien le coach Thibault Petit: «Ce qui change principalement, c’est la constance sur un match. La densité physique de l’adversaire. Ils font des changements et on ne voit pas de différence en face. Nous, on ne peut pas faire autant de rotations, avec le risque de perdre cette densité. Mais cela ne me dérange pas, nous devons aussi profiter de cette gestion que ce rythme nous impose», explique le Belge.
Le co-capitaine Arnaud Cotture perçoit aussi une différence physique: «Il y a plus d’intensité. On commence à avoir l’habitude de croiser des équipes de Coupe d’Europe, mais pour faire une comparaison, c’est comme si on jouait un match de play-off à chaque fois», explique le joueur.
Face aux Grecs venus faire la fête aux Helvètes, les Fribourgeois pourront compter sur un public bouillant, qu’ils ont su embarquer petit à petit dans cette aventure: «C’est un quart de finale prestigieux et on a envie d’en découdre», promet Thibaut Petit. «On sent évidemment qu’il y a un énorme soutien populaire à Fribourg avec ces matches. À nous de démontrer qu’on a le niveau pour les jouer.»
«Chacun son travail»
Soumise à des difficultés financières et des tensions en coulisses, cette épopée des basketteurs d’Olympic a le mérite de remettre l’aspect sportif au centre des discussions. C’est bien la seule chose sur laquelle l’équipe peut influer: «Chacun son travail», reprend l’entraîneur. «Nous avons, je crois, très bien réussi à faire la part des choses. Nous sommes dans le sportif et on essaie de gérer ça au mieux. Cela peut aider le club à continuer de grandir et avoir une bonne image.»
Véritable locomotive du basket suisse, Fribourg Olympic espère que cette aventure européenne profitera à l’ensemble du pays: «C’est tout ce qu’on souhaite», confirme Arnaud Cotture. «Le basket suisse a besoin d’équipes en compétitions européennes pour montrer qu’on travaille bien. Et forcément, on espère que ça amène tout le monde dans notre sillage. On sait que ce n’est pas forcément facile, mais le fait d’en parler ces derniers jours dans des termes beaucoup plus élogieux, que ce soit avec la qualification des filles pour l’Euro Basket, la nôtre ou l’équipe nationale masculine invaincue dans son groupe, c’est très positif et il faut que ça le reste.»
Une équipe soudée
Dans le vestiaire fribourgeois, il faudra trouver les ressources pour vaincre une équipe auréolée de deux titres de champion de Grèce et de trois coupes dans son histoire (la section football du club est au passage championne en titre de la première division grecque). Pour ce faire, Arnaud Cotture a pleinement confiance dans l’identité que s’est construite son équipe: «On a toujours été très proches, on n’a pas attendu la Coupe d’Europe pour avoir cette proximité entre nous.»
Mais l’ailier fort l’admet, le temps passé sur la route ces derniers temps a participé à souder l’équipe. «Il faut se rendre compte que passer trois jours de suite ensemble, ce n’est jamais évident. Mais nous sommes une équipe et nous sommes capables de vivre de longues périodes ensemble. On a de la chance d’avoir une bonne entente qui se bonifie avec les émotions fortes, dans les bons comme les mauvais moments.» Une union sacrée qui sera à coup sûr précieuse lors du match retour mercredi prochain à Thessalonique.
Vivre sans regrets
Avant d’entrer sur le parquet ce mercredi, Thibaut Petit n’aura pas besoin de chercher bien longtemps ses mots face à son vestiaire: «Je dirai simplement aux joueurs de prendre du plaisir», confie le coach à Blick. Ce ne sera pas chaque année la même chose, donc on profite. Je crois que c’est vraiment important d’avoir la bonne attitude et de vivre sans regrets.»
Quant à Arnaud Cotture, il s’agit surtout de prendre ce match comme n’importe quel autre afin de mettre la pression de côté. «J’aime bien ne pas trop y penser avant d’arriver. C’est ma manière de voir les choses. On passe beaucoup de temps avec la vidéo ou aux entraînements, alors en dehors, c’est primordial de me ressourcer en famille, avec ma femme et mon fils. Je suis bien quand je peux penser à autre chose chez moi.»
Une gestion qui permettra d’être prêt au coup d’envoi: «On est tous relativement excités quand même parce que c’est un gros match pour nous tous et pour le club», conclut le co-capitaine. «Nous sommes impatients et on verra bien ce qu’il se passera.»