Qui est Oria Liaci? Une triathlète? En août dernier, elle a participé aux Mondiaux de semi-Ironman en Finlande. Une traileuse? Deux semaines avant les Championnats du monde, elle a terminé meilleure Suissesse à Sierre-Zinal, à une superbe 13e place. Ou alors une coureuse de fond? Quatrième et meilleure Suissesse à Morat-Fribourg, elle a également remporté la course de la Sainte-Catherine (Saillon, VS) le week-end dernier – avec un record du parcours à la clé.
Un palmarès qui prouve bien que Oria Liaci est une pépite de la course à pied. Mais l'entraînement du jour où Blick la rencontre se fera à la piscine, et non sur la piste d'athlétisme: la Valaisanne n'a pas fait une croix sur le triathlon. «L'année prochaine, je vais me concentrer sur la course à pied, qui sera mon objectif principal, nous annonce-t-elle. Mais j'ai quand même envie de faire des triathlons, pour le fun.»
Quatre ans de guitare
Dans un café martignerain, c'est donc de ça qu'Oria Liaci nous parle durant près de trois quarts d'heure. De son rapport au sport, de ses plus belles émotions, de ses souvenirs impérissables ou de sa jeunesse.
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Octodurienne de naissance, c'est avec une pointe de fierté dans la voix que la coureuse nous explique qu'elle a toujours vécu au coude du Rhône. Durant son enfance, Oria Liaci pratique de nombreux sports: gymnastique, natation, basket-ball. «Et j'ai aussi fait quatre ans de guitare», s'exclame-t-elle. Mais c'est finalement vers l'athlétisme qu'elle trouve son bonheur.
Pourtant, tout avait très mal commencé sur la piste. «Lors de mon premier entraînement, on a fait deux tours de terrain, développe Oria Liaci. J'étais bonne dernière et j'étais dégoûtée. Mais ça m'a donné envie de crocher.» Malgré des résultats corrects, elle n'a jamais réussi à atteindre le niveau qu'elle possède aujourd'hui. «Ma discipline préférée était le saut en longueur mais ma meilleure était l'endurance, se souvient la Valaisanne. On me conseillait de me concentrer là-dessus mais je n'aimais pas ça.» Comme le temps a bien passé.
«J'ai dû emprunter le VTT de mon frère»
Arrive ensuite le Covid. Et avec lui, la fin des entraînements collectifs pour Oria Liaci et ses amis du CABV Martigny. À ce moment, elle enfourche un vélo et sort faire des tours avec son papa. «Après la pandémie, j'avais changé physiquement et je m'étais affinée. Je m'étais transformée en coureuse de fond.»
Mais à ce moment et alors qu'elle ne s'est pas du tout entraînée en natation, Oria Liaci se lance dans le triathlon de Lausanne. Nous sommes alors en septembre 2022. «Je n'avais pas encore de vélo et j'ai dû emprunter le VTT de mon petit frère, sourit la Valaisanne. Je termine 11e, donc j'étais assez contente.» Un talent était né.
Peu après, la néo-triathlète fait la connaissance de son futur coach, Denis Terrapon. «Il m'a dit après un test sur la piste qu'il ne prenait normalement plus d'athlète mais qu'il fallait quand même que je vienne nager à Sierre… à 5 heures du matin», se rappelle Oria Liaci. Après quelques jours d'hésitation, elle s'y rend et la collaboration peut commencer.
Deuxième aux 20 km de Lausanne
Puis, 2023, l'année de la révélation pour la coureuse de 22 ans. En avril, elle s'inscrit aux 20 km de Lausanne. «Je préparais mes triathlons et mon coach m'a dit que ça pouvait être sympa comme première course», explique celle qui avait au maximum couru 15 kilomètres à l'entraînement jusqu'à ce moment-là. Elle termine, à la surprise générale, deuxième de la mythique course vaudoise.
«Même moi à la fin, j'étais étonnée, sourit-elle. Quand j'ai franchi la ligne, j'ai vu ma maman derrière les barrières qui était dans tous ses états. Elle m'a dit: 'Tu ne te rends pas compte la course que tu as faite.'» Une performance effectivement hallucinante pour une novice.
En larmes à Sierre-Zinal
Grâce à ce résultat, elle est invitée à parcourir Sierre-Zinal – qui se déroule deux semaines avant les Mondiaux du semi-Ironman. Après concertation avec son entraîneur, Oria Liaci décide quand même d'y participer. Et là, c'est à nouveau un excellent résultat: meilleure Suissesse et 13e au général.
Mais surtout, son meilleur souvenir de cette année civile: «Les vingt dernières minutes, j'étais en larmes parce que j'avais mal partout – j'avais deux neurones qui se couraient après. Puis, mon copain – qui a également participé à la course – est venu vers moi et m'a dit: 'Je ne pensais pas que tu arriverais autant peu de temps après moi.'» Les larmes font place aux sourires. Oria Liaci nous explique également que sa maman est venue l'encourager et la ravitailler sur le parcours. «Elle m'a dit: 'Je cours avec toi un bout' et au bout de dix mètres, elle n'arrive plus à me suivre. C'est là que j'ai compris que j'avançais bien.»
Elle ne voulait pas lâcher le triathlon
Gentiment, mais sûrement, Oria Liaci enchaîne les courses et les bons résultats. Morat-Fribourg, 10 km du marathon de Lausanne (victoire), Corrida d'Octodure, Corrida bulloise et Sainte-Catherine (victoire et record du parcours). La décision de se concentrer sur la course à pied l'année prochaine paraît donc logique. «Courir pour moi, c'est naturel, lâche-t-elle. Mais j'avais peur de ne plus pouvoir pratiquer de natation ou de vélo.» Après discussion avec son coach spécialiste du triathlon, il s'avère que l'un n'empêche pas l'autre.
«Il m'a expliqué que les entraînements croisés étaient très importants et complémentaires.» Rassurée, la Martigneraine va bientôt préparer son programme de courses pour 2024. Une année qui pourrait être synonyme de la confirmation pour Oria Liaci.
Mais surtout, rapidement, la Valaisanne aimerait pouvoir vivre de sa passion à court terme. «En Suisse, c'est difficile, avertit-elle. On gagne un peu d'argent sur les courses, mais il n'y en a pas tous les week-ends et on n'est pas sûr de performer à chaque fois. Et je n'ai pas envie de me dire que je cours pour gagner de l'argent.» En parallèle et pour arrondir les fins de mois, Oria Liaci fait des remplacements dans les écoles aux alentours.
Un beau mot de la fin
Heureusement, la coureuse octodurienne peut compter sur le soutien de ses proches pour ne rien lâcher. «Ils sont toujours là pour m'encourager, commence Oria Liaci. Enfin, sauf mon petit frère qui me provoque un peu. Il dit qu'il me bat sur 1000 m.» Son frère actuellement blessé, le défi a été repoussé à plus tard.
Mais avant qu'on se quitte, la révélation de cette année veut faire passer un message: «Si je devais dire une seule chose à toutes les personnes qui ont un rêve, c'est qu'il faut croire en soi et qu'il faut mettre tout ce qui est possible pour y arriver.» Difficile de faire meilleur mot de la fin.