Roman Mityukov se prépare actuellement en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. Le Suisse espère y décrocher une médaille. Cinquième médaillé de l'histoire de la natation suisse dans des Mondiaux en grand bassin, Roman Mityukov n'a pas vu son quotidien bouleversé par son exploit estival. «Ce n'est pas plus mal, car j'ai besoin d'être au calme dans l'optique des JO», lâche le 3e du 200 m dos des Championnats du monde 2023 de Fukuoka.
«Le retour dans l'eau est toujours difficile»
Comme pour tous les adeptes de sports olympiques individuels, les Jeux de Paris 2024 occupent déjà son esprit. «Le focus était déjà sur les JO juste après les Mondiaux. Je n'ai pas vraiment eu le temps de savourer ma médaille. J'ai seulement pris 10-15 jours de pause avant d'entamer la préparation pour les Jeux», souligne-t-il.
«Je ne me suis même pas posé la question d'une éventuelle décompression après les Mondiaux. C'est tout naturellement que j'ai recommencé l'entraînement mi-août, je me suis très vite remis sur les rails», glisse-t-il. «Le retour dans l'eau est toujours difficile, ma médaille n'a rien changé», s'amuse-t-il.
«Je n'ai pas repris à fond, pendant 2-3 semaines je nageais même peu. Mais j'ai déjà eu un camp d'entraînement, dans lequel j'ai pris cher», rigole le Genevois de 23 ans dans un entretien téléphonique accordé à Keystone-ATS. «Et le prochain camp est prévu du 28 décembre au 9 janvier à Tenerife», précise-t-il.
Roman Mityukov retrouvera alors ses «potes» de l'équipe de Suisse, à l'exception de Noè Ponti qui a choisi de faire l'impasse sur les Mondiaux 2024 en grand bassin de Doha en février. «Ce sont des dates bizarres, surtout au cours d'une saison qui comprend aussi des Européens en grand bassin (en juin) et les Jeux», note-t-il.
Défendre sa médaille mondiale?
Le Genevois devra donc défendre sa médaille mondiale moins de sept mois après l'avoir conquise. «Je n'utiliserais pas le terme défendre», coupe-t-il. «De nombreux nageurs feront l'impasse sur ces championnats du monde dans l'optique des JO, une médaille n'y aurait de toute façon pas la même valeur qu'à Fukuoka.»
En grand compétiteur, Roman Mityukov ne fera toutefois évidemment pas le voyage de Doha pour y faire de la figuration. «Mais ces Mondiaux sont une simple étape dans l'optique des Jeux, mon grand objectif de 2024», explique le médaillé de bronze des Championnats d'Europe 2020 en grand bassin.
Une étape certes, mais plus importante à ses yeux que la suivante. Les Européens prévus en juin s'inscriront en effet dans la phase finale de sa préparation au rendez-vous olympique. «J'hésite encore à y participer. Mais de toute manière, je ne donnerais pas tout à un mois des Jeux», souligne-t-il.
Car c'est bien à Paris qu'il s'agira de briller en 2024, afin de se retrouver peut-être sous les feux des projecteurs. «Nos courses ne sont diffusées qu'à l'occasion des Jeux. Même ma finale mondiale n'était pas en direct sur la RTS. Elle était en direct sur la RSI grâce à Noè (Ponti) qui est une star au Tessin», regrette-t-il.
Sponsors, médias, argent...
Sa médaille mondiale n'a d'ailleurs pas eu de réel impact sur son quotidien. «Il n'y a pas eu de grand changement concernant les sponsors et l'intérêt des médias. Ce n'est pas plus mal, car j'ai besoin d'être au calme dans l'optique des JO. Et pour bénéficier d'une certaine reconnaissance, c'est aux Jeux que nous nageurs devons briller», constate-t-il.
«Mais ce n'est de toute manière pas pour l'argent que j'ai commencé la natation. C'est par amour de ce sport», rappelle Roman Mityukov, qui s'est accordé une ultime vraie plage de repos à l'occasion des fêtes de Noël. «Je me fais plaisir à Noël. C'est important pour la tête, surtout avant de passer huit mois de suite à nager», lâche-t-il.
Pas question de trop se relâcher toutefois, avec ce camp d'entraînement de l'équipe de Suisse prévu dès le 28 décembre et des Mondiaux programmés en février. «En revanche, après les Jeux olympiques, je me ferai vraiment plaisir. Les kilos vont prendre très vite l'ascenseur», se marre-t-il.
Des Jeux où il visera forcément le podium. «Un an après une médaille mondiale, on a forcément plus d'attentes. Je n'irai clairement pas à Paris pour viser la 4e ou la 5e place. Mais je ne me mets pas la pression dans l'optique des Jeux», où il espère imiter les médaillés olympiques de 2021 Jérémy Desplanches et Noè Ponti.
(ATS)