Me voilà des retours des Championnats d'Europe de Rome – où j'ai décroché le titre sur 200 m. C'est un de mes titres les plus difficilement conquis. Normalement, je vais en grand championnat avec davantage de confiance dans ma valise. En effet, même si je sentais que tout était là, je n'avais pas encore eu de course vraiment rapide depuis le début de la saison. Je n’étais pas sûre de pouvoir faire de bons chronos à Rome. Chaque année, j'ai toujours besoin de plusieurs courses pour que tout se mette vraiment en place. Comme cette saison est spéciale avec les championnats d'Europe très tôt, c'était plus difficile de trouver ses repères et cela a pris un peu plus de compétitions que prévu.
Le 100 m – sur lequel j'ai terminé à la huitième place en finale – était positif. En effet, même si ce n'était clairement pas la place que je visais, ça m'a montré que j'avais le niveau et que si tout était aligné, je pouvais courir rapidement. J'étais surtout soulagée et contente après la demie. C'est vraiment durant cette course que le déclic s'est produit. Et oui, ça aurait été plus sympa de faire un meilleur temps en finale et d'être plus proche des médailles, mais je n'étais pas déçue de ma course. Je sais qu'il y aussi une grosse marge d'amélioration sur 100 m, car tout n'était pas parfait. On se souvient, l'année dernière, j'avais dû faire l'impasse sur le 200 m à cause de mon pied. Et là, j'obtiens le titre européen, c'est vraiment génial!
Ditaji a plus d'insouciance
Ces Européens, ça a aussi été l'occasion de voir à nouveau Ditaji monter sur un podium. J'ai toujours trouvé que ma sœur avait beaucoup de potentiel, même si ça ne veut rien dire. Il y a plein d'athlètes qui l'ont mais qui ne percent pas forcément. Mais je ne pensais pas qu'elle ferait des médailles autant tôt, à 20 ans à Munich et à 22 ans à Rome.
Je me retrouve dans certains aspects en elle. On est semblable au niveau de la préparation, très assidues sur cet aspect. Et aussi, on a le même rythme de sommeil: en compétition, on parvient à dormir les deux jusqu'à midi (rires). Il y a beaucoup de similarités.
Par contre, la grande différence, c'est qu'elle est beaucoup plus avancée que moi à son âge, sur tout. Avec dix ans de moins, elle a un peu plus d'insouciance aussi. Elle veut courir pour le plaisir, sans forcément faire trop de calculs.
Qui est la plus forte?
J'essaie de ne pas trop lui donner de conseils si elle ne me le demande pas. C'est bien aussi qu'elle puisse faire ses propres expériences. Le but est d'être là, un exemple pour elle. Et si Ditaji a des questions, elle peut toujours venir vers moi – ou mes deux autres sœurs.
On s'est posé une fois la question: si on faisait un heptathlon, qui serait la plus forte? Évidemment, Dijtaji pense que c'est elle, et moi je pense que je la bats. C'est encore à déterminer mais ce serait en tout cas une compétition intéressante. À voir si on organise ça après les Jeux olympiques.
Car ça y est, c'est dans un mois. Les Européens étaient la première étape en direction de Paris – qui est le grand objectif de l'année. Je m'en réjouis énormément.