«Le principe est de trouver des virages avant la trouée d'Arenberg pour allonger le peloton et le faire freiner. On estime qu'on peut diviser par deux la vitesse. Normalement, ils arrivent à 60 km/h. Si on arrive à les faire rentrer à 30-35 km/h ce sera moins risqué. Ce n'est pas encore validé mais on devrait avoir des réponses rapidement», a indiqué le directeur de la course, Thierry Gouvenou, lors de la reconnaissance du parcours mardi.
Cette chicane, juste à l'entrée de cet endroit stratégique et légendaire de la Reine des classiques, répond à un demande du syndicat des coureurs après la chute terrible mercredi dans A travers la Flandre. Plusieurs coureurs sont lourdement tombés, dont le Belge Wout van Aert, victime de multiples fractures à une clavicule, à sept côtes et au sternum.
«En ce moment les coureurs sont sacrément traumatisés, a-a-il souligné. Je leur ai écrit que ça (la chicane) pouvait poser des soucis, notamment parce qu'il y aurait un coup de frein plus important. On m'a répondu: on préfère freiner fort au risque de chuter sur du goudron plutôt que d'entrer dans la trouée d'Arenberg à 65 km/h.»
«La demande me paraît tout à fait logique parce que j'ai personnellement fait Paris-Roubaix douze fois en tant que professionnel et à chaque fois que je suis arrivé là je me suis demandé comment j'allais ressortir. Quand on arrive ici, on joue un peu à la roulette russe», a-t-il ajouté.
Longue de 2300 mètres, la trouée d'Arenberg, site strictement protégé et interdit aux véhicules, est un haut-lieu de Paris-Roubaix, où de nombreux coureurs ont perdu toutes leurs illusions sur une chute.
D'autant que l'édition 2024 de l'Enfer du nord promet des conditions «compliquées» pour les coureurs sur des secteurs pavés (29 au total) très glissants, boueux et humides.
«On voit que c'est extrêmement délicat. Il y a énormément de boue encore. On s'y attendait avec la météo de ces derniers mois et c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est sacrément glissant et piégeux. Lorsqu'on parle de la légende de Paris-Roubaix, on est en plein dedans», a déclaré le directeur de la course.
«Si la course avait lieu aujourd'hui, ce seraient vraiment des conditions extrêmes, a-t-il expliqué. On annonce encore deux jours de pluie et de la chaleur après. Ça va peut-être sécher un peu. Mais on ne pourra pas passer tous les secteurs pavés à la brosse à dents. Il restera des flaques d'eau et des sources vont continuer de couler.»
La 121e édition de Paris-Roubaix, au lendemain de la course femmes qui n'empruntera pas la trouée d'Arenberg, comptera 55,7 km de pavés, le total le plus élevé depuis trente ans, pour une distance de 259,9 km.
(AFP)