Braquer les caméras du monde sur les plus grands skieurs, alors qu’ils rivalisent dans la descente avec en arrière-fond le Cervin, montagne légendaire s’il en est? Cette perspective a échauffé les esprits du monde du ski professionnel. Les critiques acerbes, y compris émanant de grands skieurs, ont plu sur la Fédération internationale de ski (FIS) qui ne s’est pas laissée démonter: la course de descente aura bien lieu, elle rejoint le calendrier de la Coup du monde, annonce la Fédération dans un communiqué de presse.
«À l’avenir, les courses sur le Cervin se dérouleront après l’ouverture de la Coupe du monde à Sölden en octobre/novembre». La nouvelle descente permet aux athlètes de vitesse de commencer la saison un mois plus tôt.
Urs Lehmann, président de Swiss-Ski, se réjouit de ce nouvel événement: «cette nouvelle course permet d’équilibrer les courses de vitesse et les courses techniques, ce qui est une préoccupation depuis des années.»
Bernhard Aregger, CEO de Swiss-Ski, ajoute: «Après la confirmation de la FIS, nous allons travailler d’arrache-pied pour que les premières courses au pied du Cervin puissent avoir lieu le plus rapidement possible. Nous sommes très enthousiastes à l’idée de faire de ce projet visionnaire et innovant une réalité.»
Avec le départ (Suisse) et l’arrivée (Italie) dans deux pays différents, la descente du Cervin sera la première course transfrontalière de l’histoire de la Coupe du monde de ski alpin. Le spectacle est garanti, au vu de la beauté du paysage et de la force symbolique du lieu.
Beaucoup de critiques pour la descente du Cervin
Mais dans le monde du ski, cette décision ne fait pas que des heureux. Parmi les principaux sceptiques, on trouve le géant italien de la vitesse Dominik Paris: «nous sommes toujours en train de discuter de la manière de rendre notre sport plus sûr. Je ne pense pas que commencer la Coupe du monde par une descente de deux minutes et demie à 4000 mètres d’altitude rende la Coupe du monde plus sûre.»
Le Schwyzois Urs Kryenbühl partage les doutes du triple vainqueur du Hahnenkamm: «Lors des entraînements sur glacier à Zermatt, on commence à être à bout de souffle avec un temps de course d’un peu plus d’une minute à cause de l’altitude. C’est pourquoi je n’arrive pas à imaginer comment nous pourrions maîtriser une distance beaucoup plus longue dans ces conditions.»
Beat Feuz, quadruple vainqueur de la Coupe du monde de descente, voit un autre problème. «À mon avis, il sera très difficile de trouver un jour de novembre où les conditions météorologiques resteront assez constantes tout au long de la journée. Il faut juste se rappeler qu’à cette altitude, même lorsque le temps est très beau, le vent joue un rôle. La course devrait être équitable pour tous les skieurs sur la ligne de départ…».
Quoi qu’ils en disent, la course aura bien lieu. La piste sera probablement testée en novembre 2022 avec des courses de la Coupe d’Europe avant de fêter sa première en Coupe du monde un an plus tard. (fmü/daj)