Pour la première fois de son histoire, l'Australie, double championne du monde (1991, 1999), a de grandes chances d'être éliminée dès les phases de groupes. Les Wallabies ont multiplié les contre-performances: défaite face aux Fidji (22-15) et surtout déroute historique contre le Pays de Galles (40-6).
Après la victoire anecdotique contre le Portugal (34-14) leur sort ne tient plus qu'à un miracle de ces mêmes Portugais contre les Fidji dimanche. «Il est temps de revoir complètement le rugby australien, sa gouvernance et l'ensemble du staff», balaie David Campese, l'ancien ailier star des années 80 et 90.
En 2003, à deux doigts d'être sacré à domicile, le pays avait pourtant profité du succès commercial et culturel de ce Mondial. La finale entre l'Australie et l'Angleterre à Sydney reste l'un des événements les plus regardés dans le pays depuis que les données ont commencé à être recueillies en 2001.
Eddie Jones critiqué
Vingt ans plus tard en France, Eddie Jones, le sélectionneur qui menait déjà les Wallabies en 2003 avant son départ en 2005, est au centre des critiques.
Le sélectionneur de 63 ans s'est retrouvé au coeur d'une controverse lorsque le journal The Sydney Morning Herald, a rapporté qu'il avait secrètement passé un entretien pour le poste de sélectionneur du Japon juste avant le Mondial. Des allégations que le sélectionneur dément.
Celui qui a remplacé le Néo-Zélandais Dave Rennie, limogé en janvier, a également essuyé des critiques pour n'avoir sélectionné que des jeunes joueurs et laissé au pays des cadres comme Michael Hooper ou Quade Cooper. Avec pour objectif avoué de préparer le Mondial 2027 organisé en Australie.
«Ce n'est pas juste les Wallabies qui doivent s'améliorer, c'est l'ensemble du système du rugby australien qui doit le faire», a estimé Eddie Jones. «Ce n'est pas une excuse mais nous devons faire une profonde introspection pour voir ce qu'on fait et comment nous pratiquons notre rugby. Je n'ai pas de doute sur ce que j'ai entrepris et même si cela paraît en désordre, je vous assure que ça ne l'est pas», a-t-il conclu.
Problèmes profonds
La débâcle australienne en France a mis en lumière des problèmes profonds comme le déclin de la pratique et la baisse de popularité du Super Rugby, la compétition opposant principalement des provinces néo-zélandaises et australiennes.
Dominés par les équipes néo-zélandaises, les Australiens n'ont pas remporté de titre depuis neuf ans, et leur plafond salarial est réduit par rapport au rugby à XIII et au football australien, les deux sports collectifs hégémoniques du pays.
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«Le rugby australien doit se concentrer en priorité sur le Super Rugby», a déclaré Warren Gatland, le sélectionneur du Pays de Galles, après la victoire contre les Wallabies. «Je ne suis pas sûr à 100 % de la direction que prend le rugby australien pour essayer de créer une continuité entre l'équipe nationale et les équipes de Super Rugby», a-t-il ajouté.
Changements structurels
Attirer et retenir des talents est un combat pour la fédération australienne, qui a même envisagé de revenir au statut amateur après avoir été durement touchée par la pandémie de Covid-19. «Nous avons besoin de fonds... pour garder les jeunes», avance l'ancien centre Tim Horan, présent lors des deux sacres de 1991 et 1999.
«Nous devons nous concentrer sur le fait de garder les enfants talentueux dans les écoles (de rugby), pour élargir notre base de joueurs et garder les meilleurs jeunes», a-t-il détaillé.
Hamish McLennan, le président de la Fédération, estime que la Coupe du monde en France a démontré que le rugby australien doit s'inspirer de pays comme l'Irlande avec un système centralisé, et d'en finir avec le modèle fédéré actuel, favorisé par l'étendue du territoire.
«En Australie, le rugby a un modèle très similaire à celui d'un gouvernement fédéral. Pour un sport, c'est inefficace», a-t-il déclaré à l'Australian Financial Review. «Nous parlons de changements structurels depuis plusieurs années. Nous devons saisir l'occasion et régler le problème une fois pour toutes.»