Pour Urs Kryenbühl, c'est une étape particulièrement difficile sur le chemin du retour au sommet du ski mondial qu'il affronte: sur son VTT, le Schwytzois est obligé de se surpasser sur les pentes extrêmement raides des montagnes tessinoises. «Je me porte très bien sur le plan de la santé, mais j'ai encore des lacunes sur celui de la condition physique», déclare le skieur suisse. Il rejoint toutefois l'arrivée à Tenero en même temps que ses coéquipiers Niels Hintermann et Lars Rösti, avant de s'offrir une petite pause sur les rives du Lac Majeur.
Mais sa montrée connectée trahit l'augmentation de son rythme cardiaque, au moment où nous lui montrons les images de sa terrible chute à l'arrivée de la descente de Kitzbühel, en janvier dernier. Elles affectent visiblement le skieur de 26 ans et il lui faut beaucoup de temps pour retrouver ses mots: «J'ai toujours cru que rien ne pouvait m'arriver si j'avais assez d'élan lors d'un saut. Mais peut-être que j'en ai eu trop dans ce cas-là.»
Souffrances prolongées à cause de l'avarice autrichienne
Urs Kryenbühl ne se souvient pas du moment qui a suivi sa chute. L'athlète d'Unteriberg s'est retrouvé amnésique pendant près de 45 minutes. «Ma mémoire n'est revenue que lorsqu'ils m'ont transporté à l'hôpital en Autriche», explique-t-il.
A nouveau lucide, Kryenbühl a immédiatement voulu contacter ses proches: «Au vu des circonstances, je voulais leur dire le plus rapidement possible que je me portais bien. Malheureusement, aucun membre du personnel de l'hôpital n'a voulu me prêter son téléphone portable, car téléphoner à l'étranger coûtait trop cher pour eux», se souvient-il. L'incertitude a donc duré bien plus longtemps que nécessaire pour ses proches. Sa petite amie a été la première à entendre la voix du miraculé: «Son numéro était l'un des rares que je connaissais par cœur», avoue-t-il.
Les mains curatives du beau-père
Depuis, le père de sa petite amie a joué un rôle très important dans la guérison d'Urs Kryenbühl. Il est naturopathe et a traité la déchirure des ligaments croisés et médians de son beau-fils sans chirurgie, en utilisant des méthodes alternatives. De toute évidence, avec succès. «Mon genou va vraiment très bien. La semaine dernière, j'ai joué au tennis pendant deux heures et je n'ai eu aucune sensation négative», rassure le Schwytzois.
Kryenbühl a ressorti les lattes à la mi-mars sur le domaine schwytois d'Hoch-Ybrig. Il est donc sur le chemin du retour, même si cela pose également la question du problème mental. A quel point appréhende-t-il son retour à Kitzbühel? «Je pense que je serai assez nerveux là-bas avant le premier entraînement. Néanmoins, l'attente prévaut, car je suis sûr que la Streif me convient vraiment», répond-il.
Après tout, Urs Kryenbühl a déjà prouvé une fois qu'il pouvait se réconcilier rapidement avec les endroits du cirque blanc où il a été malchanceux. «En 2015, j'ai également chuté très lourdement lors de la Coupe d'Europe à Sella Nevea, en Italie. Quatre ans plus tard, je suis retourné sur cette piste et j'étais extrêmement nerveux, avant de remporter la course. Je considère cela comme un bon présage pour mon retour à Kitzbühel», sourit le Schwytois.