Le monde s'est écroulé pour Jonas Soldini en 2020. À cause du Covid? Pas uniquement. Alors que le monde est à l’arrêt, ce Fribourgeois de 23 ans subit une crise profonde, passant d’une confiance technique et physique au sommet à des doutes insondables. «Jusque-là, je ne me prenais pas la tête», explique-t-il aujourd’hui, encore étonné par cette période de sa vie.
Sous le poids de son exigence, Jonas perd alors sa passion pour la course d’orientation. Le constat est difficile pour ce passionné: «Ce n’était plus le plaisir en premier lieu, je n’exprimais plus le meilleur de moi-même». Ses médailles des Championnats d’Europe juniors de 2018 et son état d’esprit «zéro pression, que du plaisir» semblent bien loin. Pourtant, après une année 2021 sans éclat, il se qualifie en 2022 pour deux championnats d’Europe: en course d’orientation, mais aussi en course de montagne, sa discipline actuelle. Depuis, Jonas n’a cessé de progresser. Son ambition est à la hauteur des montagnes qu’il gravit. Son jeune âge lui offre encore une belle marge de progression. Une pente ascendante qu’il entend poursuivre en tant que coureur de montagne.
Un parcours initié dès l’enfance
Enfant, Jonas s’essaie au football, comme ses frères, ainsi qu’au cirque, une activité où il développe sa coordination et son goût pour le dépassement de soi. Plus tard, dans le cadre scolaire, il découvre la course d’orientation, un sport alliant effort physique et réflexion. Il réalise un meilleur temps que des élèves plus âgés, une prouesse qu’il attribue à son frère aîné: «Il m’a inconsciemment motivé et transmis la passion pour le sport d’élite. Il jouait en équipe suisse de football juniors. Je me suis dit qu’on avait une bonne génétique dans la famille.»
Le Fribourgeois comprend vite que le physique ne suffit pas. À 16 ans, il participe à ses premiers Championnats d’Europe juniors et tire une leçon essentielle: «J’avais trop peu d’expérience avec les cartes». Déterminé à progresser, il part dix mois en Suède, pays réputé pour ses compétitions de course d’orientation. Là-bas, il développe non seulement ses compétences techniques, mais aussi une capacité à se recentrer. «Dans ce sport, il faut avoir confiance dans ses choix d’itinéraires et rester concentré sur soi», explique Jonas.
Des défis personnels et sportifs
Fin 2020, l'athlète met toute son énergie dans sa réhabilitation après une inflammation tendineuse. En 2021, les blessures enfin derrière lui, il peut se concentrer sur la performance. Mais la pression est forte. «À 14 ans, je rêvais d’entrer en équipe suisse. J’ai atteint cet objectif en entrant dans l’équipe nationale élite, mais je ne me suis qualifié nulle part», souffle-t-il. Parallèlement, il découvre la course de montagne, une discipline qui offre une nouvelle dimension à son parcours. «J’ai vu qu’il y avait des sélections pour des Championnats d’Europe. J’ai gagné chez les élites, donc j’ai été qualifié, mais tout a été annulé à cause du Covid.»
Ce revers le pousse à reconsidérer ses priorités. En 2022, après une analyse lucide de ses performances à la Coupe du Monde à Davos, il décide de se consacrer pleinement à la course de montagne. «La course d’orientation, c’est un sport de niche, une grande famille. Les coureurs sont humbles. Je retrouve un peu cet esprit dans la course de montagne.»
2023 comme année charnière
En 2023, Jonas relève un double défi: poursuivre sa carrière sportive et entamer des études de médecine. Pour cet amateur de challenges, c’est une épreuve supplémentaire qui nécessite une organisation sans faille. «La plus grosse difficulté, c’est de trouver l’équilibre entre l’entraînement, le sommeil, les études et la vie sociale», analyse le Fribourgeois qui s’efforce de prioriser intelligemment: «Je sentirais qu’il me manquerait quelque chose si je retirais un élément».
Malgré un quotidien chargé, Jonas maintient un haut niveau de performance. Il signe même des résultats impressionnants en 2024: 9e à l’European Athletics Championship Mountain Running, médaillé d’argent par équipe, et vainqueur de la course Montreux-Les Rochers de Naye. À cela s’ajoutent des podiums aux World Series en Californie.
Un soutien indéfectible
Jonas bénéficie de partenariats solides avec Salomon et l’armée suisse, où il a effectué son service militaire comme sportif d’élite. «Les aides financières et les bonus de résultats nous motivent à pousser nos limites», explique-t-il, reconnaissant pour ces aides. En parallèle, il s’appuie sur sa famille, «proche et soutenante», qu’il qualifie de «pilier essentiel» à son équilibre. Ce soutien moral se conjugue avec l’appui de ses entraîneurs et d’un coach mental, indispensables à sa progression.
Pour les années à venir, Jonas nourrit des ambitions élevées. Le Fribourgeois espère en effet participer à un semi-marathon ou un marathon en Championnat d’Europe, tout en continuant à repousser ses limites en course de montagne. En parallèle, il envisage sa future carrière médicale avec une philosophie claire: «Ce n’est pas seulement les bonnes notes qui font un bon médecin, mais aussi le développement d’un côté social et humain.» Cette approche illustre une maturité et une vision équilibrée qui s’appliquent à tous les aspects de sa vie.
Jonas Soldini continue d’avancer, à la fois en montagne et dans la vie, porté par son travail acharné, ses valeurs et une quête incessante d’excellence.