«Je suis enfin ressorti de ma zone de confort», lâche le médaillé de bronze des Jeux de Tokyo, toujours en quête de la limite qualificative pour Paris sur 200 m 4 nages (1'57''94). Le Genevois a retrouvé le plaisir de «se mettre à la cave», explique-t-il dans un entretien accordé à Keystone-ATS. «J'ai vécu un long stage atroce il y a un mois à Ténérife. J'avais du poids à perdre tout en devant livrer de très gros entraînements. Et en perdant du poids, on manque d'énergie», explique-t-il.
«Le travail a été très bien fait. Ca faisait un moment que je n'avais pas travaillé aussi dur, aussi bien, que je n'en avais pas autant bavé. Ca m'a rappelé de bons souvenirs», poursuit le double médaillé européen (or en 2018, argent en 2021), qui a perdu cinq kilos en deux semaines pour retrouver son poids de forme.
«Quand j'avais 14 ans, mon coach m'avait appris une règle essentielle, alors que je m'amusais dans l'eau avec mes camarades d'entraînement: 'quand tu rigoles à l'entraînement, tu en baves en compétition. Mais quand tu en baves à l'entraînement, ça rigole en compétition'. Le petit Jérémy l'avait vite compris», raconte-t-il.
Crise de confiance
Les entraînements n'étaient-ils donc pas assez durs sous la férule de l'exigeant Philippe Lucas, qu'il a quitté fin 2023 après deux ans à Martigues? «Le problème, c'est que j'avais besoin de prendre confiance en réussissant de bons chronos à l'entraînement. Du coup je ne m'entraînais pas à 100% sans arrière-pensée», glisse-t-il.
«Je donnais 99% à l'entraînement, et cela ne suffisait pas pour être performant en compétition. Alors qu'avant, je pouvais réussir des chronos minables une semaine à peine avant une grande compétition sans que cela m'inquiète», rappelle le vice-champion du monde 2019.
«J'avais essayé d'être plus relâché à l'entraînement, mais le résultat était le même au final. J'aurais dû accepter de me mettre à la cave. Mais, après Tokyo, cela me semblait difficilement concevable de témoigner d'une telle rigueur pendant deux ou trois ans» dans l'optique des Jeux de Paris, avoue-t-il.
«J'ai un appétit démesuré»
«C'est dur de me restreindre sur la nourriture. J'ai un appétit démesuré», rigole le Genevois. «Je me suis remis à fond dans la micronutrition et la diététique en mars. C'est vraiment dur de résister ces temps-ci avec l'énergie que je dépense. Mais je me permets quand même de temps en temps une folie», sourit-il.
A Belgrade, où le 200 m 4 nages est prévu les 22 (séries et demi-finales) et 23 juin (finale), son objectif no 1 est bien sûr cette fameuse limite, qu'il avait ratée pour 0''06 lors des Mondiaux 2023 et pour 0''23 lors des Mondiaux 2024 à Doha en février. «Je veux aussi retrouver de bonnes sensations dans l'eau», glisse-t-il.
«J'espère retrouver une stratégie plus lucide afin de pouvoir lâcher les chevaux en finale. A Fukuoka et Doha (réd: théâtres des Mondiaux 2023 et 2024), je manquais de confiance et ne savais pas si je tiendrais trois courses. J'avais tout donné dès les séries», signant à chaque fois son meilleur temps avant d'échouer en demi-finales.
A Belgrade pour une place aux JO
«C'était frustrant. Mais j'ai pris mon mal en patience. Et je me suis préparé pour ces Européens comme si c'était ma dernière chance. Même si je sais que j'irai aux Jeux, que ce soit comme relayeur du 4x100 m 4 nages ou grâce à une invitation en raison de mon chrono (réd: même si cette dernière option est peu probable), mon ego a besoin que je réussisse cette limite», souligne-t-il.
«Tout sera plus simple une fois que je serai repassé sous les 1'58», assure Jérémy Desplanches, qui n'a pas nagé sous les 1'58 depuis la finale à Tokyo (1'56''17, son record de Suisse). Se voit-il sur le podium à Belgrade ? «Ca serait bien sûr génial de gagner une médaille. Mais j'ai surtout Paris dans le viseur», conclut-il.