Mujinga Kambundji vit à 100 km/h. Rien d’étonnant pour la Bernoise qui compte parmi les meilleures sprinteuses de la planète. Mais lorsqu’elle a besoin de respirer, elle se réfugie dans une vieille ferme à Seftigen, au-dessus de Thoune. C’est là qu’habite Hanny, la grand-mère Kambundji. Ici, l’entraînement, la pression et le stress ne franchissent pas le pas de la porte.
La famille se livre à quelques rituels immuables dans l’Oberland bernois. L’un d’eux: préparer les biscuits de Noël, les fameux «Güetzele». Chaque année l’enthousiasme est au rendez-vous. «Les exigences de qualité sont très élevées dans cette maison», s’amuse Mujinga. Avec sa sœur Muswama, elle examine de très près les biscuits découpés. «Si la forme ne convient pas, nous les retirons de la plaque. Nous ne pouvons pas tout laisser passer.»
La ferme de «Grosi Hanny» est aussi le lieu de ralliement à Noël. Le 25 décembre, la famille de Ruth, la mère de Mujinga, se retrouve ici avec «oncles, tantes, cousins et cousines». Munjinga Kambundji précise que le repas de cette année est composé d’un filet de poisson. «D’habitude, c’est une grande fête. Malheureusement, à cause de Covid, cette année, ce sera en plus petit comité.»
La veille de Noël, on mange africain
La veille, le cadre est plus intime. «Le 24 au soir, nous sommes à la maison chez nos parents.» Les quatre sœurs Kambundji, Kaluanda, Mujinga, Muswama et Ditaji (elle aussi athlète de haut niveau) sont présentes, entourées du papa Safuka, de la maman Ruth et d’une tante. «Il y a deux invités supplémentaires cette année parce que Kaluanda vient avec son mari et leur bébé.» Le menu est «plutôt africain»: légumes, poulet à la sauce aux champignons et banane plantain. Un Noël en toute simplicité. «On aide pour les préparatifs, on décore peut-être le sapin et on reprend des chants de Noël traditionnels après le repas. C’est une soirée agréable.»
Une année 2021 mouvementée
C’est rare que Mujinga Kambundji puisse se laisser aller. 2021 a été une année folle. «Les débuts ont été difficiles», se souvient la Bernoise. Il y a tout juste 12 mois, son pied a soudainement craqué à l’entraînement. Diagnostique? Fracture! Au repos forcé, elle a ensuite couru au meilleur de sa forme. Sa saison en salle est tombée à l’eau avant même d’avoir commencé.
Ce n’est qu’en mai qu’elle a pu disputer sa première course. C’est le tournant pour elle et tout s’est enchaîné. «Une de meilleures saisons de ma vie» résume-t-elle avec satisfaction. Aux Jeux olympiques de Tokyo, la Suissesse est intenable. Elle se classe 6e sur 100 m, 7e sur 200 m, et 4e avec le relais 4x100 m. Trois courses, trois qualifications en finale olympique dans le sport numéro un des JO: l’athlétisme.
À la lutte avec les meilleures sprinteuses du monde, Mujinga Kambundji a aussi affolé les chronos, en descendant sept fois sous les 11 secondes sur 100 mètres. Le fait que sa petite sœur Ditaji (19 ans) se soit également qualifiée pour les Jeux sur 100 m haies a rendu ces joutes de Tokyo encore plus spéciales pour la famille.
Mamie Hanny est fière
De retour dans la ferme bernoise, Mamie Hanny se souvient d’une fillette «toujours un peu en tête en l’air». «Mais, Mujinga a toujours été une brave fille», sourit-elle. Et aujourd’hui? «Elle est devenue une belle jeune femme, appuie la grand-mère. Je suis fière d’elle.»
Une fierté qui ne devrait pas s’effacer de sitôt. La sprinteuse, qui aura 30 ans en juin, a de grands objectifs en 2022. Trois temps forts sont au programme: les Mondiaux en salle dès le mois de mars à Belgrade, puis les championnats du monde en juillet aux États-Unis et les championnats d’Europe en août à Munich. «J’apprends encore chaque année, se projette Mujinga Kambundji. Je suis devenue très stable au niveau de mes performances. Mais j’espère que mon niveau sera encore plus élevé l’année prochaine!»
(Adaptation par Ugo Curty)