Jérémy Desplanches «vit pratiquement dans une piscine» depuis son arrivée au Japon pour les Jeux olympiques. Nager, voilà tout ce qui compte pour le nageur suisse d'envergure mondiale, qui se prépare avec assiduité, fermement décidé à écrire une nouvelle page de l'histoire de la natation suisse. Il vit pratiquement confiné entre la piscine du camp d'entraînement et sa chambre d'hôtel.
Ce sera un confinement plus propice à sa préparation physique que celui du printemps 2020, qu'il a passé à Nice avec sa petite amie Charlotte Bonnet, nageuse française de haut niveau.
«Elle cuisinait, je jouais des jeux vidéo, on jouait beaucoup au Monopoly. Pendant deux mois, il n'y avait rien à faire. À un moment donné, nous avons même arrêté de consulter les informations. C'était très bien.»
Un mois de réadaptation après le confinement
Durant ces deux mois de confinement, le médaillé d'argent aux Championnats du monde sur 200 m quatre nages n'a pas pu se rendre en piscine. Ses muscles ont beaucoup régressé. «Il m'a fallu un mois d'entraînement intensif pour pouvoir à nouveau travailler correctement».
Si les étoiles s'alignent, le grand jour de Jérémy Desplanches devrait arriver le 30 juillet, jour de la finale du 200 m quatre nages, sa spécialité dans laquelle il a été champion d'Europe en 2018 et vice-champion du monde en 2019, devenant ainsi le premier nageur suisse à terminer sur un podium de championnat du monde depuis Dano Halsall en 1986. La récompense d'un travail acharné et du risque qu'il a pris il y a sept ans, lorsqu'il a tout quitté pour devenir nageur professionnel et s'est installé à Nice pour s'entraîner dans les meilleures conditions avec l'entraîneur à succès Fabrice Pellerin.
«J'ai été suis plus rapide que lorsque j'ai remporté le titre en 2018»
Signe de ses rêves de grandeur, Jérémy Desplanches a été déçu de sa médaille d'agent aux Championnats d'Europe en mai 2020. «Cela m'a un peu rongé au début. Mais en y regardant à tête reposée, je peux être satisfait de ma performance, j'ai été plus rapide que lors de ma victoire aux championnats d'Europe en 2018.»
Le Genevois affirme qu'il a également beaucoup appris ce jour-là. «Je n'avais pas réalisé à quel point il est difficile d'aborder une course en tant que champion en titre», admet-il. «Vous avez soudainement une cible dans le dos, vous êtes le gars que tout le monde veut battre. C'est dur et ça m'est venu soudainement sur le bloc de départ avant la course».
Respect pour Phelps et Federer
Jérémy Desplanches s'est préparé psychologiquement aux défis qui l'attendent. «Il faut sans cesse se remettre en question. Passé un certain niveau, tu plafonnes. Un médaillé d'or olympique qui gagne une nouvelle fois de l'or ne s'est pas amélioré, il a juste prouvé qu'il était toujours aussi bon. En revanche, s'il gagne l'argent, il a reculé d'un pas.»
Il voue dès lors une admiration sans borne pour Michael Phelps, 23 fois champion olympique: «Gagner dans la même discipline à quatre Jeux olympiques d'affilée comme il l'a fait, c'est fantastique». Phelps et des athlètes comme Roger Federer, qui parviennent à se surpasser au fil des ans, «sont incroyables. Ils ont mon plus grand respect.»
«Tout est possible»
Jérémy Desplanches n'est pas au niveau du défunt Michael Phelps. Mais il nourrit d'ambitieux objectifs, même s'il refuse d'en parler explicitement. «Nous sommes 13, 14 nageurs à pouvoir aller en finale. C'est pourquoi il faut d'abord se qualifier. Et alors tout est possible.»
On lira néanmoins entre les lignes que Jérémy Desplanches veut se hisser sur le podium, et écrire alors une nouvelle page de l'histoire olympique suisse. En effet, il s'agirait de la première médaille olympique pour un nageur suisse depuis 1984, lorsqu'Etienne Dagon a remporté le bronze sur 200 mètres, et de la deuxième médaille de natation suisse aux Jeux d'été.