La peur après son accident?
La perchiste Angelica Moser s'envole à nouveau

Quelques semaines après sa terrible chute, la perchiste Angelica Moser reprend son envol à l'entraînement. A-t-elle déjà surmonté sa peur?
Publié: 08.11.2021 à 15:56 heures
La perchiste Angelica Moser a connu des mois difficiles.
Photo: keystone-sda.ch
Emanuel Gisi

C'est le cauchemar de tout perchiste: la chute. Un événement arrivé à Angelica Moser, le 10 août dernier. Après sa grande déception des Jeux olympiques de Tokyo, où elle a manqué la finale, la Zurichoise a fait le plein d'énergie et a immédiatement repris l'entraînement. Et soudain, le drame: lors d'un saut à l'entraînement, sa perche s'est cassée en deux, Angelica Moser s'est écrasée, a atterri à côté du tapis et a terminé à l'hôpital avec de graves blessures, la partie inférieure de la perche l'ayant frappée de plein fouet. Le diagnostic est le suivant: ecchymose dans le dos, fibres musculaires déchirées, petit pneumothorax.

Et pourtant, Angelica Moser a eu de la chance: en comparaison avec son amie autrichienne Kira Grünberg, paraplégique depuis une chute similaire à l'entraînement en 2015, elle s'en sort avec une petite frayeur. Mais elle a des douleurs infernales, même après être sortie de l'hôpital. «Au tout début, je pouvais à peine me tenir debout, j'avais des problèmes de circulation. À chaque fois, je réussissais à peine à atteindre la cuisine, et mes yeux devenaient noirs, raconte la Saint-Galloise. Ça ne s'est vraiment pas bien passé pour moi. J'ai été ralentie, passant d'une forme physique optimale à zéro.»

«Le but était d'abord de retrouver la routine quotidienne»

Quelques jours après les Jeux olympiques, où celle qui dominait chez les juniors voulait prouver une nouvelle fois son énorme potentiel chez les adultes après avoir remporté l'or aux Championnats d'Europe en salle à Torun (Pologne) au printemps, elle a dégringolé. Au lieu de se concentrer sur la dernière ligne droite de la saison, elle s'est retrouvée à l'hôpital. Les priorités ont rapidement changé. «Le but était avant tout de retrouver la routine quotidienne, explique Angelica Moser. Et ensuite de retourner à l'entraînement.»

Aujourd'hui encore, ce n'est pas si simple. «Il y a des hauts et des bas, raconte-t-elle, ce n'est pas comme si tout allait bien à nouveau. C'est toujours un problème.» Dans les premières semaines qui suivent l'accident, elle apprend une activité qui lui est depuis longtemps étrangère: ne rien faire. «La dernière fois que je n'ai rien fait, c'était avant que je commence le sport.»

Promenades de grand-mère et entraînement de la mémoire

Mais Angelica Moser n'est pas restée hors du tartan plus longtemps que nécessaire. «Dès que j'ai pu faire de l'exercice, je l'ai fait. J'étais tellement heureuse de pouvoir à nouveau me promener - même si c'était des promenades de grand-mère». Egalement au programme: thérapie respiratoire et entraînement de la mémoire. «Je suis tombée sur la tête», rappelle-t-elle en riant.

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Le sourire est revenu sur le visage d'Angelica Moser.
Photo: PHILIPP SCHMIDLI | Fotografie

Il y a quelques jours, le premier véritable rayon d'espoir est apparu: Angelica Moser a osé sauter de nouveau pour la première fois depuis sa chute. «Ce ne sont que de petits sauts, précise-t-elle toutefois. Ce sont les premières approches: l'élan est encore court et les barres molles.»

La peur s'envole-t-elle?

Et pourtant, c'est remarquable. S'accrocher à nouveau complètement à la perche, qu'elle se plie complètement et la catapulte dans les airs - cela ne peut être fait que par quelqu'un qui a une confiance totale dans son matériel. La peur habite-t-elle la Saint-Galloise après un accident comme le sien? Angelica Moser réfléchit un instant, puis rit: «Non, pas du tout jusqu'à présent. Mais on me demande constamment si j'ai peur de sauter à nouveau. Certaines personnes m'ont même demandé si je reviendrais un jour. Cela n'a jamais été une question pour moi.»

Mais Angelica Moser n'est pas encore prête à faire le(s) grand(s) saut(s). Peut-être que tout changera lorsqu'elle passera de nouveau la barre des quatre mètres. «On me demande souvent si j'aimerais travailler avec un psychologue après l'accident pour arriver à tout accepter. Je ne le fais pas pour l'instant. Je ne pense pas avoir de problème. Cependant, s'il y en a un, je sais à qui m'adresser.»

Et pourtant, on ne sait pas du tout ce qui va se passer ensuite. Angelica Moser ne sait pas encore si elle participera à la saison en salle. Désormais, il lui faut tout réapprendre étape après étape.

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