Les membres de l’équipage Alinghi Red Bull Racing ont deux points communs: ils sont suisses, et ils sont jeunes. Voire très jeunes. La moyenne d’âge des marins est de 30,6 ans. Une dizaine d’années de moins que l’équipe qui avait remporté la 32e Coupe de l’America pour Alinghi.
En 2007, Maxime Bachelin et Nicolas Rolaz avaient respectivement 9 et 7 ans. Les deux Vaudois se rappellent pourtant bien de l’engouement autour de l’équipage du skipper néo-zélandais Brad Butterworth. Quinze ans après, ils se préparent pour la prochaine Coupe de l'America en automne 2024 à Barcelone.
«Ce dont je me souviens, c’est que c’était une grosse équipe qui avait ramené la coupe en Europe, nous raconte Maxime Bachelin. C’était quelque chose d’incroyable pour la Suisse.» Le plus jeune membre du «driving group» (les marins qui pilotent le bateau) de l’équipe d’Alinghi Red Bull Racing a commencé la voile à l’âge de 8 ans, soit une année avant le deuxième sacre de l’équipage d’Ernesto Bertarelli.
«Un rêve qui devient réalité»
«C’était mes premiers jours en petit bateau, en optimiste, précise le marin d’Éclépens. Depuis ce jour-là, je l’ai toujours pratiqué à fond. À mes yeux, ça a toujours été l’équipe la plus forte de Suisse et c’était un but à atteindre.» En plus de son envie d’un jour régater sous les voiles d’Alinghi, Maxime Bachelin peut se targuer d’avoir un excellent CV pour son jeune âge. Champion suisse en 420, il a également terminé 7e des Européens et 10e des Mondiaux dans cette catégorie.
Mais qu’est-ce que cela lui fait de représenter les couleurs d’Alinghi, onze ans après la dernière Coupe de l’America pour la formation suisse? «C’est un rêve qui devient réalité, répond le Vaudois. C’est également un objectif incroyable qui a été accompli. Je me réjouis de pouvoir performer au mieux dans cette équipe.»
Nicolas Rolaz, le benjamin de l’équipage
Malgré son jeune âge et son statut de plus jeune du «driving group», Maxime Bachelin n’est pas le benjamin de l’équipe Alinghi Red Bull Racing. Cet honneur revient à Nicolas Rolaz, né le 19 septembre 1999. Il n’avait donc que 7 ans lorsqu’Alinghi a remporté sa deuxième aiguière d’argent en juin 2007.
«Je me souviens de la regarder avec mes parents, à la télé, évoque Nicolas Rolaz. Et d’en parler, beaucoup. On a toujours discuté d’Alinghi à la maison car mon papa faisait de la voile.» Dans une famille de passionnés, il est donc bien normal que l’athlète de Gilly (VD) commence à naviguer dès son plus jeune âge. Et à la même époque que le deuxième sacre d’Alinghi.
«J’ai débuté la voile à peu près au même moment et on nous disait au club: 'C’est possible d’être suisse et de gagner une des plus grandes coupes qui existent.' Ça m’a poussé.» Et le jeune Nicolas Rolaz a également déjà un beau palmarès. Champion du monde junior, il a également gagné en coupe d’Europe sur Laser et a plus de 50 podiums depuis qu’il a commencé à naviguer.
«J’ai envie de garder la tête froide»
En 2021, le Gilliéron avait entamé une préparation en vue des Jeux olympiques 2024, à Paris. Avant d’être recruté par Alinghi. «C’est énorme. Jamais je n’aurais osé imaginer que ça vienne aussi rapidement», souffle le jeune homme de 22 ans. Il précise également que, pour le moment, il a de la peine à réaliser ce qu’il a accompli. «Et je ne prends pas le temps de le faire car j’ai envie de rester concentré. Et de garder la tête froide pour tous mes amis qui n’ont pas été sélectionnés.»
Des sélections qui ont d’ailleurs été très difficiles pour atteindre le Graal en soulignant que, «le plus dur, c’était mentalement». Après des années d’absence, la voile d’Alinghi flottera à nouveau lors de la plus ancienne compétition sportive du monde avec, à bord de l’AC75, le jeune Maxime Bachelin.
«Après la défaite en 2010, c’était dur pour tous les fans, se rappelle-t-il. On se disait qu’il n’y aurait pas tout de suite ou de retour, puisque les bateaux choisis ne correspondaient pas à ce que l’équipe voulait. Mais ça fait dix ans et je pense que ça tracassait Ernesto (ndlr: Bertarelli). Je ne sais pas si j’y croyais vraiment mais maintenant, c’est là, et c’est incroyable.»
Maxime Bachelin et les 13 autres marins d’Alinghi Red Bull Racing porteront fièrement les couleurs de la Suisse en 2024, comme leurs prédécesseurs de 2003 et 2007. L’équipage mettra les voiles pour Barcelone d’ici la fin de l’année.